Le Tournoi de Numarus

Et le jour J arriva. Voilà 15 ans que le Tournoi de Numarus n'avait pas eu lieu, interrompu par la guerre. Aujourd'hui, le nombre de spectateurs atteignait plusieurs millions, et l'on espérait en voir de plus en plus au fur et à mesure des qualifications, jusqu'à la finale, dans deux semaines.Les festivités commençaient à 20h par le grand défilé des souverains sur leurs chevaux, mené par le gouverneur de Numarus. Ainsi, dans les rues noires de mondes, où se mêlaient paysans, esclaves et bourgeois, les yeux étaient rivés sur le cadran de la grande horloge du palais.
Il ne restait plus qu'une minute...
Trente secondes...
dix...
Alors le carillon sonna les huit coups fatidiques.

Les grilles s'ouvrirent et l'on vit les deux chevaux blanc, couvert d'or et de tissus de gueule, du gouverneur et de sa femme, qui s'y tenaient fièrement, main dans la main, sous l'acclamation générale. La tradition voulait que les couples royaux se tiennent côte à côte, pour symboliser l'amour courtois honoré par ce grand tournoi. Ainsi, il y eut derrière le gouverneur et sa femme, le roi et la reine de la Foudre, montés sur le même cheval, lui devant dans son armure de sacre, portant un faisceau d'éclairs lumineux, et elle, en amazone, vêtue de sa plus belle robe, portant contre son flanc des épis de blé. Derrière, Flameria apparut, sur un sublime cheval de flamme, dans une robe encore plus étincelante que la veille. A ses côtés, Eros, lui aussi en armure, montait un fier pégase. Les deux souverains se devaient de marcher côte à côte, et même s'ils ne s'aimaient plus, donner l'impression d'une grande complicité. Il y eut ensuite Atlant, Stalven, et Drakos, chacun plus beau les uns que les autres suivit après de tous les souverains des royaumes non Elémentaire, à savoir les trois souverains Elfes, les cinq Rois nains, la Reine Naga, le Roi Gobelin de Glingotts ainsi que tous les gouverneurs humains des cités Etats du Royaume de la Foudre.

Tous furent ovationnés par la foule mais lorsqu'on se rendit compte que l'Empereur et Alia n'étaient pas là, on sentit comme un air de déception. Chacun des souverains avaient parcourut la ville jusqu'à l'arène et tous étaient désormais installés dans la tribune officielle...

L'arène était immense et comble, on pouvait compter près d'un million de spectateur. En son centre, une sphère opaque avait été érigée. Et lorsque tous les souverains furent installés, le globe s'illumina si fort qu'il explosa, libérant une vague d'énergie sur toute la ville. grâce à des écrans disposés un peu partout, tout le monde pouvait voir le spectacle qui s'annonçait grandiose. De l'explosion, on vit surgir Alia, vêtue d'or et de blanc, les ailles déployées, s'élançant dans le ciel avant de se retourner et tomber dans la vide, le corps ballant. Au même moment, surgit du reste de la fumée, le seigneur des Ténèbres, vêtu d'un noir profond, ses ailles démoniaques déployées. Comme s'il avait du saisir du verre, il récupéra son ancienne ennemie dans les bras, la redressa dans les airs, sous le regard silencieux et ébahit de la foule.
Le seigneur des ténèbres, dans les airs, pris alors les deux mains d'Alia et ensemble se mirent à entamer une valse diabolique au son d'une musique qui emplissait la ville. Drakhell avait dans ses mouvements, une délicatesse qu'on ne lui connaissait pas. Aussi vite qu'il tournait avec l'Elue du Bien, il semblait guider la danse avec une telle précaution qu'on eut dit un orfèvre sculptant l'une des plus belles couronnes. Il n'était pas difficile de sentir, à des dizaines de mètres sous eux, les spectateurs comme suspendus à leur mouvement, ce qui amusait l'Empereur, amateur de spectacle à sensation.

Regardez Alia comme en nous unissant nous pouvons enchanter un peuple.

Et la valse s'accéléra jusqu'à ce que les deux danseurs s'élancent encore plus haut dans les airs pour effectuer des figures acrobatiques au dessus de la ville. Toute cette chorégraphie avait été pensée par Darkhell qui l'avait annoncé que quelques jours avant à Alia. Il n'y avait donc eu aucune répétition, et aucun faux pas ne pouvait être tolérée. Heureusement, Darkhell menait royalement la danse et plus il dansait avec Alia, plus il se sentait revivre sa jeunesse avec celle qu'il avait aimé. Après quelques derniers voltiges, l'Empereur créa une nouvelle explosion les faisant disparaitre dans un nuage de fumé, par lequel il ressortit, en marchant dans le vide, la main posée sur celle d'Alia, qui exécutait les mêmes pas que lui. La foule applaudissait non pas tant pour la beauté du spectacle, mais plutôt pour son symbolisme, qui signifiait la réconciliation des deux camps et signait une nouvelle fois la volonté de paix. Et ce que Darkhell savait, c'est qu'un peuple affaibli par la guerre ne désirait qu'une chose, pouvoir rêver. or, la paix, n'est-il pas un rêve ?
Une fois assis à leur place, au centre de la tribune, Alia et Darkhell purent écouter le discours d'ouverture prononcé par le gouverneur de Numarus. Il dura 30 min, après quoi les festivités furent lancées. On commença avec des spectacles de danse, de magie puis des feux d'artifices. A 23h, tout fut terminé, mais la nuit allait être encore longue. Tout le monde était attendu pour le diner officiel pendant que dans les rues, ls tavernes étaient prises d'assauts.

