Et si on en parlait ?

Suite à sa courte discussion avec le seigneur Mythos, Flameria était très en colère d'avoir été aussi humiliée. Dans le navire elle s'était enfermée dans sa chambre et même Amon n'avait pu discuter avec elle. Ce n'est que de retour dans son pays qu'elle sorti de sa chambre, somptueusement vêtue, comme toujours. Depuis l'entrée du volcan, la foule l'acclamait. Ils avaient gagné la guerre ! Il faut savoir qu'au Royaume du Feu, la population était assez bélliqueuse et qu'ils ne sentaient pas le besoin de faire la paix. Seulement, ils soutenaient les décisions de leur Reine et de leur Empereur. Ainsi, les terres d'Effet avaient retrouvés leur calme d'antan mais avec une grande fierté de victoire. La reine était donc accueillie en héros et répondit à son peuple par un grand geste de la main. Dans Faal Vintaas était un palais sous-terrain accessible par une route de lave. C'était donc une route qui descendait abruptement vers les profondeurs jusqu'au sublime palais du Ier Age. Quelques dizaines de minutes plus tard, l'embarcation fut à destination et la reine posa pied à terre, sur l'imposant escalier pour monter jusqu'au Palais. Amon la suivait mais ils ne discutaient pas. La reine était encore trop pensive par rapport à ce que lui avait ordonné Mythos. C'est à ce moment qu'elle réalisa, ou plutôt se rappela du jour de la prononciation de la sentence. Ce jour là elle avait appris que son presque fils, Amon, était amoureux de cette ancienne Rebelle. Elle avait donc eu un tel choc émotionnel qu'elle ne sut qu'elle sentence annoncer. Alors, la reine réalisa que finalement, faire revenir Shana ferait plaisir à son fils et à ses yeux, le bonheur de ses enfants est plus important que la loi.
Elle se tourna à un moment, une fois en haut des marches pour regarder l'intéressée et elle se rendit compte que jamais plus elle n'avait abordé le cas de Shana avec lui. Elle se mordit les lèvres en tournant vite sa tête et s'en voulut.
La porte franchie, on l'annonça. Elle n'était pas fatigué des centaines de marches montées, bien au contraire, elle rayonnait devant ses courtisans qui l'acclamaient. Elle les remercia d'un geste de tête et parti directement dans son boudoir, sans rester avec ses ministres et ses proches. Après un moment de réflexion seule, elle fit venir un majordome pour lui ordonner :

- Fais moi venir le Grand Inquisiteur du Royaume.

Lorsque la reine arriva au navire, elle semblait fortement mécontente. Amon avait tenté de connaître la raison de cette colère, mais elle refusa d'adresser le moindre mot à quiconque et s'enferma dans sa cabine durant toute la durée du voyage. Le jeune homme ne chercha pas à lui parler après cela, comprenant qu'elle avait besoin d'être seule. Lorsqu'ils arrivèrent elle sembla plus ouvert face à son peuple, mais bien qu'Amon la suivait de près lorsqu'ils traversèrent le palais, il n'échangèrent aucun mot. Ils arrivèrent là où s'était produit l'incident avec Shana. Ce lieu rendit mal à l'aise le jeune homme qui ignorait encore comment il allait annoncer ses fiançailles avec la jeune fille, et même s'il aurait le courage de le dire tout court à la reine. Rapidement, celle-ci s'isola à nouveau et l'Inquisiteur se rendit dans ses appartements. Il avait besoin de tranquillité avec tous les évènements qui s'était produit. Il se posa donc à son bureau. Il espérait que son père lui répondrait bientôt. Il ressorti ses lettres et se remit à les lire. Au bout de quelques minutes, on frappa à la porte et celle-ci s'ouvrit sur l'ordre d'Amon qui ne leva cependant pas les yeux de ses papiers.

- Mon seigneur, pardonnez-moi mais sa majesté réclame votre présence. Elle est dans son boudoir.

- Merci je m'y rend.

