La requête d'Edelwen (pv : Elgonor)

HJ : Dites-moi si mon sujet est au mauvais endroit ^^'

Edelwen était furieuse. Elle n'avait pas pu assister à la bataille. Ses ennemis avaient bien tenu parole envers son père, ils avaient su la ramener auprès de lui et l'y faire rester. A présent, elle parcourait les couloir jusqu'aux appartements du roi de la Foudre. Malgré sa colère, la jeune princesse avait renoncé à s'énerver contre son père. Il ne comprenait rien alors il était inutile de se fatiguer. Mais quelque chose préoccupait Edelwen et elle devait absolument allait parler à son père. Elle frappa donc à la lourde porte des appartements de celui-ci et la porte s'ouvrit. La jeune fille tenta de garder son calme lorsqu'elle pénétra à l'interieur et de ne pas s'agiter.

- Bonjour père.

Commença-t-elle par dire calmement. Elle pensait que son père accederait mieux à sa requête si elle restait correcte et si elle ne s'agitait pas.

Le conseil était terminé, nous n'étions pas encore parti, car il nous fallait assister au discours impérial. Mon épouse était dans la chambre voisine, elle se reposait, encore fatiguée par sa maladie. J'avais beaucoup de peine de la voir dans cet état et je savais que moi-même n'y pourrais rien. Il fallait attendre que le corps lutte de lui même nous disait les médecins.
Après le conseil, donc, j'avais demandé à être seul. En vérité, je me sentais fautif d'avoir soutenu l'Empereur des Ténèbres ; j'avais auparavant juré neutralité et en lui accordant ma confiance et mon Diamant, je craignais qu'il nous trompe tous et qu'il se serve de ses pouvoirs pour réduire à néant ses anciens adversaires. En vérité, il ne savait quels étaient les désirs de l'ennemi du Bien ; il voulait le pouvoir ; maintenant qu'il l'avait, que ferait-il ? Darkhell n'était pas quelqu'un de capricieux ; s'il voulait le pouvoir c'était pour mieux contrôler et ainsi mieux faire le Mal.
Alors que je commençais à ronger mes ongles, ma fille entra. Je sursautai et me tournai vers elle. J'espère qu'elle ne m'avais pas vu bondir d'effroi à sa venue.

-Edelwen ! Ma fille ! Que fais tu là ?

Je me levai et allai à sa rencontre pour la faire s'asseoir sur l'un des fauteuil de ma chambre.

-Que je suis content de te voir là.

Il l'enlaça et lui embrassa le front en plaquant ses deux mains sur ses tempes. Puis, il se précipita sur un flacon qu'il déboucha en prenant deux verres.

-Veux-tu à boire ma princesse ?

Pauvre roi que j'étais, je devais faire peine à voir en m'agitant dans tous les sens, les yeux tirés et les cernes bien dessinées.

La princesse fut surprise de voir son père s'agiter ainsi. Elle voyait bien qu'il était tourmenté, son visage était fatigué, ses traits étaient tirés et son agitation prouvé un désordre moral. Elle s'assit là où son père la plaça et l'observa faire. Elle savait que la maladie de sa mère peinait son père mais elle était sûre au fond d'elle même que c'était autre chose qui le tracassait. Le roi de la Foudre s'empara de deux verres et proposa à boire à sa fille.

- Oui, je veux bien merci.

Répondit la jeune fille en souriant. Edelwen s'inquiétait un peu pour son père. Il se laissait entraînait par le maître des Ténèbres et il semblait anxieux. A part pour sa mère, la princesse ne l'avait jamais vu anxieux, il avait toujours été calme et plein d'assurance en raison du fait qu'il ne prenait part à aucune guerre.

- Est-ce que tout va bien ?

J'étais en train de remplir le verre et le tendit à ma fille quand celle-ci me demanda si tout allait bien. Je restai silencieux, un peu surpris de sa question et me mit à rire ; rire jaune bien entendu.

