La lumière dans le noir

La princesse de l'Air avait enfin terminé la conférence de presse. Cette journée lui avait paru interminable. Alia était fatiguée mais elle tenait à passer à l'hôpital pour voir comment allez les blessés. La première chose qu'elle remarqua en entrant, c'était ce trop grand calme qui régnait. Même si le lieu devait être silencieux, les druides et les infirmiers ne s'activaient pas comme à leur habitude. Il y avait autre chose, l'Elue du Bien sentait une atmosphère extrêmement pesante. 

La jeune fille avança donc avec étonnement, chacun de ceux qui le pouvaient s'inclinant sur son passage. Tous ces blessés lui fendaient le cœur. Elle regrettait de ne pouvoir aider à soigner. Ce n'était vraiment pas son domaine. Elle ne pouvait aider que les malades psychiatriques et encore, pas toujours. Son pouvoir de l'esprit était immense, mais la folie pouvait être plus grande encore.

Les blessés gémissaient de douleur. Il régnait une odeur de sang et de désinfectant et aussi un peu d'odeur de pourriture... Rien de très agréable. Soudain, au milieu de tous ces blessés, dans le coin d'un couloir plongé dans la pénombre, elle reconnut quelqu'un qu'elle connaissait bien. Et elle fut prise de peine pour lui. Elle avait entendu des chuchotement dans les couloirs à propos de frères qui s'étaient disputés sans trop écouter, mais maintenant elle comprenait.

- Forciticus. Viens avec moi.

Lui dit-elle avec gentillesse mais autorité. Elle préférait quand il n'exprimait rien, ça voulait dire qu'il souffrait moins. Alia savait qu'il ne s'était pas aperçue de sa présence jusqu'à ce qu'elle parle. Elle se tenait droite face à lui et attendait qu'il se relève.

Des soignants s'arrêtèrent un instant pour regarder mais la jeune fille se retourna et les fixa. Ils passèrent alors rapidement leur route, comprenant qu'il était mal d'être curieux comme ça. Après quoi, la princesse de l'Air commença à partir tout en se dirigeant vers les jardins opposés à ceux où Stalven s'était réfugié.

Les jardins étaient calmes et déserts. Il n'y avait pas de vent et il faisait bon. malgré le manque de soleil du aux nuages, les jardins étaient très beaux. Il y avait des haies taillées, des arbres, de nombreuses fleurs de toutes les couleurs, des bancs de pierre grise mais sculptés avec finesse, et de magnifiques fontaines, elle aussi sculptées et ornées avec raffinement. Les deux amis firent quelques pas en silence dans l'un des allées jusqu'à ce que Forciticus s'excuse.

- Tu n'as pas à t'excuser. C'est plus compliqué pour toi. Je n'imagine pas avoir à affronter sans cesse mon frère ou ma sœur, parce qu'ils me haïraient. 

La jeune fille s'arrêta devant l'une des fontaines. Elle plongea sa main dans l'eau fraîche avec délice et inspira. Un peu de calme lui faisait du bien. Elle se tourna à nouveau vers le jeune homme.

- Tu n'es pas seul, tes amis sont ta seconde famille tu sais. Et je suis sûre que ton frère t'aime, quelque chose doit alimenter sa haine, seulement j'ignore quoi. Mais un jour, il se rendra compte de son erreur, et c'est lui qui viendra te chercher. Et il sera très heureux de voir que tu l'accueilles à bras ouverts. Je sais que c'est dur, mais il faut du temps.

La princesse posa sa main sur l'épaule du jeune prince. Elle voulait l'aider mais ne pouvez rien faire de plus que le soutenir moralement. Elle ne savait pas si ses paroles pourraient réconforter son ami mais elle l'espérait.

Forciticus expliqua à la princesse de l'Air qu'il n'était pas seul et qu'elle même était dans une situation semblable. Le jeune homme n'avait pas tout à fait tort, mais Alia ne le voyait pas ainsi. La jeune fille soupira à ses premières paroles.