Le majordome s'inclina et sortit en refermant la porte. Amon repliales lettres et les rangea dans son tiroir. Il se leva et sortit de ses appartement. Le jeune homme marcha très peu car les appartements de la reine étaient proches des siens. Il frappa et entra sur l'ordre de la reine. Il s'inclina respectueusement.

- Votre majesté, vous m'avez fait demandé.

La reine était vêtue d'une longue chemise de nuit rouge (car le crépuscule venait de pointer) bordée de dentelle reproduisant les flammes du feu. La traine formait au sol un pétale de rose et c'est de profil qu'Amon l'aperçut lorsqu'il entra dans le boudoir. Il put contempler sa coiffure, une fois de plus très sophistiquée, tenue par une broche en rubis, laissant tomber en cascade deux nattes, le reste des cheveux étant tenu dans un chignon haut. Une nouvelle fois, les dames de chambre avaient fait un travail méticuleux.

- Bonsoir Amon.

La reine lui délivra un sourire. Ce n'était pas la première fois qu'Amon venait dans son boudoir, un lieu pourtant hautement intime. Il y avait là tous ses secrets, comme le tableau de sa mère, ou l'une de ses peluches lorsqu'elle était petite fille. La reine s'assit sur le canapé et invita son enfant à s'asseoir à côté.

- J'espère que tu as passé un bon séjour au palais de Cristal, je n'ai pas eu l'occasion de te voir ces derniers temps, je te prie de m'en pardonner.

Elle croisa ses jambes et passa un doigt derrière ses oreilles pour défaire une petite épingle qui lui trait une mèche de cheveux. Quelle tragédie, elle venait de défaire en partie le chef d'oeuvre capillaire qui trônait sur son crâne et qui avait nécessité presqu'une heure. En même temps elle demanda :

- Dis moi te souviens-tu du jour où tu m'avais dévoilé ton amour pour une petite exilée ?

Flameria détacha une boucle d'oreille, puis l'autre et les rangea dans un petit coffret d'or serti de pierres précieuses.

Comme toujours, la reine était soignée et resplendissante, même si elle portait une tenue pour la nuit. Cela ne gênait en rien le jeune homme de se trouver dans le boudoir de sa souveraine car il était habitué, et il la considérait un peu comme une mère, alors c'était presque normal qu'il puisse venir dans cette pièce. Flameria semblait plus sereine que lorsqu'ils s'étaient séparés un peu plus tôt dans la soirée. Elle le salua doucement ce qui détendit le loup-garou. Il vint s'asseoir auprès d'elle lorsqu'elle le lui indiqua.

- Ne vous en faite pas j'ai été très occupé, ce n'est en rien votre faute, vous n'avez pas à vous excuser.

Dit-il, souriant, en réponse à la phrase de sa souveraine qui indiquait qu'elle s'excuser d'avoir passé peu de temps avec lui là bas. En réalité, il avait envie de répondre "C'était le plus beau séjour de ma vie, j'ai revu celle que j'aime et nous nous sommes fiancés !" mais ce n'était pas vraiment la meilleure façon d'aborder le sujet. C'est alors que la reine se mit à parler de Shana. Amon se raidit un peu et perdit son sourire. Pourquoi lui parlait-elle de ça tout à coup ?

- Eh bien... oui...

Murmura-t-il, s'inquiétant de ce que son interlocutrice allait lui annoncer. Avit-elle été mit au courant de quelque chose ? Allait-il se faire gronder sévèrement ?

La réaction d'Amon ne marqua pas la reine qui ne sembla même pas avoir remarqué son raidissement. Peut-être parce qu'à ce moment même elle faisait attention de bien retirer ses lourdes boucles d'oreilles et non au visage de son enfant. Elle se renfonça dans son fauteuil, de profil pour pouvoir regarder le jeune homme et une nouvelle fois elle lui sourit.

