La conférence de presse

Une fois à l'intérieur, Mythos respira un bon bol d'air frais. Et oui, avec la foule de dehors, il avait manqué d'oxygène et s'était demandé s'il n'allait pas s'évanouir. Oppressé comme un citron, le mage a du, à plusieurs reprises repousser les assauts des fanatiques à l'aide de son bâton. Après quoi, il rouspéta contre les gardes impériaux qui n'avaient pas été capable de le laisser passer sans embroche, en les traitant de boites de conserve (il fallait dire que ces soldats étaient carapacés d'une armure d'or de mytril et de pierreries).

-Non mais oh ! On vous demande d'assurez la sécurité, pas d'écraser vos invités ! Faites attention ! je suis un triumvir maintenant alors si vous ne voulez pas que je vous vire faites votre boulot !

le vieil homme retrouva son sérieux et prit la main d'Alia qui venait d'arriver. Il l'attira vers lui et commença à marcher, escorté par les majordomes, avec Ténebris et Kensylia devant. Prenant garde de ne pas être écouté, il chuchota :

-On va te demander ta position par rapport à ta désacralisation, c'est-à-dire si tu vas, oui ou non, renoncer à tes pouvoirs d'élus. Pour l'instant ne dit rien ; tu ne dois surtout pas leur montrer ton intention.

Face à la surprise de son apprenti, Mythos voulu s'expliquer mais ils rentrèrent dans la grande salle de presse. Les journalistes étaient déjà tous là, aux premiers rangs, avec derrière quelques choisis dans le peuple. Ils s'installèrent sur leur chaise et comme les quatre interrogés étaient placés de façon à alterner Bien/Mal, Mythos lança à Alia :

-Je t'expliquerai.

Ténebris le regarda, surprise de ce qu'il pouvait vouloir lui dire. Mythos lui sourit et s'installa à ses côtés, sur le bord gauche, face aux spectateurs. La salle était combe et il y avait quelques personnes encore debout, les places étant insuffisantes. Le mage de Lumière ne connaissait pas cette salle alors que pourtant il avait connu le palais de Cristal pendant des années aussi bien dans le passé, lorsqu'il était élu, qu'aujourd'hui. Elle était en demi-cercle, d'un côté des sièges en gradin, de velours rouge et de bois couvert de dorure et de l'autre, une table rectangulaire de marbre noir sur laquelle on avait posé des fleurs en nappe, derrière laquelle étaient placé quatre trônes. La plupart du temps, à la place de la table, il y avait sur l'estrade un demi mur couvert de fleur et d'un voile rouge derrière lequel se tenait le dignitaire qui tenait la conférence. Derrière, il y avait six statues, l'une représentait la vérité, une autre l'éloquence, puis la justice, la liberté, le peuple et enfin la raison. Bref, des allégories assimilés à une conférence de presse. La salle était généralement de couleur rouge, avec une baie vitré au plafond et des dorures. Elle était donc très agréable et Mythos s'y plaisait bien. Un petit verre d'eau lui avait été réservé sur la table, pour se désaltérer.
Les dernières personnes se placèrent et Mythos instaura le silence :

-Messieurs dames bonjour.

Ce n'était pas à lui d'annoncer le début de la conférence mais à un maître de cérémonie prévu à cet effet qui pinça des lèvres en voyant cela. Il ne se laissa pas faire puisque la seconde d'après il prit la parole pour annoncer le début des questions. C'était à lui d'accorder ou non la parole.

La salle:

Alia était parvenue à l’intérieur sans trop d'encombre. Elle avait un peu perdue de sa popularité face à Darkhell, et ça n'allait sans doute pas aller en s'arrangeant. Heureusement la jeune fille fut rapidement rejoint par son maître, elle avait bien besoin de sa présence. Elle n'était pas toute à fait sûre de la suite des événements et cette conférence de presse la terrifiait au plus haut point.
Son maître lui expliqua que la question qu'elle redoutait le plus allait tomber. Alors avant d'entrer dans la salle, l'Elue du Bien inspira bien profondément et lorsqu'elle fit son apparition, elle afficha son plus magnifique sourire. Avant d'entrer dans la salle de presse elle dit à son maître :

- Je pense que je saurai gérer la question, je ferai comme les hommes politiques de la Terre.

