A la croisée d'un couloir, une reine et un demi Empereur

Mythos dans son long manteau blanc, marchait dans le Palais de Cristal, pour lui, la décision était prise : il participera au triumvir, mais une fois les élections passées, il retournera là d'où il vient : le Pays des Morts, auprès des Esprits et du Créateur. On lui avait accordé la possibilité de retourner sur Télania pour aider Alia dans on rôle d'Elue, mais une fois la paix revenue, il devait s'en aller. Rester quelques mots de plus lui avait été accordé pour aider à la réparation du monde, mais, une fois ce délai passé, il n'avait plus d'autres choix que de s'en aller, à son grand regret. Le plus dur serait de l'annoncer, notamment à Alia. Tous les Télaniens, si ce n'est ses proches savaient qu'il était issu du troisième Age. Il fallait donc aussi penser à faire passer sa disparition pour un décès. Le vieil homme sentit son coeur se pincer lorsqu'il repensa à tous ses moments passé. Il s'arrêta donc dans le large couloir désert, regarda le sol et soupira. Soudainement il se redressa, secoua la tête et repartit de vive allure. Il devait trouver l'Empereur pour lui donner sa réponse.
A l'angle d'un couloir, il tomba nez à nez avec une personne de grande importance puisqu'il s'agissait de la reine du Royaume du Feu. Leur surprise fut grande et Mythos confit d'avoir surgit aussi rapidement, présenta ses plus amples excuses en s'inclinant :

- C'est un honneur de vous retrouver votre majesté

Il se permit un baise main léger sur le gant de soie de la souveraine, et en redressant la tête, il s'aperçut que la reine était entourée de sa suite personnelle, c'est-à-dire deux gardes royaux, une domestique et trois courtisanes. Deux d'entre elles portaient de tenues des valises pleines. Le mage regarda la reine et demanda :

- Votre majesté nous quitte ?

Il faisait preuve d'une extrême courtoisie dans son langage car il savait qu'au Royaume du Feu, les femmes étaient très importantes et bien souvent très puissantes. On leur devait donc respect et humilité.

Devoir protocolaire fait, la reine avait décidé de retourner chez elle. Sans même avoir voulu croiser ses enfants, elle avait salué l'Empereur et faisait désormais route vers le port Imperial où un navire volant l'attendait. Cependant un élément vint perturber son trajet : le seigneur Mythos, qu'elle respectait mais qu'elle ne souhaitait peut-être pas rencontrer. Elle apprécia la politesse de l'homme et ordonna à ses suivantes et les deux soldats de continuer sans elle pour ne pas faire attendre le chargement. Les trois courtisanes la saluèrent donc avec élégance. Enfin, l'une d'elle était un homme. Ce n'était pas choquant au Royaume du Feu qu'un homme devienne femme pour s'élever car au pays d'Efreet, c'est un fait, être une femme était plus prestigieux que d'être un homme. Cette différence était surement du au fait que le premier souverain était de sexe féminin et que depuis le début de la monarchie, seule les femmes pouvaient devenir reine.

- Hélas, oui je dois vous quitter messire, vous connaissez les affaires.

S'excusa Flameria en lui souriant. Elle passa une main dans sa chevelure couverte de joaillerie et baissa un peu les yeux, donne gênée ; peut-être parce qu'elle avait peur que le vieil homme lui reproche son départ précipité sans être allé retrouver ses enfants. En fait, Flameria, à ses yeux, n'avaient plus d'enfants ; elle ne les avaient jamais connu, ou très peu, et s'était accommodé à cette perte assez facilement, et faisant d'Amon, le fils qu'elle n'avait jamais connu. A lui seul, il était tous ses enfants et lui avaient fait oublié la perte de ses enfants biologiques. Anna était une étrangère, Alia aussi, et Roy n'était plus qu'un souvenir lointain qu'elle avait élevé jusqu'à ses quatre ans. Désormais, tout ce qu'elle avait aimé avait tété chassé de son coeur. Elle n'aimait plus Eros, qui l'avait trahi en lui enlevant ses enfants et l'abandonnant. Darkhell l'avait recueillit et s'était élevé en une figure paternelle et incontournable de sa vie. Cependant, elle n'avait aucune rancoeur. Elle se sentait bien et espérait juste pouvoir revenir à sa vie d'avant la paix : s'occuper de son Royaume et prendre plaisir avec Amon.