- M'avoir annoncé cela le même jour de la condamnation de son grand père m'a vraiment mis mal à l'aise. De quoi ai-je l'air ? Assassiner l'homme le plus proche de celle que tu m'aimes. Rien que d'y penser je me sens mal à nouveau. Cependant, Efreet et mon peuple réclamait une tête. Et tu sais combien notre peuple est rancunier.

Elle sourit de cette dernière remarque. Elle-même était très rancunière. Elle ne pouvait donc se poser en donneuse de leçons.

- Du coup, je tenais à m'excuser du mal que j'avais pu ainsi te causer. Tu sais, je n'ai jamais été opposé à ce que tu rencontres quelqu'un, voilà vingt ans que je m'y prépare.

Elle rite une nouvelle fois.

- Mais je dois avouer que l'amour réserve parfois bien des surprises : mon propre enfant aimant une ennemie de la nation. Je dois t'avouer que ça n'est pas coutume.

Le fait qu'elle appelle Amon "son enfant" n'avait jamais choqué aussi bien la reine que l'intéressé. C'était une habitude qu'elle avait prise depuis le jour où elle avait décidé de s'occuper de lui. Ce n'était à ses yeux ni un lapsus, ni une erreur, mais la vérité : Amon était son fils adoptif. C'est alors que la reine pris un air plus grave, en gardant néanmoins sa tête droite, mais en prenant soi de ne pas croiser les yeux d'Amon, de peur d'être déstabilisée.

- De fait, j'aimerais être pardonnée de la sanction que j'ai pu prise à son égard.

Amon écouta la reine parler de son ressenti vis à vis de ce qui s'était passé et comprenait. Elle était peut-être sévère mais elle avait quand même un cœur et si elle ne e montrait pas toujours, elle pouvait souffrir de certaines actions qu'elle entreprenait. Il était vrai que e peuple du Feu était rancunier, tout comme leur souveraine, et c'était également le cas d'Amon. Mais il considérait que Shana était innocente de ce qu'avait fait ses ancêtres.

- Vous n'étiez en rien la cause de ma douleur. C'est à moi que j'en voulais horriblement.

Murmura le jeune homme en prenant un air sombre. Mais à la phrase suivante de sa souveraine, Amon leva la tête dans sa direction et prit un air surpris. Finalement, sa mère adoptive semblait avoir accepté l'idée qu'il soit tombée amoureux de Shana, elle n'en parlait pas avec colère mais en riant. Mais elle prit un air grave lorsqu'elle parla de pardon. Amon ne put s'empêcher de saisir sa main :

- Votre majesté, vous n'avez nullement besoin de vous faire pardonner. Les lois sont les lois et c'est ainsi. Vous avez agit comme une reine doit agir et prsonne ne peut vous blâmer pour cela. Vous avez fait votre devoir, contrairement à moi... Cependant je ne comprend pas... Pourquoi voulez-vous vous faire pardonner pour sa sanction ?

La reine sentit un tsunami de chaleur l'envahir quand Amon lui prit sa main. Cela lui faisait tellement plaisir qu'elle en ferma ses paupières en rabattants ses cils maquillés. Ces discussions lui avaient manquée et pourtant elle voyait assez souvent son enfant. Ce dernier lui demanda finalement pourquoi s'excuser, autrement dit qu'est-ce qu'elle se reprochait. Flameria haussa les épaules, un peu confuse et s'expliqua :

- A cause de moi j'ai compliqué ta vie sentimentale, voire je l'ai rendue impossible. Peut-être même que depuis tu n'en as plus. Comment la jeune Flamera pourrait-elle m'accepter comme mère de son amant alors que j'ai fait tué son grand père !

Elle en frémit et chassa cette idée de la tête.

- C'est peut-être pour ça que je serai soulagée de savoir que ta romance avec elle s'est achevée. Dans le cas contraire, il me faudra prendre sur moi et essayer de me faire pardonner. Vois-tu j'ai une sainte horreur de ne pas être aimée.

Elle se leva brusquement et s'agita dans son boudoir en remuant des mains pour symboliser ses deux personnalités.