Une fois entrée, elle s'installa à sa place. Elle sentait les lourds regards des journalistes posaient sur elle. Elle espérait aussi qu'il n'y aurait pas trop de questions stupides. Les conversations allaient bon train jusqu'à le mage de Lumière demande le silence. Lorsque l'on annonça le début des hostilités... Je veux dire, de la conférence de presse, la première question fusa plus vite que ce à quoi les assaillis s'attendaient :

- Princesse Alia, nous avons tous entendus l'Empereur parler de votre abandon de pouvoir d'Elu. Allez-vous y renonça ? Demanda une femme trop sûre d'elle aux yeux d'Alia.

La jeune fille ne paniqua pas et garda son calme et son sérieux. Mais malgré ce dernier qualificatif, elle continua de sourire avec gentillesse.

- Je ne donnerai aucune réponse à la presse tant que je n'aurai pas informé l'Empereur de ma décision en personne. Il doit être le premier au courant.

Alia espérait que sa réponse soit assez diplomate et ne laisse passer aucune information à ses auditeurs. Ils semblaient déçus par sa réponse mais comprirent qu'ils ne pourraient pas en savoir d'avantage. Alors un flot de questions déconcertantes se déversa sur les intéressés.
C'est à ce moment là que surgit une jeune femme blonde platine aux vêtements rouges criard et brillant. En un instant, au premier coup d’œil, la princesse de l'Air : la journaliste people. Celle qu'elle voulait justement éviter. Finalement la question sur la reddition de ses pouvoirs lui paru plus agréable.

- Princesse Alia, étant donné que votre anniversaire est la semaine prochaine, allez-vous faire une grande fête avec tout le gratin people ? L'Empereur sera-t-il présent ? Et ses enfants ?

" Mon anniversaire ? " Se demanda Alia dont l'idée lui était complètement sortie de la tête.
- Euh... Ce n'est pas vraiment un problème sur lequel je me suis penchée.

- Oh prince Roy ! Vous êtes considéré comme le numéro un de canon de beauté et de charme de Télania, nos auditrices aimeraient savoir si ce charmant jeune homme a enfin trouvé la perle rare, la jeune femme idéale pour combler sa vie ?

Alia ne put s'empêcher d'ouvrir des yeux ronds. Mais qu'est-ce qu'elle racontait celle-là ? Bientôt elle allait demander à Mythos s'il allait se remarier ? Ou à Ténebris si elle allait se présenter au concours de miss Télania ? Quoi que la journaliste semblait soigneusement éviter la Grande Inquisitrice.

Roy savait mieux s'en sortir que sa sœur. Il avait grandit à la cours du palais du royaume de l'Air. Il était habitué aux journalistes et aux "assaillants" plein de questions. Le prince, tout comme Alia, souriait. Il répondait avec une infinie patience aux questions que lui posaient les journalistes.

- Prince Roy, l'Empereur a parlé d'un fond monétaire collectif. Il y a lui-même déposé une grande somme d'argent. Avez-vous l'intention d'investir vous aussi ? Et si vous le faite, de combien sera le montant de votre don ?

- Evidemment. Quel prince serais-je si je ne le faisais pas ? J'ignore encore la somme que je pourrai donner, comme vous le savez, la guerre coûte cher, mais j'espère pouvoir donner au moins autant que l'Empereur.

- Que pensez-vous de ce triumvirat ? Et du fait que votre sœur ait été choisi par l'Empereur pour en faire partie ?

- Ce que je pense n'a pas vraiment d'importance, mais si vous voulez mon avis, je crois que l'Empereur a fait un choix juste.

C'est alors qu'arriva la journaliste people. Roy aussi l'avait repéré de loin. Mais lui, contrairement à sa soeur, ne se laissa pas submerger et coupa court à la conversation tout en restant diplomate.

- Je ne répond qu'aux questions portant sur la politique, mais si vous voulez pour vous consoler je peux vous faire un beau sourire pour la photo de votre magasine.

Répondit-il en faisant un clin d'oeil et un sourire enjôleur à la journaliste qui se mit à sourire bêtement à son tour. Il l'avait bien eu. Cela l'amusa intérieurement, ce n'était pas son genre de aprler comme ça, mais il n'avait pas envie de dévoiler sa vie privée.

