En attendant la fin de la peine

Roy avait du partir lorsque Condor était venu lui annoncer une réunion imminente entre le roi et Valmer. Je n'avais jamais eu confiance en cet homme perfide, et j'avais remarqué l'inquiétude sur le visage de mon ami lorsque le capitaine de la garde était venu l'informer de la situation. Il nous avait demandé à Dalion et moi de rester au campement en attendant ses ordres. Mais nous n'étions pas du genre à rester sans rien faire, et nous avions décidé de ramasser la vaisselle pour la faire. Comme nous ne voulions pas rester sans rien faire, nous avions insister pour nous occuper seulement à nous deux de toute la vaisselle du campement, car il n'y avait pas grand chose à faire d'autre et que nous ne voulions surtout pas rester sans rien faire. Après avoir lavé, rincé et essuyé la vaisselle, nous étions en train de la ranger. Nous posions la dernière assiette sur la pile propre lorsque le capitaine de la garde, Condor, revint auprès de nous pour nous informer des ordres de Roy.

- Vos altesses, j'apporte des ordres de la part de son altesse le prince Roy. Messire, le prince vous prie de rester ici et d'aider au mieux au camp, il vous enverra en mission de ravitaillement très bientôt. Quant à vous princesse Kali, il souhaite que vous le rejoignez. Je dois vous escorter jusqu'à lui.


J'eu de la peine pour Dalion qui ne pouvait se rendre à la capitale. J'imaginais combien sa frustration devait être grande de devoir rester en arrière. Il me salua en tentant de faire bonne figure et se plia aux ordres de Roy sans broncher. Je posai une main compatissante sur son épaule avant que nous nous séparions. Il partit en quête d'une quelconque aide qu'il pourrait apporter au camp. Lorsqu'il disparut derrière une tente, je me tournai à nouveau vers Condor. Celui-ci avait l'air aussi désolé que moi de voir le jaguaran laissé derrière.

- C'est triste d'être obligé de le mettre à l'écart... La sentence était vraiment injuste ! Rouspéta le jeune homme.


- Oui, mais malheureusement nous ne pouvons rien faire. Et s'il n'obéit pas les choses risquent de s'aggraver pour lui. Nous devrions y aller, Roy nous attend. 

- Vous avez raison votre altesse, pardonnez-moi. 

Il siffla et un jeune garçon vint vers nous avec deux hippogriffes, l'une des montures les plus répandues au royaume de l'Air. Je pris place sur l'un d'eux tandis que le capitaine prenait l'autre et nous partîmes en direction de la capitale. Les bêtes ailées prirent leur élan dans un galop impressionnant, puis déployant leurs magnifiques ailes, ils s'envolèrent. L'envol me fit ressentir des fourmis dans l'estomac, mais une fois dans les airs et stabilisés, je me senti bien. Il y avait quelque chose de très agréable dans le fait de voler. Mais ce plaisir s'écourta rapidement lorsque nous arrivâmes en vue des murs de la capitale. Le spectacle macabres m'accabla tout autant que la veille.Toute l'horreur qui se dégageait de ce lieu me prit de nouveau à la gorge et à l'estomac et la suite du court voyage se déroula dans le silence. Une fois sur place j'admirai le courage de tous ces gens qui venaient ramasser les cadavres pour les transporter jusqu'au lieu où ils devaient être inhumés. Je compris rapidement ce qu'il y avait à faire. Roy se trouvait un peu plus loin et il semblait très occupé, aussi pris-je l'initiative de commencer à aider à ramasser les cadavres. Le premier fut le plus difficile, mais la suite, bien que pénible, fut un petit peu moins dur.

Alors que Dalion était allongé dans sa tente, pensif, une ombre se faufila auprès de lui. Son instinct animal aurait du le faire réagir, mais cette ombre était si discrète que même lui ne la perçut pas. Il sursauta en entendant le bruit sourd de plusieurs objets petits et métalliques percutant le sac. Lorsqu'il se retourna, il vit une femme vêtue entièrement de noir, la moitié du visage caché. Elle le fixait avec ses yeux verts, mais son visage semblait inexpressif. À ses pieds était posé quatre sac en toile assez imposant remplis de pièce d'or. C'était ces sacs lourdement chargés qui avaient atterris sur le sol qui avaient fait le bruit qui avait fait se retourner le jaguaran. Avant que ce dernier puisse dire quoi que ce soit, la femme claqua des doigts et la tente fut recouverte d'un d'un sortilège invisible. Alors la femme prit la parole.