- D'un côté je suis une mère et de l'autre une reine ! C'est difficile de concilier les deux ! Que les lois sont sévères. Heureusement que l'Empereur a un droit de grâce pour me sortir de ses situations !

Elle retomba sur le divan. Elle venait de citer Darkhell alors qu'elle pensait à Mythos. C'était en fait un mensonge voulu pour ne pas avoir à rappeler à la reine que c'est un ex-Rebelle qui lui ordonna de gracier Shana, mais son plus proche collaborateur et ami, le seigneur Magister.

Ainsi la reine accepterait que Shana soit l'amante du jeune homme ? C'était ce que se demandait Amon lorsqu'elle dit "" Il comprenait qu'elle sentait le poids de la culpabilité la mettre au supplice. Cela provoqua un peu de peine chez le jeune loup-garou. Mais lorsqu'elle dit qu'elle espérait que sa romance avec Shana soit terminée, il se raidit à nouveau. Même si c'était parce qu'elle ne voulait pas que la jeune guerrière lui en veuille, elle vait quand même bien dit qu'elle espérait que ce soit terminé.

- Je comprend ce que vous ressentez lorsque vous dites que vous souffrez entre votre devoir de reine et votre cœur. Pour tout vous dire, je ressens la même chose depuis ce jour...

Mais tout à coup, la reine parla du droit de grâce de l'Empereur. Amon sentit un frisson d'espoir le parcourir et il se leva, fixant la reine qui était debout dos à lui.

- Votre majesté ? Shana va être graciée ?

Demanda le jeune homme. Il ne put cacher la légère lueur d'espoir qui brillait au fond de ses yeux et de sa voix. Tout s'arrangerait-il e sa faveur ? La chance lui souriait-elle enfin ? Le cœur du loup-garou se mit à battre rapidement, il attendait de savoir si sa bien-aimée allait être libre de le rejoindre ou non.

Amon décida d'entrer dans le vif du sujet. Il était évident que ce dernier était toujours fou amoureux de la petite Shana. C'est pourquoi la reine baissa la tête, avec un sourire témoignant d'un certaine déception. La pauvre... Comment sera-t-elle pardonnée ? C'était impossible, bien évidemment. Le mal avait été fait et désormais il fallait s'y accommoder.

- Alors tu l'aimes toujours...

Flameria redressa la tête et se mit à sourire en dévoilant une dentition blanche parfaitement constituée. Elle hocha la tête et annonça :

- Shana et sa famille sont autorisés à revenir vivre dans mon Royaume.

La joie illuminait son visage car elle savait que son enfant serait heureux de retrouver sa dulcinée et de pouvoir vivre une idylle avec elle dans sa terre natale.

Amon se sentit un peu mal lorsque la reine afficha son air de déception. Cela ne lui plaisait pas de la décevoir ou de la faire souffrir, mais qu'y pouvait-il ? L'amour ça ne se contrôle pas, tout le monde le sait. Et puis, elle était bien tombée amoureuse du roi Eros, ayant même trois enfants avec lui, et désormais elle haïssait cet homme plus que tout, elle savait donc ce que c'était que tomber amoureux sans contrôle. Le jeune homme ne mentit donc pas à sa souveraine, il ne lui avait d'ailleurs jamais menti :

- En effet, je l'aime toujours.

Reconnut-il en baissant la tête à son tour. Mais sa mère adoptive le prenait mieux que prévu ce qui rassurait le jeune loup-garou. Cependant il était encore trop tôt pour lui parler des fiançailles, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, déjà elle commençait à peine à accepter leur relation. Mais c'est alors que la reine annonça à Amon que sa fiancée et sa famille pouvaient à nouveau revenir vivre dans le royaume. Elle l'annonçait avec le sourire. Un instant le loup-garou la fixa la bouche béate, puis il se retint de lui sauter au coup, tant le bonheur qui l'envahie était immense. Il fit son maximum pour ne pas exprimer une joie explosive mais c'était très difficile, un aveugle aurait remarqué sa joie.