Ténébris étaient entrée la première en même temps que Roy. Elle ne le salua pas, ne lui fit aucune gentillesse. Elle alla s'installer à côté de lui et de Mythos. Pour son jeune âge, elle était totalement détendue, et ne craignait absolument pas les journalistes ; c'étaient plutôt l'inverse puisqu'elle avait eu joie d'appliquer la censure en tant qu'Inquisitrice Suprême avant la dernière bataille au Royaume de l'Air. Ses yeux baladèrent sur ses différents opposants et elle reconnu certains de ceux qu'elle avaient interdit de profession. Oui, en effet, les journalistes n'étaient pas non plus envoyés en prison pour si peu. Ténèbres sourit au visage du maître de conférence qui s'était vu pris sa place par Mythos qu'elle admirait pour son savoir, ses pouvoirs et surtout sa sympathie. Elle avait rapidement compris que le vieil homme se montrerait favorable à une union du bien et du Mal.
Alors, la conférence commença. Alia fut la première interrogée. La fille de Darkhell se mordit la lèvre inférieure car elle ressentait beaucoup de sympathie à l'égard de l'Elue du Bien et elle savait que cette dernière n'apprécierait pas la question. Fort heureusement, elle s'en sortie majestueusement bien en faisant preuve d'un immense respect pour l'Empereur. Il fallait que je la félicite. La question suivante me fut adressée par un vieil homme que je connaissais pour ses articles fructueux et complet :

- Mademoiselle Magister, en tant qu'Inquisitrice Suprême, en sachant votre place confortée avec le soutient de son excellence, ne croyez-vous pas que l'Inquisition ne sera pas un sujet de conflit avec le clan du Bien ?

La questionnée se pencha en avant, et répondit :

- Avant de vous répondre M. Tarkast, sachez que ce que vous appelez clan n'en est pas un ; il s'agit désormais d'une organisation politique, adversaire à ce que vous appelez à tort Mal. Il est nécessairement clair et simple de parler désarmer du parti des Ténèbres, celui dont je suis issu, et celui de Lumière, en hommage aux deux Esprit que nous représentons.

Après cette mise au point qui servit à Ténebris de montrer qui était supérieur à l'autre, elle continua :

- Pour vous répondre, l'Inquisition est une institution judiciaire dont le but n'est pas de causer le tort. Elle a toujours servit à permettre la stabilité politique et elle continuera sur cette route. Si vous faites référence au sujet de la traque des Rebelles, sachez que cette pratique n'a eu que pour but de permettre cette stabilité. En revanche, aujourd'hui, nous ne pouvons plus parler de rebelles, donc il n'y a donc rien à craindre, d'autant plus que l'Inquisition sera soumise aux règles imposés par le triumvirat. Son Excellence a commencé à rédiger la charte, et sachez déjà que l'Inquisition respectera les libertés individuelles et les droits du vivant. Elle sera donc respectueuses des values prônées par les ex-Rebelles et leur permettra la protection, comme partout dans le monde.

Les journalistes, sans réagir aux réponses demandèrent à nouveau la parole. Ténebris fut une fois de plus le sujet de la question. On lui demanda si ce n'était pas un pari risqué que l'Empereur ai nommé sa fille en tant qu'Inquisitrice Suprème. Ne serais-ce pas un moyen de contrôler les ex-Rebelles. La jeune femme soupira et le rabaissa du regard :

- Quand je travaille, je le fais bien, c'est pour cela que l'Empereur m'a nommé à la tête de l'Inquisition. Par contre je me demande bien pourquoi votre journal vous garde toujours en raison des stupidités que vous écrivez. Et chez vous, c'est une spécialité.

Les autres journalistes ne purent retenir leur rire discret et le pauvre homme ne put que baisser la tête. C'est alors qu'une journaliste people prit la parole. En la voyant La réaction de Ténebris fut simple :

"Mon dieu, sauvez moi..."

Lorsque la deuxième question survint (Ténebris n'ayant même pas écouta la première) elle bondit sur elle-même en criant :

- Une question par personne madame !!

L'assistance se tut, médusée par la réaction, plus inattendu de la part de l'Inquisitrice Suprême qui n'avait put retenir ses émotions. De prêt, on pouvait constater la rougeur de ses joues. Elle ferma les yeux et se justifia en se renfonçant dans son siège :

- Je vous avez dit que je ferais respecter la loi.

Mais Roy accepta de répondre et rassura la pauvre journaliste qui faillit pleurer après s'être fait pipi dessus. Ténebris se sentit rassurée par le début de sa réponse, mais son sourire dragueur la déplut fortement. Elle croisa les bras et les jambes en baissant la tête.