Mythos sourit une fois de plus à la reine. Il s'inclina une nouvelle fois et se dit qu'il ne devait pas retarder la reine. Pourtant quelque chose le laisse perplexe : pourquoi avait-elle dit à sa suite de ne pas l'attendre pour le chargement alors qu'elle et lui n'avait pas l'intention de discuter.

- Votre majesté, je serais gêné de vous retarder, moi vieillard face à vous, surement l'une des plus belles fleurs de votre Royaume.

Une telle phrase, d'une telle éloquence ne pouvait déplaire, encore moins à une reine. Flameria, de fait passa le voile de ses manches devant son visage pour masquer son sourire timide. Elle esquiva une révérence, comme toujours sublime et elle passa à ses côtés pour retrouver son escorte. Mythos allait pour repartir, quand soudain, par hasard, sans raison apparente, il repensa à une jeune citoyenne du feu, dont il n'avait peut-être jamais vu le visage mais dont Alia lui avait parlé une fois, récemment. Elle s'appelait, Shana et son grand-père avait été un général du Royaume, exilé pour refus désertion et opposition au souverain. Alia lui avait expliqué que cette jeune fille avait été exilée pour Rébellion. A ses yeux, grâce à l'Entente, cette sanction pouvait-être levée.

- Votre majesté attendez.

Appela Mythos en devant vers Flameria qui le regarda surprise, mais encore tout proche de lui puisque sa réflexion n' avait été courte que de quelques micro secondes.

- Je repense à une certaine Shana Falmera. Elle est la petite fille de Hagrid, vous vous souvenez, un grand général au temps de votre mère. Vous l'avez faite exilée. Mais peut-être serait-il, au nom de l'Entente, préférable de la laisser revenir chez elle. Qu'en dites-vous ?

Mythos souriait de façon si innocente qu'on avait l'impression que ce qu'il disait n'allait poser aucun problème aux yeux de la reine. Il savait pourtant que c'était un sujet très sensible qui allait courroucer la reine. Le Mage de Lumière semblait comme s'amuser de cette situation qui allait advenir, ce qui mettrait encore plus en rogne la souveraine.

Flameria respectait énormément Mythos. Quelle ne fut pas sa gêne lorsque ce dernier lui fit ce si modeste compliment. Elle en rougit presque et du détourner son visage pour ne pas montrer sa gène. Elle ne put que se permettre de répondre par un compliment réciproque :

- Vieillard au coeur d'or Mythos, voilà ce que vous êtes.

Après quoi, elle s'inclina, en tenant sa robe du bout des doigt, et passa devant le mage. Cependant, ce dernier se retourna immédiatement pour lui demander une faveur, alors qu'elle avait posé son pied sur la première marche. Au nom prononcé, le sang de la souveraine se glaça, son visage se referma en ses dents se serrèrent. Elle eu pour seule réflexe de sourire, mais il apparut d'une si mauvaise franchise qu'elle venait de se trahir. Alors, pour pallier à cette erreur, elle reprit ses allures de reine absolue en déclarant :

- Cet homme est un ennemi du Royaume, il a été exécuté et selon la loi de mon Royaume, ses descendant jusqu'à la cinquième génération n'ont pas le droit de fouler le sol de ma terre. La loi est dure mais c'est la loi. Et je ne peux revenir dessus.

Cette fois, Flameria pensait avoir mit fin à la conversation, elle tourna des talons, dans un ample mouvement de façon à faire voler sa cape qui couvrait ses épaules et sa longue robe en fuseau. Alors elle entama, la tête haute, la descente des marches en espérant ne plus être importunée.