- Tu sais, ma mère et moi c'est un peu... compliqué. J'ai grandi sur une autre planète, loin de Télania. J'ignorais que mon père et ma mère était encore en vie et j'ignorais qui j'étais. Quand je suis arrivée ici c'est seulement un frère qui m'a accueilli. Les relations avec mon père ont dès le début était très tendues jusqu'à très récemment. Mais ma mère, je n'ai jamais eu l'occasion de me jeter dans ses bras, de l'entendre me dire des paroles rassurantes, de lui demander des conseils qu'une fille demande à sa mère. Je n'ai même eu l'occasion de ma disputer avec elle comme ça arrive de temps en temps. Non depuis toujours je n'ai eu en face de moi qu'une femme qui me méprisait et qui a fait souffrir mon frère et mon père. On dit qu'autrefois c'était une femme très douce et aimante, mais je crois que cette femme est morte. Bien entendu, il y avait un sortilège qui bloquaient mes souvenirs, et je suis parvenue à le rompre. Mais la femme que je voyais dans mes souvenirs, je ne l'ai jamais retrouvé, alors je ne souffre pas de voir cette étrangère qui me méprise. J'ai appris depuis longtemps à vivre sans mère. Et puis j'ai la chance d'avoir tout le reste de ma famille.

Avec tout ce qui ne cessait de lui arriver, cette histoire de mère lui était bien égale. Ça ne lui faisait de la peine que pour son frère qui lui devait être mal comme Forciticus, à la différence que lui avait toute sa famille. Elle imaginait combien le jeune prince de la Terre devait se sentir seul. Lorsqu'on perd ses parents on a besoin de pouvoir se soutenir mutuellement avec son frère ou sa sœur. Mais Forciticus n'avait pas eu cette chance, et en plus de cela, il avait du fuir sa propre maison et errer dans les montagnes. L’Élue du Bien avait de la compassion pour lui, vraiment beaucoup de compassion.

C'est alors que le jeune homme mentionna le futur ou chacun allait rentrer chez soi. Ce n'était pas une note très joyeuse non plus car Alia allait se retrouver pratiquement seule. Elle n'avait aucune envie de se séparer de son frère et de sa sœur. Tous les trois étaient inséparables. Mais elle avait au moins son maître. Cependant, maintenant que la guerre était terminée, Forciticus n'avait plus de raison de retourner à la cachette des rebelles des rebelles de la Terre, en plus il y serait seul. Mais il n'irait certainement pas non plus au palais de la Terre, alors Alia lui demanda :

- Et toi, où comptes-tu aller ?

Alia sourit, heureuse qu'il dise qu'il était très heureux de les avoir pour amis. Mais surtout parce u'il évait dit qu'il était très heureux, et aussi parce qu'il avait émis un sourire. La jeune fille ferma les yeux un court instant et inspira profondément. Son ami lui répondit qu'il n'avait l'intention d'aller nulle part. Alia rouvrit les yeux et le fixa de ses yeux clairs. Elle pensait qu'il se trouverait peut-être dans cette situation, mais la jeune fille lui sourit :

- Alors tu n'as qu'à rester avec moi. Si tu le veux bien. Je t'engage, comme garde du corps personnel de la princesse du royaume de l'Air et membre temporaire du Triumvirat.

Lui dit-elle avec un air amusé et un sourire. Elle ne pensait pas vraiment avoir besoin d'un garde du corps, mais elle espérait au moins ainsi donner un peu de réconfort à Forciticus. Et cela lui donnerait quelque chose à faire. Il ne serait pas seul et serait occupé. Peut-être pas beaucoup, mais il aurait un but. 

- Et puis comme ça j'aurai un ami près de moi. Alors, qu'est-ce que tu en dis ?

Malgré son sourire, la proposition de l’Élue du Bien était parfaitement serieuse. Elle attendit donc la réponse du jeune homme qui semblait surpris.

Alia lui sourit, amusé à son tour. Elle se détendit enfin, voyant que son ami allait mieux. Elle commençait à en avoir assez de ces nuages. Elle créa un vent, perçant un trou dans les nuages, et par son pouvoir d’Élue, elle fit passer des rayons du soleil à travers le trou dans les nuages. Les deux jeunes gens se trouvaient  présent dans la lumière chaude et douce du soleil. Enfin la princesse pouvait se ressourcer. Elle profita avec délice de ces quelques instants de lumière et de chaleur.

- Merci d'avoir accepté. Ne t'en fais pas, je t'éviterai toute situation embarrassante. Et je n'irai me frotter à la foule que si je n'ai pas d'autre choix. Tu sais, j'aimerai être comme toi, m'enfuir dans la forêt quand ça me chante. Mais je suis quand même heureuse de ce que je peux accomplir.

Les rayons de soleil qu'Alia avait pu attraper étaient les derniers de la journée. Bientôt la nuit se mit à tomber, à la grande déception de la princesse de l'Air. Il allait être temps de retourner à l’intérieur. Mais la jeune fille resta là où elle se trouvait jusqu'à ce que le dernier rayon de lumière eu disparu. Une fois fait elle soupira.

- Quel dommage, j'aurai aimé en profiter encore un peu. Enfin, nous ferions mieux de rentrer.