Roy admirait la façon dont Ténebris répondait aux question. Elle s'en sortait magistralement bien, ce qui expliquait qu'elle soit si détendue. Elle savait mettre les choses au clair avant de répondre, ce qui évitait toute ambiguïté sur lesquelles les journalistes adoraient se jeter. Rien ne pouvait être mal interprété. Le prince de l'Air se dit que finalement, la censure pouvait avoir du bon, mais il se reprit rapidement. Tout à coup, alors que la journaliste people ne cessaient de poser des question à Roy mais surtout à Alia (c'était plus intéressant parce qu'elle avait réussis à la déstabiliser une fois), la Grande Inquisitrice s'était soudain levée et énervée. Roy comprit qu'elle n'avait pas apprécié la question, mais qu'elle se rassure, il n'avait aucunement l'intention de révéler quoi que ce soit. Surtout pas à la presse people. Et il n'allait pas non plus mentir. Ce qu'on pouvait dire, c'était qu'elle était moins diplomate que celui qu'elle aimait. Voyant qu'elle était tout à coup mal à l'aise, le jeune homme n'hésita pas à voler à son secours.

- Je vous en prie votre Altesse, ne vous énervez pas. Lui dit-il doucement, en souriant comme à son habitude. Mais son Altesse a raison madame, vous ne pouvez poser qu'une seule question par personne. Mais regardez, vous avez le privilège d'être ici alors que tant des vôtres sont dehors. Vous êtes un peu les V.I.P des journalistes alors respectez ce titres mesdames, messieurs. Mais je vous en prie, continuez.

Sa voix était veloutée, agréable et rassurante. Si bien que le flux de question se calma un peu et les journalistes devinrent un peu plus respectueux et un peu moins envahissants. Leur changement d'attitude était du à la combinaison des deux attitudes de Ténebris et Roy. D'un côté ils avaient peur pour leur métier et peut-être un peu leur santé et leurs oreilles, et de l'autre ils se sentaient fier d'être ici après ce qu'avait dit le prince de l'Air. De plus, par sa réaction de défense de la Grande Inquisitrice, le jeune homme venait de montrer une certaine alliance entre le Bien et le Mal.

La réponse d'Alia au premier journaliste satisfit Mythos qui soupira de soulagement. Elle avait dit exactement ce qu'il fallait dire. Les questions continuèrent ainsi un certains temps, jusqu'à ce que Ténebris éclate d'une étrange colère, qui aux yeux du vieil homme, était injustifié. Il la regarda, surpris, mais sans le montrer, juste en la regardant. Il lui proposa de se rasseoir et de boire un coup.

- Il ne faut pas s'énerver comme ça votre Altesse, vous savez, les journalistes ont leur défaut. En tout cas, on peut dire que vous savez les calmer.

Dit-il en rigolant face à l'assemblée toujours muette jusqu'à ce que Roy détente l'atmosphère. Alors les questions reprirent et l'un des reporters demanda à Mythos :

- Seigneur Mythos, vous avez été nommé par l'Empereur, avec Alia, pour participer au triumvirat. Vous pensez-vous à la hauteur, et qu'attendez-vous vraiment de la part de vos futurs collègues ?

Le mage de lumière se mit à sourire, à la surprise générale avant de s'expliquer :

- Attention jeune homme, vous venez de poser deux questions.

Tout le monde se mit à rire même Ténebris qui regarda Mythos en secouant la tête, comme pour lui dire "que vous pouvez être bête parfois", gentiment, bien sur.

[b]- Bien bien, si vous me permettez que je puisse répondre maintenant, sachez, que je suis déjà extrêmement honoré de pouvoir oeuvre avec son excellence et son altesse Daimon. Vous m'avez connu suffisamment pour savoir que je suis quelqu'un très humaniste et compétent. Sans me vanter, j'ai été gouverneur de la surface des Commerçants, du Palais de Cristal et elles ont toutes les deux connus un essort économiques sans précédent. En tant que ministre, vous m'avez souvent féliciter pour mes chiffres. Donc je ne pense pas qu'il y aura plus de difficultés en étant à la tête de Télania. Surtout que mes collègues sont des personnes compétentes et incroyables; Je souhaitent que nous saurions faire des confessions pour avancer et marcher main dans la main.

On nota ce que je venais de dire quand une journaliste demanda à Kensylia :

- Madame, en tant que favorite de son Excellence, seriez-vous candidate à la Chancellerie et surtout au poste d'Imperator ?