A la réaction de la reine, Mythos chercha à éviter son regard de braise et se mordit l'intérieur de sa lèvre pour s'empêcher de sourire. Il s'attendait à cette réplique et pourtant, même si elle tenait de la véracité, il avait le moyen de la contrer sans aucune difficulté. Et c'est ce qu'il allait faire. Flameria avait donc atteint le bas des escaliers, quand il se retourna pour l'appeler une nouvelle fois.

- Votre majesté !

L'intéressée se retourna, non sans agacement. Lui alla pour la rejoindre, d'un air sérieux et grave mais en même temps plein d'humilité et de respect. Alors il la regarda, constata une nouvelle fois sa beauté et commença :

- Je connais les lois de votre Royaume. Et je refuse de les remettre en cause. Cependant, je me permet de m'y opposer. Vous savez, son Excellence m'a nommé triumvir, je suis donc son plus proche collaborateur avec Alia. Par conséquent, je suis plus ou moins un Empereur. De fait, avec tout le respect que je vous dois, j'ai le droit d'exercer mon pouvoir sur vous, et, de la même manière, je peux accorder la grâce impériale. Ainsi, et ce sans votre accord, j'exige la dépénalisation de Shana Falmera et de toute sa famille.

Mythos, à ce dernier mot pacha un petit sourire amical, voire narquois qui n'allait qu'attiser l'ire de Flameria. Pourtant, il n'était pas assuré de réussir ce coup car officiellement il n'était pas encore triumvir puisque si l'Empereur lui avait fait cette proposition, lui n'avait pas encore remis son accord, acte qui faisait de lui, à ce même moment, triumvir impérial. Il espérait donc que la reine oublie ce détail. Dans le cas contraire, il jouerait du fait que sa décision était prise ; autrement dit qu'il allait être triumvir dans quelques minutes, le temps de retrouver le seigneur des Ténèbres pour ensuite imposer à Flameria sa grâce pour dépénaliser Shana.

C'est en bas des marches, que Flameria fut forcée d'admettre qu'elle avait, face à elle, ou plutôt quelques marches au dessus d'elle, une personne bien plus puissante. Ses traits se tirèrent et ses quelques rides devinrent plus saillants. Elle tenta de sourire cordialement, et se força de ne pas accuser Mythos d'abus de pouvoir. Alors elle s'inclina en gardant son sourire de façade et sa colère en elle.

- Ce sera selon vos désirs messires Mythos.

Et elle tourna des talons, lèvres pincées pour retrouver les deux soldats qui l'attendaient à l'autre bout du corridor. Elle resta interdite ainsi et espéra oublier cette humiliation en discutant avec le jeune Amon qui devait surement l'attendre dans la cabine du vaisseau volant.

Mythos regarda la reine s'en aller, petit sourire au lèvre, non pas par méchanceté ou sadisme mais plus navré par l'entêtement de la souveraine qui développait une rancune malheureuse et inutile envers la famille Falmera. Il alla pour reprendre son chemin quand une idée lui traversa l'esprit. Il se retourna une nouvelle fois vers la reine et l'appela. Celle ci s'arrêta, sans le regarder et le mage lui cria d'une voix douce et amicale :

- N'oubliez pas d'aller retrouver vos enfants majesté. Ils vous aiment.

Et sans attendre de réaction il partit dans la direction opposée afin de retrouver l'Empereur. Il était satisfait de cette discussion constructive avec la reine du Feu, et soulagé qu'elle n'est pas songé à lui faire remarquer qu'officiellement il n'était pas encore entré dans le triumvirat. C'était une belle journée qui allait donc se terminer mais le mage n'avait le temps de dormir aujourd'hui, il voulait s'assurer de la neutralité de l'Inquisition en consultant ses registres, commencer à réfléchir aux équipes de recensement des dégâts de la guerre, mettre en place des mesures avec le seigneur noir et surtout, prendre du bon temps avec Alia qui allait surement se retrouver seul dans ce grand palais.

FIN DU TOPIC