-Et voyons ma fille ! Pourquoi ça n'irait pas ? C'est la paix !

Et comme pour essayer de croire à mes propres mensonges, je bus d'un trait ma boisson. Après avoir reposée mon verre bruyamment sur la petite table, je souris et vint m'asseoir en face de mon enfant.

-Notre empereur va délivrer d'ici quelques instants son discours, nous devrions y assister qu'en dis-tu ? On peut le voir par la boule de cristal géante dans la salle d'à côté, ou encore mieux, aller dans les tribunes officielles. On retrouvera tous nos amis. Je n'ai plus vu Alia depuis des mois ; ce sera une occasion rare que de pouvoir discuter avec elle, non ?

J'esperais une réponse de ma fille, sans vouloir un oui ou un non. Ce qui me fallait c'était entendre sa voix qui me rappelait celui de ma chère épouse, de sa mère.

Edelwen n'avait toujours pas touché à son verre. Je le fixai avec des yeux écarquillés, comme s'il fallait à tout prix qu'elle boive, pour mon simple plaisir. Je devais avoir l'air d'un fou ; mais je ne m'en rendais même pas compte. Ne croyez pas que j'eusse été drogué, pas le moins du monde ; la cause de mon état d'esprit actuel était due à ces dernières péripéties à la fois incroyables et folles. Qui avait pu prédire cela ? Que penserait le peuple face à cette situation alors qu'on comptait plusieurs millions de mort depuis ces quinze dernières années ? S'il se révoltait ? Que penserait les habitants du pays de Volt de la posture de leur souverain ? Toutes ces questions hantaient ma tête et résonnaient en moi comme le son d'une cloche.

Edelwen se rendit bien compte que son père voulait cacher que ça n'allait pas et ce qui n'allait pas. la princesse n'insista pas. Elle comprit aussi que son père voulait qu'elle boive, elle prit donc le verre et en bu quelques gorgées, puis elle le reposa sur la table. Voir et entendre l'un de ses pires ennemis parler ne la tentait pas vraiment, mais ce n'est pas ce qu'elle dit à son père :

- Revoir Alia me ferait vraiment plaisir. C'est quelqu'un de vraiment très bien tu sais, et j'ai beaucoup d'admiration pour elle. J'espère qu'un jour je serai comme elle.

En parlant, la jeune fille sourit. Elle avait toujours eu beaucoup d'admiration pour l'Elue du Bien, raison pour laquelle elle l'avait très souvent suivie, au grand dam de celle-ci qui tentait de la protéger. Puis la jeune fille se rappela pourquoi elle était venue et elle se décida à parler de ce qui l'amenait à son père.

- Père, j'ai entendu dire que l'Empereur allait libérer tous les prisonniers de l'Inquisition, j'aimerai savoir si l'un d'eux, qui est un ami, a été libéré et où il se trouve en ce moment. Il s'appelle Munto Falmera, tu en as entendu parlé ?

La jeune fille afficha une lueur d'espoir dans son regard. Elle espérait que son père pourrait la renseigner. Elle l'espérait de tout son coeur.

Un sourire fendit mon visage lorsque ma fille bu son verre. C'était signe qu'elle allait bien. Enfin une bonne chose ! Je pu alors me renfoncer dans mon siège et cligner des yeux qui étaient restés écarquillés un peu trop longtemps. Je retrouvai une mine plus certaine et surtout moins loufoque. On aurait presque dit que j'étais roi.

-Alia est quelqu'un de bien ; être comme elle est quelque chose de difficile ; c'est presque un idéal. Il faut avoir des modèles dans sa vie, mais le plus important, ma fille, c'est de construire la sienne et de parvenir à ses objectifs.