Le discours était terminé et il était temps de rejoindre la salle de presse. Kensylia n’appréciait guère les journalistes. Ils n'étaient pour elle que vautours cherchant un pauvre miette d'information à se mettre sous la dent. Elle regrettait déjà le temps ou la Grande Inquisitrice avait imposé la censure et retiré le droit d'exercer à nombreux d'entre eux. Mais il fallait le faire, c'était important pour s'assurer le soutient du peuple et prouver l'alliance du mal et du bien. La jeune femme était assise à côté du mage Mythos. Elle n'avait jamais réellement compris pourquoi son Empereur l’appréciait, bien qu'elle ne le détesta pas, elle savait que l'homme avait toujours été du côté de leur ennemie, Alia. Les questions se suivaient sans cesse. Les deux enfant Daimon furent envahie par une journaliste people qui ne connaissait pas les limites de l'intimité, le respect et la bienséance. Bien qu'elle n'avait aucune sympathie pour les deux jeunes gens, Kensylia eut envie de la griller sur place d'un coup d'éclair bien mérité. Aussi ne fut-elle pas surprise de la colère de la Grande Inquisitrice qu'elle trouvait parfaitement justifiée. La jeune femme regretta que l’Élue du Bien parvienne à détourner royalement la question, mais qu'importe, elle n'avait pas le choix, elle devrait rendre ses pouvoirs. Sur ce point, son Empereur avait fait un coup de maître. Elle n’apprécia pas beaucoup cette façon assurée qu'avait le prince Roy pour répondre, surtout à la journaliste people. Jeune et prétentieux, vraiment elle ne voyait pas ce que les femmes pouvaient lui trouver. Enfin ce fut à son tour d'être interrogée. La porte parole de l'Empereur se tenait droite et froide, imposante et dominatrice sur ces journalistes affamés.

- Tout d'abord je tiens à préciser que le rôle que je tiens en ce moment même par la grâce de son excellence est extrêmement important. ET c'est avec honneur et joie que je l'exerce chaque jour. L'accès à la Chancellerie et au poste d'Imperator sont de très hautes fonctions, mais je ne me présenterai à ces postes que si son excellence trouve quelqu'un pour me remplacer. Dans ce cas-ci, vous pouvez être assuré de ma candidature.

En réalité, Kensylia espérait bien pouvoir se présenter car la Chancellerie et surtout le poste d'Imperator lui tenait à cœur. Mais elle était consciente qu'elle avait un devoir devoir son Empereur, et elle ne voulait pas abandonner un poste qu'il lui avait gratifié. De plus, la jeune femme savait que es élections n'avaient aucun sens et que seul l'Empereur choisirait l'Imperator. Ce qui, par là, amenait forcément Kensylia à être candidate, état donné que, comme l'avait dit son excellence, il la choisirait, elle ou Zangdar.

La question posée par la journaliste allait engendrer une série de questions, enfin plutôt la même pour tous les autres interrogés. Autrement dit-est-ce qu'ils seraient eux aussi candidats pour les deux élections à venir. Ainsi, ce fut le journaliste suivant demanda :

-Votre altesse Magister, en ce qui vous concerne, souhaitez-vous déposer une candidature en tant que Chancelière ou Imperator ?

-Non

La réponse de Ténebris fusa si rapidement et fut si ponctuelle qu'elle surpris toute l'assemblée, devenant muette et bouche bée. C'était bien la première fois qu'un politicien donnait si rapidement sa réponse sans tourner autour du pot. La jeune femme repris alors la parole pour s'expliquer.

-Je suis l'Inquisitrice Suprême et cette fonction, me convient si bien que je me sentirai incapable d'en exercer une autre. Etre Imperator reviendrait à commencer quelque chose de nouveau avant même d'avoir fini ce que j'ai entamé avec l'Inquisition. De plus, pourquoi viendrai-je m'insinuer dans le pouvoir législatif alors qu'il y a des milliers de Télaniens qui désirent obtenir une place dans cette instance si fermée. Ce n'est pas à moi de diriger mais à ceux qui ont la volonté de construire un nouveau monde. Bien entendu je ne vais pas nier le fait que ma fonction est totalement séparée du pouvoir, mais je refuse tout autre poste ou mandature.

Après quoi, on se tourna vers Alia et lui posa la même question en ajoutant :

-[...] et pensez-vous qu'un cohabitation de vos deux partis sera possible ?

"Allez, encore un qui pose deux questions"

Se dit l'Inquisitrice alors que elle tournait sa tête vers Mythos en soupirant. Il lui fit d'ailleurs un clin d'oeil comme pour lui dire qu'il avait pensé exactement à la même chose.