- Votre majesté c'est... C'est fantastique ! Je veux dire, c'est une bonne chose enfin... Merci, pour elle et pour eux, et... Pour moi...

Le jeune homme était un peu gêné d'être aussi souriant et il tremblait un peu tellement il était content, mais cela le gênait pour sa reine. Mais la chance lui souriait, tout s'arrangeait parfaitement pour lui.

Devant l'excès de joie contenue d'Amon la reine ne put que rire. Elle aurait voulu se retenir mais la situation était bien trop cocasse ! Son fils était si amoureux qu'il ne parvenait à contrôler ses émotions devant sa mère adoptive qu'il ne voulait pas blesser. Mais bien au contraire, elle n'était ni scandalisée ni réellement déçue de tout cela. Une fois calmée, en buvant en verre d'eau, la reine s'assit sur un autre fauteuil. Soudainement son regard s'assombrit. D'une voix claquante elle s'exclama :

- Que fais-tu là encore !

Amon surpris pas ce changement de ton et sans en comprendre la nature ne devait surement pas comprendre. Il du attendre que sa souveraine continue d'un air beaucoup plus doux et humoristique :

- Si mon amant devait m'annoncer une aussi bonne nouvelle je serais folle de rage de devoir attendre une minute de plus. Tu vas quand même lui annoncer sa libération !

Et elle se leva et lui fis un petit geste de la main pour qu'il s'en aille.

- Allez hop hop hop hop hop ! L'amour n'attend pas ! Surtout du côté d'une femme !

Ah les femmes, elles étaient aux yeux de Flameria l'essentielles de tout. Il fallait être à leur disponibilité et les aimer le plus grandement possible. Aimer quelqu'un était dur, mais au Royaume du Feu et aux yeux de la Reine, aimer une femme l'était encore plus car c'était un art quotidien. Et ce fut surement pour cette raison qu'elle quitta son dernier mari, Eros. Elle lui demandait trop si bien qu'il ne pouvait même plus vivre une vie professionnelle. Flameria était très exigeante, et depuis, elle savait que jamais plus elle se trouverait l'amour, car au fond, elle savait que ce qui comptait pour une femme c'était l'amour de ses enfants.

Amon fut un peu perturbé par le rire de sa mère adoptive. Il se sentit également gêné, comprenant qu'elle s'amusait de son comportement. Mais en même temps cela le rassura, car cela prouvait que la reine ne prenait pas mal le fait qu'il soit aussi joyeux. Mais il fut très surpris lorsqu'elle lui demanda tout à coup ce qu'il faisait encore là. Il allait parler lorsqu'elle lui expliqua son point de vue sur la situation et donc pourquoi elle le mettait presque dehors. Il se mit à sourire, amusé et heureux.

- Bien sûr votre majesté, vous avez tout à fait raison. je vous remercie de me laisser l'honneur de lui annoncer cette bonne nouvelle. Encore merci votre majesté.

Il s'inclina et commença à se diriger vers la porte. Son coeur était léger et il sentait des ailes lui pousser dans le dos. Il savait qu'il ne lui faudra que quelques petites minutes pour préparer ses bagages et prendre le départ vers la maison de son père. Il avait hâte de revoir ce dernier, car cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Et il imaginait déjà la joie de sa chère et tendre promise lorsqu'il lui annoncerait la bonne nouvelle.

Flameria redevint plus sérieuse en regardant Amon s'en aller. Elle se leva pour l'accompagner jusqu'à la porte et le regarda s'en aller avec un sourire. Cependant, avant qu'il ne franchisse la porte, elle réalisa que le chemin serait long jusqu'aux frontière du Royaume. Ainsi, la reine attrapa le Grand Inquisiteur par le poignet pour l'empêcher d'aller plus loin.

- Attend Amon.