Avais-je déclaré à Edelwen lorsqu'elle me parla de l'Elue du Bien. Je plaignait parfois cette pauvre enfant qui devait combattre les pires maux pour le bien collectif des Télaniens ; comment pouvait-être survivre ? Pour moi, c'était impossible. Je n'osai imaginer ma pauvre fille dans ce rôle si ardu. C'est alors que le sujet changea complètement ; on me parla de l'inquisition. Je regardai mon enfant surpris et me demanda bien pourquoi elle me demandait ça subitement ?

-Mais qui est-ce ce Munto ? Tu ne m'en as jamais parlé ? Tu l'as rencontré où ? Il est gentil avec toi j'espère.

Sans répondre à sa question, j'en posai déjà d'autres pour tout savoir sur ce jeune homme. Il ne me vint même pas à l'idée de savoir pourquoi il s'était fait arrêter puisque je voulais simplement en savoir plus sur les fréquentations de ma fille.

Tout à coup la princesse de la Foudre se retrouva noyée sous les question. Son père se comportait à cet instant comme un vrai papa poule. Il est vrai que c'était la première fois qu'Edelwen parlait de ses fréquentations à son père et plus précisément d'un garçon. La jeune fille retint la gêne qui montait à ses joues et tenta de répondre aux questions de son père.

- Euh eh bien, je l'ai rencontré par hasard alors que je m'enfuyais et il m'a proposé son aide. C'est un jeune homme très gentil et je lui dois beaucoup. il m'a protégé pendant un long voyage, jusqu'à ce que nous soyons arrêtés par l'Inquisition. Je l'ai rencontré au royaume du feu. C'est vrai que ça ne fait pas très longtemps qu'on se connait, mais comme je te l'ai dit je lui dois beaucoup. Pour moi, c'est un ami.

Elle espérait l'avoir convaincu. Edelwen se mit soudain à douter de sa requête. Qu'est-ce que son père allait faire maintenant ? Les mains de la jeune fille se crispèrent, elle n'avait plus l'assurance qu'elle avait en entrant dans la chambre de son père.

Les réponses de ma fille ne me déplurent pas mais je n'étais pas encore satisfait de toute ma curiosité. Il fallait que j'obtienne encore plus d'information sur ce jeune homme. Mais avant cela, je ne put m'empêcher de féliciter l'Inquisition :

-Heureusement que l'Inquisition t'avait retrouvée ; ta mère et moi étions fous d'inquiétude.

Après un heureux soupire, je repassai à l'interrogatoire :

-Ce n'est qu'un ami ? Et il a quel âge ? Est-il du Royaume de la Foudre ? J'espère qu'il ne t'a rien demandé de déplaisant et qu'il se montre courtois avec toi.

Aah, la courtoisie ; être prévenant envers les femmes ; c'était une des valeurs à laquelle j'étais le plus attaché. C'était d'ailleurs un atout qu'on me vantait et qui me mettait souvent mal à l'aise.

-Et d'ailleurs pourquoi lui étais recherché par l'Inquisition ? C'est un bandit ? Serais-tu ami avec des hors la loi ?

Cette question avait jailli de ma gorge, marquée d'inquiétude et non de violence, comme si l'on m'avait annoncé la mort de quelqu'un.

Edelwen fit la moue quand son père félicita l'Inquisition. Franchement, elle ne voyait pas comment on pouvait être reconnaissant envers eux.

- Figure-toi que quand ils nous ont arrêté j'étais en chemin pour rentrer.

Puis elle soupira, elle n'était pas sortie de l'auberge avec son père. Mais cependant elle prit patiemment le temps de lui expliquer et de lui répondre.

-Bien sûr que ce n'est qu'un ami. Il a dix-sept ans je crois. Non il n'est pas du royaume de la Foudre, il est du royaume du Feu. Il ne m'a rien demandé et s'est montré très courtois, si tu en veux la preuve, quand on est arrivé dans un endroit où il pleuvait des cordes il m'a galamment donné son manteau pour que je n'attrape pas froid.