Alia comprit que Ténebris s'énerve. Et elle trouva justifiée que son frère et son maître interviennent pour la défendre. Mais la jeune fille connaissait son frère par cœur. Il y avait quelque chose de bizarre entre les deux jeunes gens, elle le sentait. Elle ignorait que son frère avait les même doute à son sujet et celui de Drakos.
Chacun donna sa position sur les élections. Sans surprise Roy indiqua qu'il avait l'intention de se présenter à la chancellerie mais qu'il ne pensait pas réitérer sa candidature au poste d'Imperator. La princesse de l'Air regretta que son frère dise cela. Après tout, elle trouvait qu'il était un excellent Imperator. Mais elle comprenait en même temps, il devait avoir des remords quant à sa dernière bataille.
Enfin, ce fut à l’Élue du Bien que l'on posa la question. La jeune fille ferma les yeux un court instant et releva la tête en direction des journalistes.

- Je pense que nous sommes en train de mettre en place une paix. Une vraie paix. la paix que tout le monde attendait. Et qui dit paix, dit alliance, entente, union. Si les deux partis ne cohabitent pas, alors c'est que la guerre serait toujours présente. Alors je ne crois qu'elle est possible, mais plus que cela je pense qu'elle est nécessaire et obligatoire. Et je pense que chaque membre peux mettre en place cette politique uni. Et je commencerai par montrer l'exemple avec notre excellence, l'Empereur Darkhell ainsi que mon maître, le mage Mythos. Si ensemble nous parvenons à nous entendre alors tous le pourront. Et je suis persuadée que nous nous entendrons.

La jeune femme marqua une pause. Elle inspira. Il était temps de dire ce qu'elle pensait et ses intentions. Mais Alia affichait toujours son magnifique sourire, doux et rassurant. Elle planta son regard dans les yeux du journaliste qui avait posé les question, ce qui lui fit baisser le regard, un peu mal à l'aise.

- En ce qui concerne ma future position politique. Je n'ai l'intention de me présenter ni à la Chancellerie ni au poste d'Imperator. Lorsque le Triumvirat sera terminé après les élections, j'ai l'intention de me retirer de la politique, du moins de n'exercer que les fonctions minimales qui me seront données de faire en tant que princesse de mon royaume.

L'annonce de l'Elue du Bien sembla choquer l'assistance. Mais malgré les questions, Alia n'avait plus rien à ajouter. Et on se tourna alors vers son maître qui avait peut-être plus d'ambition.

Mythos écoutait les réponses de ses alliées et adversaires pour leur candidature. Il fut surpris de voir que Roy ne réitérerait pas son mandat. C'était bien dommage car le vieil homme avec une énorme confiance en ce jeune homme plein d'avenir. Désormais, dans les hauts dignitaires du Bien, il n'y avait que très peu de candidats. C'était problématique. C'est alors que tous les journalistes se tournèrent vers lui. Le Mage leva les yeux et soupira. Avant même que la question ne soit posée, il s'expliqua :

- Je sais ce que vous allez me demander. J'accepte de vous répondre si vous me laissez au moins une heure de réflexion. Cependant, comme nous n'allons pas attendre ici-même que je me décide, je pense qu'il sera plus sage d'attendre mon décision par communiqué dans quelques jours.

Il eut un petit sourire et sa remarque amusa certains journalistes.

- Comme vous le savez, d'ici quelques semaines, les ex-Rebelles, comme on nous appelle, tiendront une réunion. A partir de là, nous verrons qui seront les candidats Chanceliers pour le poste d'Imperator. Ne me demandez pas non plus qui ils seront puisque je n'ai pas de nom.

On se tut un moment puis ce fut un homme du peuple qui réclama la parole. Il s'agissait d'un ouvrier, en raison de ses habits, surement et son accent témoignait d'un homme rustre du Royaume de la Terre, plus exactement du Nord.

- Messire Mythos, avec tout le respect que je vous dois, comment comptez-vous nous rassurer, nous ouvriers ayant subit vos guerres et vos destruction pendant des années. Moi je trouve cela complètement absurde cette mascarade que vous, des deux côtés, êtes en train de mener. On a l'impression que tout le monde s'aime alors que finalement vous vous haisserez toujours.

La bienséance de la salle se scandalisa et commencèrent à huer le pauvre homme qui avait prononcé ce discours contre l'Entente. La salle se divisa alors en deux, ceux qui soutenait l'accusateur, et ceux qui voulaient le faire taire. Le maître de conférence tenta de calmer la situation, pendant que l'on entendait des gens du peuples crier aux cinq conférenciers des injures en les qualifiant d'hypocrites. Mythos se leva et frappa de son bâton sur le sol, dégageant une onde de lumière dans toute la salle, en réclamant le silence

- N'avez-vous pas honte d'empêcher cet homme de parler ! Où est la liberté ! Je me suis toujours battu pour la liberté et l'égalité alors sachez que jamais, on ne tentera de faire taire quelqu'un tant que je serais ici ! Je vous ordonne de tous vous rassoir !