- Cent mille pièces d'or, de la part de son altesse, la princesse Alia. Partez tout de suite pour régler votre butin, n'informez que le prince Roy et soyez discret. 

Kara avait parfaitement accomplie la première partie de sa mission, mais elle voulait en finir au plus vite désormais. Elle tenait à rentrer rapidement rassurer sa supérieure de la réussite de la mission. ELle ne cilla pas un seul instant, continuant de regarder le jeune homme, immobile. Elle avait conscience qu'à tout instant, il pouvait refuser ou ne pas la croire, mais elle restait impassible, impassible à tout. Elle se tenait face à lui telle une statue de cire.

Kara continuait de fixer le jeune homme, immobile. Elle avait espéré qu'ils pourraient partir immédiatement après qu'elle lui ait donné des explications, mais le jaguaran en avait décidé autrement et faisait traîner les choses en demandant des preuves. Le femme de la Brigade des Ombres soupira intérieurement. Sans lâcher Dalion du regard, elle plongea sa main dans sa sacoche en cuir noir accrochée à sa ceinture et en sortie un papier. Elle le déplia et le tendit à Dalion.

- Le sceau de son altesse. Il ne peut être truqué ou refait comme vous le savez. Ne touchez pas le papier.

Elle attendit patiemment que son interlocuteur inspecte le sceau à sa guise. On pouvait se dire qu'il était dangereux qu'un membre de la brigade des ombres se balade avec un papier sur lequel était apposé le sceau de l’Élue du Bien, or une formule inscrite à l'encre invisible sur le papier plié, faisait en sorte que celui-ci brûle au moindre contact d'une personne à qui le message n'était pas destiné, effaçant le sceau. C'était pour cette raison que Kara avait expressément indiqué au jaguaran de ne pas toucher le papier, bien qu'elle n'en ait plus besoin. Si le papier brûlait avant que Dalion ait pu jeter un regard assuré sur le sceau, il n'aurait plus sa preuve tant désirée et les négociations s'éterniseraient encore.


- Voilà seigneur, vous avez eu votre preuve. Il est temps pour vous de partir maintenant. 

Bien qu'elle ait dit cela, la femme tenait toujours le papier bien en vue du jeune homme, droite dans son impassibilité.

La journée avait été rude et fatigante, mais je m'étais pliée à toutes les tâches qui se présentaient. Quand je pensais que ce peuple vivait cela depuis des jours. Certes, cela était éprouvant pour moi, mais ce n'était pas mon royaume, ma ville, l'endroit où j'habitais, et les gens que je connaissais comme mes amis, ma famille, mes voisins ou autre. J'imaginais à quel point cela devait être difficile pour eux. Roy m'avait rejoint à la fin de la journée pour que nous retournions ensemble au campement. Il n'avait pas l'air satisfait de la situation avec Valmer mais il ne m'en dit rien. Il se contenta de me parler du travail de la journée et de mes efforts.

- Je t'en prie Roy, c'est tout à fait normal que je vous aide. Vous m'accueillez ici après tout. Pour ce qui est de mon courage et de ma persévérance, je dirais que mes actions viennent plutôt du fait que mon... enfin que le royaume de l'Eau a traversé une guerre civile. Quand le roi était encore prisonnier, j'ai passé plus de temps à veiller aux réparations des maisons et au soin des morts et des blessés qu'à l'administration du royaume. Mais je dois reconnaître que c'est bien la première fois que je vois un le spectacle.

Nous arrivâmes enfin au campement. Celui-ci avait déjà été rallié par la plupart des habitants du royaume et de la capitale ayant terminé leur travail. Je remarquai que Roy cherchait quelque chose ou quelqu'un du regard. Dalion bien sûr. Il était surprenant de ne pas voir le jaguaran lui qui se languissait notre retour.  Le prince demanda où il se trouvait, ce à quoi on lui répondit que son meilleur ami avait prit la route sur son ordre pour aller chercher des vivres. Seul. Roy fit mine de se rappeler, mais je compris qu'il n'en était rien. Dalion était parti de son propre chef et Roy ignorait où il se rendait. Nous prîmes notre repas mais mon ami s'était enfermé dans un silence songeur. Je le suivis près le repas pendant qu'il semblait chercher son meilleur ami, mais il ne me parla pas plus. Il se contenta de me souhaiter le bonsoir avant de rentrer dans sa tente. J'avais un peu de la peine pour lui, avec tout ce qu'il endurait, il faisait désormais face à une inquiétude supplémentaire. J'allai me coucher à mon tour. 
Le lendemain matin, j'avais bien réfléchis à la situation. Je me levai assez tôt, le jour pointait à peine au loin. Le campement baignait dans une lumière grise. Il faisait frais et humide. J'ajustais ma veste de manière à ne pas frissonner puis je me rendis vers le tente de Roy. J'entrai sur son ordre. Lorsque je le vis, son visage ne me réconforta pas. Il avait les traits tiré et les cheveux en bataille, lui qui était toujours si soigné. 