Ce qui pouvait surprendre le jeune homme n'était pas de se faire arrêter de la sorte mais plutôt la douceur de la poigne de sa souveraine qui l'avait interrompu sans aucune force, bien au contraire, un peu comme une mère qui voulait une dernière fois embrasser son fils. Cependant, là Flameria détacha un bracelet de son poignet qu'elle mit dans la poche de son enfant. Le bijoux était serti d'une petite pierre blanche de magie et n'avait encore jamais quitté le poignet de sa propriétaire. C'était la première fois qu'elle le confiait à quelqu'un :

- Prend ce bracelet diplomatique ; il me sert à me téléporter dans n'importe quel lieu auquel je pense en touchant la pierre. ça t'évitera de devoir prendre les gares télépotrices, comme l'Inquisition a bloqué toute magie pour se téléreporter, tu pourras directement arriver chez ton amante.

En effet, l'Inquisition avait interdit les moyens de téléportation individuelle, hormis pour les souverains et diplomates à l'aide de leur magie ou de bracelet prévu à cet effet. Tous les autres Télaniens devaient se déplacer rapidement par les cheminées de téléportations, dans les gares des capitales. En donnant son bracelet diplomatique à Amon l'Inquisition ne s'inquiéterait pas car ils identifierait la personne téléportée comme quelqu'un d'important et donc non dangereux. Seulement, la reine du Feu ne pensa pas qu'Amon pouvait avoir son propre bracelet diplomatique en tant que Grand Inquisiteur.
Enfin, la reine l'embrassa en l'enlaçant et en profita pour glisser discrètement une enveloppe cachetée dans laquelle un mot avait été inscrit par sa mère adoptive. Il s'agissait d'un message lui demandant de s'excuser pour tout cela et surtout pour lui annoncer qu'elle n'était pas prête à ce que Shana (même si elle ne la nommait que par son nom de famille), ne revienne dans la capitale. C'est pourquoi elle avait écrit dans la lettre que Shana et sa famille n'était pas encore autorisé à venir à Faal Viintaas.

Alors qu'Amon s'apprêtait à franchir la porte, la reine le retint avec douceur. Il 'arrêta donc et se retourna en partie vers elle. Il vit rapidement la main de sa mère adoptive glisser le bracelet dans sa poche. Mais le jeune homme le récupéra et le remit délicatement dans la main de la belle femme. Il lui sourit. En tant que Grand Inquisiteur, lui aussi avait un bracelet, et étant donné qu'il faisait partie lui-même de l’Inquisition, personne ne se poserait la moindre question à son égard, il était plus protégé que la reine elle-même.

- Votre majesté, j’apprécie beaucoup votre geste, mais j'ai déjà mon propre bracelet. N'oubliez pas que je suis grand Inquisiteur du royaume. Mais cela me touche beaucoup. Et je ne vais pas chez Shana mais chez moi père, elle se trouve là bas.

Il sa laissa embrasser et rendit son étreinte à sa mère adoptive. Il ne s'aperçut pas qu'elle lui glissait une lettre dans la poche. Une lettre dans le contenu risquait de décevoir le jeune homme, car cela signifiait se marier loin du palais, et ne pas vivre tout le temps auprès de sa future femme. Pourtant ce qu'on lui offrait était déjà immense.

- Au revoir votre majesté, vous êtes une personne vraiment merveilleuse et une excellente reine. Et aussi la mère idéale. Moi qui était orphelin j'ai eu la chance de trouver des parents merveilleux.

Il pensait vraiment ce qu'il disait et il n'avait jamais pris le temps de dire à la reine à quel point il l’appréciait et ce qu'il pensait vraiment d'elle. Et ce petit moment d'intimité était l'occasion de le faire. Il lui sourit, s'inclina à nouveau et sortit en se dirigeant vers ses appartements où il allait rapidement faire ses bagages.