Pendant que le monde s'exécutait, Mythos fit de même tout en continuant :

- Il est vrai que les Darkhellions et nous-mêmes n'avons pas été de grand alliés ou plutôt, nous avons été des ennemis. Nous accusions les Ténèbres de vouloir imposer une dictature sans précédent sur Télania et de vouloir rassembler les Diamants pour un pouvoir personnel. Au départ les souverains se sont opposés à eux, comme la plupart d'entre vous. Nous étions à la tête de cette opposition. Mais les clans de Darkhell Magister a gagné du terrain. Il a su gagner et nous nous avons du nous plier à la réalité des faits. C'est pourquoi, sans grande conviction personnelle mais pour Télania, nous avons signé cette armistice et décidé de ratifier l'Entente.

Hj : Finalement je laisse mon post précédent comme ça, je l'ai juste un peu rallongé =)

Alia pensait que son maître se retirerait de la politique comme elle, mais tout en gardant un œil sur les agissements et les décisions des politiques. Elle fut donc un peu surprise par sa réponse. Cependant elle savait que le mage de Lumière serait un excellent politicien, droit et juste. Elle ne out s'empêcher de sourire.

C'est alors qu'un ouvrier intervint. C'était une personne simple et pauvre, mais ses paroles étaient justes. Parmi tous les gens présents ici, il était finalement le seul qui ait vraiment le cran de dire ce que tout le monde pensait. Alors que beaucoup se liguèrent contre lui, la princesse de l'Air eut une envie dévorante de se jeter à son aide, mais son maître intervint plus rapidement. Il avait parfaitement raison, chacun était libre de dire ce qu'il pensait. Le pauvre homme, par sa classe sociale, avait du payer cher le prix de cette guerre éternelle.

Les hauts fonctionnaires de la nouvelle politique avaient beau dire qu'ils dédommageraient les victimes de la guerre, ce n'était que des mensonges. En quoi l'or, les richesses, une grande maison et de la nourriture ramèneraient les êtres chers que tous ces gens avaient perdu ? Alia perdit son sourire, elle retint une larme qui manqua de couler sur sa joue. Alors la jeune fille ne pu se retenir, elle se leva et prit la parole :

- Je suis vraiment désolée pour tout ce qui est arrivé. J'ai grandit dans un autre monde, dans un pay où il y avait la paix. Les gens s'y plaignaient pour rien, moi-même j'en faisait partie, et je reconnais que j'en ai honte. Depuis que je suis arrivée ici j'ai découvert ce qu'était la vraie misère, la guerre, les vrais malheur. Comme vous j'ai perdu des êtres qui m'étaient chers, mais je ne suis pas à plaindre. Si j'avais été là au commencement de tout ça, j'aurai aimé tout faire pour que la guerre n'éclate jamais. Je sais que nous parlons de vous indemniser, mais que cela ne ramènera jamais ce que vous avez perdu à tout jamais : vos proches. Si j'en avais le pouvoir je... Mais je ne l'ai pas... Je sais que l'aide que nous souhaitons apporter est peu de choses, et que finalement cette guerre parait au plus démuni comme égoïstes car ceux sont surtout les gens aux hautes fonctions qui ont décidés de cette guerre et qui ont décidé de la continuer. Moi-même je croyais vous offrir la liberté mais je ne m'y prenais pas comme il le fallait. Et j'ai prit conscience, bien trop tard, que la paix ne pouvait pas venir de la destruction du Bien ou du Mal mais de l'alliance de ces deux forces. Je sais que beaucoup d'entre vous se disent que c'est trop tard mais vos enfants pourrons au moins grandir dans un monde de paix.

L’Élue du Bien était vraiment triste par rapport à tout ce qui s'était passé, cet home qui avait parlé lui faisait prendre conscience de tant de choses. La jeune fille joint ses mains et les plaça sur son cœur. Elle avait beau vouloir protéger les Télaniens elle n'y était pas parvenue comme elle le souhaitait et aujourd'hui elle ne savait même pas si elle était face à une vraie paix ou une paix fictive. Et elle sentait que le peuple de Télania commençait à avoir des reproches à lui faire.