- Roy, je vois bien que tu es inquiet depuis ton retour au campement. Il est évident que tu ignores où est partir Dalion. Si tu le souhaites, je peux partir à sa recherche.

Roy tenta de s'arranger du mieux qu'il pu mais le résultat ne fut guère glorieux. Je tentai de ne pas le lui faire comprendre par mon regard, mais il avait comprit depuis mon entrée dans la tente qu'il faisait peur à voir. Il 'expliqua alors qu'il savait où se rendait Dalion, mais qu'il s'inquiétait de le savoir seul sur le chemin, notamment à cause de ce qu'il transportait. J'ignorai de quoi il s'agissait, mais il m'apparaissait clairement que cela était de grande valeur. Après quoi il me confia qu'il s'inquiéterait d'avantage de me savoir sur les routes avec le jaguaran. Ce à quoi je ne put m'empêcher de répondre :

- Mais à deux nous serions plus forts. Je pourrai protéger ses arrière set lui les miennes. S'il est seul, personne ne saura s'il lui arrive quoi que ce soit. Laisse-moi aller le retrouver, nous resterons discrets et nous pourrons veiller l'un sur l'autre. Je t'enverrai régulièrement des messages pour te rassurer. 

Je vis que Roy n'était pas très convaincu. Pourtant, j'étais persuadée qu'il serait plus rassuré si je rejoignais Dalion. Cela incluait que j'abandonnais mon travail ici, mais je me promis de revenir au plus vite avec notre ami pour terminer mon travail.

- Roy, fais-moi confiance. Je sais me battre, et j'ai été fille de marchands, je connais les routes et les gens qui les empruntent. Je ne suis pas une petite fille. Dalion aussi est fort, mais seul c'est beaucoup trop dangereux. Tu ne peux envoyer qu'une personne de confiance, il me semble que je suis toute indiquée. Je reviendrai vous aider dès que le travail avec Dalion sera terminé. 

Je ne lâchai pas le prince du regard. Il me fallait le convaincre. Mais dans le doute, j'ajoutai :

- Dans tous les cas, tu me connais, si je décide de partir je partirai.

Roy releva la tête pour fixer la princesse. Pourquoi insistait-elle alors qu'il venait de lui dire qu'il n'était pas d'accord ? Il soupira. il comprenait pourquoi Milo s'inquiétait autant pour la princesse. Elle avait un tempérament de feu, et elle était extrêmement têtue. Dans un sens, Kali avait raison, à deux ils seraient plus fort et plus en sécurité, mais le prince se sentait responsable de la jeune fille, et il ne pouvait se résoudre à la laisser partir.


- Kali, sois raisonnable. Que dirait Milo s'il apprenait qu'au lieu de te garder en sécurité ici avec moi je t'ai laissé partir seule sur les route pour retrouver mon meilleur ami ? Oui seule, car tu seras seule tant que tu ne l'auras pas retrouvé. Je sais où il se rend, je ne sais pas où il se trouve. 

Comme le jeune homme n'était pas convaincue, la princesse insista encore, mais Roy avait décidé de ne rien lâcher. Il ne la laisserait pas partir. Dalion était déjà partit seul, il ne pouvait pas laisser partir Kali.

- N'insiste pas, je t'ai dis que je ne voulais pas. 

Alors la princesse décida de sortir son argument imparable. Roy soupira de nouveau. Il prit le mot que son meilleur ami lui avait écrit et le relu puis il leva la tête vers Kali en souriant.

- Je crois que tu n'auras pas besoin de t'y rendre. Quelqu'un accompagne Dalion. Quelqu'un au service d'Alia. Quelqu'un de confiance. Je n'avais pas bien compris au début lorsque j'ai lu le message, mais maintenant je l'ai mieux compris.

Roy expliqua alors ce qui était indiqué sur le message du jaguaran en veillant à ce que leur conversation reste privée. Cela sembla convaincre Kali qui renonça à l'idée de partir chercher Dalion. Le visage de Roy sembla se détendre suite à cette nouvelle et ils partirent pour une nouvelle longue journée de travail...