La princesse pensait enfin s'en être sortie de toutes ces questions, mais voilà que son père se mettait à l'interroger sur les raisons de l'arrestation.

- Père, tu t'inquiètes trop, vraiment. je ne suis pas une petite fille fragile et sans défense. Et je ne fréquente pas des hors-la-loi. La seule faute de Munto était d'être du Bien et de se battre contre le Mal, et tu sais bien que Darkhell a fait arrêté touts ceux qui se battaient contre lui. C'est simplement un guerrier qui défend des idéaux opposés à ceux de l'Empereur des ténèbres. C'est tout. Si ça avait était quelqu'un de mauvais, crois-moi que je ne chercherai pas à le retrouver.

Au fur et à mesure que ma fille parlait de l'Empereur, mes angoisses ne cessaient de revenir. J'espérais que cela se termine vite et que tout redeviendrait comme avant la guerre ; période paisible et calme durant laquelle chacun s'occupait de soi-même. Il fallut qu'un conflit éclate et que tout cela ne débouche qu'en massacres et meurtres. Je soupirai une nouvelle fois et fermai les yeux le temps d'effacer ses mauvaises pensées.

-J'espère que tout cela sera fini. Comme j'aurais voulu naître à une autre époque...

Je me levai et me servit à nouveau à boire, sans en proposer cette fois-ci à ma princesse. De nouveau à ma place, je la fixai des yeux et souris paternellement :

-Il m'a l'air charmant garçon. J'espère un jour le rencontrer. Enfin s'il a été libéré parce que vu qu'il a été arrêté par l'inquisition, on ne peut même pas savoir ce qu'il est devenu.

Mon regard tomba sur le fond de mon verre dans lequel un moucheron était tombé. Il s'agitait, sur le dos, coincé dans le fond de boisson qu'il me restait. Elle me faisait penser à moi qui me noyait dans mes propres soucis et la mélancolie. Je la pris entre mes gros doigts et la déposa gentiment sur l'accoudoir en bois de mon fauteuil. La petite bête se secoua et réussi à s'envoler. Je retournai mon regard vers ma fille et demanda :

-Et que voulais tu savoir de moi ?

Edelwen écouta son père. Elle sentait la peine dans ses paroles. Cela lui fit un peu de peine à elle aussi. Elle comprenait pourquoi son père refusait de prendre part aux batailles, mais la jeune fille avait l'impression qu'il ne se rendait pas compte qu'il avait commis une grave erreur en confiant le diamant à Darkhell.

- Je te le présenterai dès que je l'aurai retrouvé si tu y tiens père. je suis contente que tu ais envie de le rencontrer. je crois bien que c’est la première fois que je vais vous présenter un ami.

Elle lui sourit et lui parlait gentiment. Mais au fond d'elle, elle sentait tout à coup un lourd fardeau sur ses épaules. Celui de veiller sur la santé physique de sa mère et morale de son père. A la dernière phrase de son père, elle comprit qu'il ne pourrait pas l'aider. Elle soupira intérieurement mais continua à afficher un sourire sur son visage. Le roi avait répondu à la requête de la jeune fille sans s'en rendre compte, ou plutôt il n'y avait pas répondu, mais la princesse avait comprit qu'il ne pouvait pas l'aider.

- Je voulais prendre de vos nouvelles après tous ces événements. Vous ne devez pas vous tracasser père, il y a des gens bienveillants qui veillent sur nous et sur Télania.

La jeune fille épousseta ses genoux et se leva doucement. Puis elle resta immobile toujours en souriant à son père.

- Je suis désolée de ne pas rester plus longtemps mais j'ai quelque chose à faire. ne t'inquiète pas, c'est dans le palais, je ne serai pas loin. Vas-tu assister au discours dans la tribune officielle ou vas-tu le voir dans la pièce à côté sur la grande boule de cristal pour rester près de maman ? C'est juste histoire de te rejoindre plus tard.

» Elgonor, le roi de la Foudre