Et gnagnagni et gnagnagna ; il faut toujours que le Bien se pardonne ce qui a été fait. Ténebris râlait dans sa tête. Elle se foutait royalement de ce que pouvait penser ce petit paysan. Certes il y avait du vrai ; mais c'est une guerre. Certes c'est assez particulier d voir des ennemis ainsi se retrouver autour d'une table pour discuter mais l'on ne pouvait pas non plus rester indéfiniment en guerre. Pour une fois, le carnage et l'anhélation allait être évitée.

-Croyez-moi, mais sans la volonté de l'Empereur de pacifier les choses, nous serons toujours en tain de guerroyer et de tuer ! Alors permettez-moi de vous rappeler à quel point nous faisons nous aussi des efforts pour vous.

Sa réaction, subite et impromptue provoqua des scandalisions, du peuple, qui ne manqua pas de huer l'Inquisitrice Suprême. Celle-ci ne perdit pas son sang froid, bien au contraire, elle les toisa du regard et se leva

-Messieurs, dames ; il est tellement facile de juger, de critique et de huer ceux qui sont au pouvoir sans savoir le travail que ça représente. La guerre est un fait et nous avons décidé d'y remédier en y mettant fin. Nous mettons tout en oeuvre pour reconstruire un maximum Télania ; même si nous ne pouvons pas redonner vie aux morts, nous faisons tout pour panser la plaie et masquer la cicatrice. Vous nous faites porter le chapeau en nous accusant de massacres mais je vous rappelle que vous, Télaniens, avez aussi pris parti dans ce conflit, d'abord en soutenant vos rois puis l'Empereur ou les Rebelles. Aujourd'hui il faut assumer et aller de l'avant au lieu de se lamanter sur les ruines du passé.

Ténebris se rassit, dans le brouhaha, causés par les réactions des membres de la conférence, en train de discuter entre eux.

Plus tard d'autres questions continuèrent de tomber. On y répondit plus ou moins gentiment jusqu'à ce qu'on demande à Ténebris si elle aurait confiance en les ex-Rebelles

-Ecoutez, étant donné, que ce sont les Ténèbres qui ont gagnés, nos anciens ennemis doivent se soumettre à cela et accepter leur défaite. Ainsi, je ne croit pas avoir à les craindre, bien au contraire.

Mythos était quelqu'un de très diplomate et calme. Il écoutait les propos abjectes et triomphants de Ténebris sans rien dire, mais en riant intérieurement de son comportement. Il semblait bien que pour le moment, les Darkhellions savouraient leur victoire sans retenue et en se valorisant. Tout le monde sentait dans les paroles de l'Inquisitrice Suprême, un profond ton d'arrogance et de méprise. La salle se sentit si mal à l'aise qu'un profond silence vint s'installer. Alors, Mythos toussota pour dire ensuite :

- Sachez que nous ferons tout pour que nous puissions oeuvrer ensemble, avec le plus de sincérité possible.

Après quoi, alors que les deux heures venaient de s'écouler, d'autres questions ayant été posées, le maître de la conférence prit la parole pour déclarer la fin des questions. Alors, les cinq dignitaires se levèrent, se serrèrent la main et le mage de Lumière sorti en premier, en silence. Dans le large couloir il attendit Alia et Roy qu'il approcha de lui pour parler silencieusement tout en marchant vers l'escalier afin de rejoindre leurs appartements.

- Mes pauvres enfants, nous voilà dans une étrange situation. Surtout restez sur vos gardes ; nous ne savons pas ce qui peut nous arriver.

Une oreille indiscrète s'approchant d'eux, le trio marche de plus vive allure, porté par les bras du vieil homme.

- Il ne faut surtout pas se laisser envouter par les paroles de son Excellence ; Alia ne renonce en aucun cas à tes pouvoirs ; Bien et Mal, ou plutôt Lumière et Ténèbres ont toujours existé et il ne faut surtout pas vouloir s'en débarrasser car la mort de l'un entraine celle de l'autre.

Mythos passa sa langue sur ses lèvres sèches.

- Je suis surpris que vous ayez renoncé tous les deux à la politique. Vous êtes la nouvelle génération, c'est pourtant à vous de prendre les reines. Nous aurons des adversaires impitoyables et seuls vous êtes en état de pouvoir vous mesurer à eux. Réfléchissez-y bien.

Et à ces mots, Mythos gravit les dernières marches et disparut dans les couloirs avoisinant, pour laisser les deux frères et soeurs ensemble.

HJ : FIN DU TOPIC