Flameria regarda Amon s'en aller, le bracelet entre ses mains. Il avait raison, elle en aurait peut-être besoin le temps de son absence. Lorsqu'il disparut dans le couloir, alors que son poing était serré nerveusement sur sa robe de chambre, elle ferma la porte et perdit tout son sourire. Les dernière paroles d'Amon l'avaient bouleversée, elles sonnaient comme un long départ, presque elle s'imaginait de ne plus jamais le voir. La pauvre mère avait déjà perdu ses trois enfants lorsqu'on les lui avaient enlevé, soit disant parce qu'elle était devenue trop dangereuse ; c'est de la sorte que pour elle, Roy, Alia et Anna étaient morts à ses yeux ; depuis sa côté maternel et prévenant avait explosé et ce sur Amon. De fait, un simple éloignement devenait pour elle difficile voire impossible, à s'imaginer les pires situations, comme son fils assassinés dans un trajet, une tempête qui détruit son navire, bref, des catastrophes rares quoiqu'inquiétantes. C'est pourquoi, dans un excès de rage, Flameria donna un grand coup dans un vase importé du Royaume de l'Air — surement le dernier présent qu'elle pouvait avoir d'Eros— qui explosa en mille morceaux au sol. Alors, elle se laissa tomber sur le lit du boudoir et éclata en sanglot. Elle le voulait pas que son enfant l'oublie pour une autre, d'autant plus que cette autre ne viendrait jamais au Palais du Feu et encore moins saluer la souveraine qui lui avait infligé un dur châtiment et la mort de son grand père. Flameria avait toujours été soulagé de l'éloignement de Shana car cela obligeait Amon à la voir peu souvent ; mais en la faisant revenir au Royaume du feu, le Grand Inquisiteur pourrait plus facilement la retrouver et donc délaisser sa reine. Cette dernière, toujours le bracelet entre ses doigt, tentait de retenir les quelques larmes qu'il lui restait en repensant à la lettre laissé dans une des poches de son enfant :

"Cher Amon, mon enfant, mon amour,

Je me suis longtemps préparée à ce qu'un jour tu trouves quelqu'un pour remplacer l'amour maternelle par l'Amour véritable, celui avec un grand A, celui qui fait chavirer des coeurs et qui nous marque à tout jamais. Si c'est bien celui là, j'espère que cette maladie qui t'a infectée ne te quittera jamais, car le plus dur avec la maladie d'Amour, c'est lorsqu'on en guérit.

Si tu as cette lettre c'est que je sais que cet Amour est toujours partagé avec la jeune Shana Falmera (tu remarqueras que j'ai retenu son nom, moi qui ai une très mauvaise mémoire). Je pensais qu'en l'exilant loin, votre romance ne durerait pas ; or surprise de savoir qu'elle a tenue, je ne peux qu'être certaine qu'il s'agit la d'un amour éternel.

L'Empereur, ou plus précisément le Triumvirat Imperial a décidé, à peine formé de gracier Shana au nom de l'Entente. J'ai accepté, non sans mal, non pas pour toi mais pour mon estime. Imagine moi bien, j'ai appliqué une loi dure et l'on m'ordonne de revenir sur mon jugement. J'ai du m'y résoudre et en ce moment, alors que la mère est d'un calme doux, je ne regrette pas d'accorder à une famille le bonheur de retrouver sa patrie. Seulement, cette décision avait pour conséquence de te redonner celle que tu aimais (dont pardonne moi je t'ai privé plus ou moins volontairement pas jalousie). Ainsi, je sais que désormais tu vivras ta vie avec elle, au Royaume du Feu en sachant évidemment que je ne te verrai plus que quelques jour, dans un cadre professionnel puisque le reste du temps tu seras avec ta bien aimée. Tu me diras : "mais nous nous retrouverons tous, toi, Shana et moi certains soirs, même très souvent", seulement vois-tu, je ne suis pas prête à faire face devant une jeune fille, qui puisse-t-elle être parfaite, ne me pardonnera jamais d'avoir détruit sa famille et une partie de sa vie. C'est pourquoi Shana n'aura pas le droit de se rendre à Faal Viintaas, de peur que je puisse la croiser.

Comprends moi Amon, en espérant que le temps puisse me pardonner.

Ta vieille mère

PS : embrasse ton père de ma part et dit lui que la porte de mon Palais lui est toujours ouverte."

FIN DU SUJET