Alia sentait son cœur battre à toute allure. Dans quelques instants, elle allait s'élancer dans les airs pour effectuer une chorégraphie complexe pour laquelle elle n'avait jamais eu de répétition. En réalité, elle allait devoir faire entièrement confiance à Darkhell pour cette danse. L'explosion, c'était le signal, elle apparut au milieu de l'arène. Elle était magnifique et imposante mais elle se sentait si fragile face à tout ce monde. Pourtant, elle s'envola dans les airs. Au moins, là, elle se sentait chez elle. Alors la danse commença. La princesse avait toujours pensé que l’Empereur était un bon danseur, mais elle ne l'aurait jamais cru si bon cavalier. Elle se surpris à prendre plaisir à cette danse endiablée. Mais lorsque celle-ci fut terminée, elle se sentait tout de même soulagée. Elle avait réussi, elle avait du mal à y croire. Mais elle devait cela à Darkhell.
Elle dut reconnaître qu'il avait raison. Leur danse avait eu son petit effet sur le peuple. Dommage que tout ceci ne reste que du spectacle. Elle aurait aimé croire en cet homme si charismatique et si doué pour le métier d'Empereur, hélas, elle savait qu'elle ne pourrait jamais lui faire confiance, à part peut-être pour une danse. Mais elle ne laissa rien paraître et se contenta de répondre :

- Vous avez raison votre Excellence, votre idée était fort ingénieuse, et réussie.

Ils allèrent s'asseoir à leur place après avoir mis pieds à terre. Au fond d'elle même, Alia était tout excitée. Bientôt, dans quelques heures, elle pourrait revoir ceux qu'elle aimait. Elle avait affreusement mal dormi entre l'excitation et le stress, mais cela ne se voyait pas sur son visage, ni dans ses expressions et ses gestes.
Les spectacles qui suivirent le discours du gouverneur enchantèrent la princesse qui ne vit pas le temps passé en fin de compte. Tout était absolument magnifique. Puis ce fut enfin l'heure du dîner. Alia se réjouissait d'avance, elle allait enfin voir son frère, sa sœur, sa meilleure amie. Ce soir là, elle avait aussi prévu de faire un présent au jeune frère d'Edelwen, puisqu'elle n'avait pas été prévenu de la naissance, elle aurait un jour de retard, mais mieux vaut tard que jamais comme dit le proverbe, du moins c'est ce dont essayé de se persuader l’Élue du Bien.
Toujours aux côté de l'Empereur, Alia pénétra dans l'immense salle où devait se dérouler le dîner. Elle soupira intérieurement en voyant la table tout aussi immense qui se dressait devant elle. Elle allait sans doute être placé près de l'Empereur et du gouverneur, loin de ses amis et de sa famille. Elle n'avait pas songé qu'elle passerait autant de temps aux côtés de Darkhell lors de ce tournoi. Il ne manquerait plus qu'il portât ses couleurs...

La cérémonie d'ouverture avait été un franc succès, et ce notamment grâce à la prestation de son excellence et son altesse impériale, Alia. Le repas s'annonçait tout aussi réussit. Le gouverneur, en tant qu'hôte avait prévu de faire un plan de table tout à fait différent du traditionnel. Il comptait donc mettre à côté d'une personne, un allié et un ancien ennemi. Ainsi, l'Empereur qui était au milieu de la table en U, avait à côté de lui, Alia, pour respecter le protocole, et son fils. L'Elue de l'Air avait à sa droite son frère Roy, lui-même assis à côté de sa mère, et ainsi de suite. De l'autre côté de la table, des troubadours contaient des histoires, des jongleurs jonglaient et des danseurs dansaient.Tout les hauts dignitaires étaient présents, à l'exception de Ténebris qui n'étaient pas souveraine, mais Inquisitrice Suprême. Elle avait pourtant été conviée en tant que princesse imperiale et de l'Univers, mais ne voulant pas mélanger ses rôles, elle avait décliné l'invitation.

Elgonor était assis à côté de Stalven et de son épouse et discutait avec le jeune prince qui faisait preuve d'une grande discrétion.

Le peuple de l'Air avait eu moins de préparatifs à réaliser que les autres nations, étant donné l'état du palais et de la capitale, ils avaient eu beaucoup moins de choses à emmener. Les travaux avaient grandement avancés. Désormais, il n'y avait plus de cadavres dans les ruines de la capitale, mais il fallait encore tout reconstruire. Mais pendant les festivités, Roy choisit exceptionnellement de se vider l'esprit de toutes ces choses. Il espérait simplement ne pas retrouver le royaume pire encore à son retour, étant donné que Valmer s'y trouvait.

Lorsque le défilé d’ouverture commença, le prince se demanda où se trouvaient sa sœur et l'Empereur. Il fut surpris de voire sa mère et son père marcher côte à côte dans le défilé, mais il ne se fit pas d'illusion, ce n'était qu'une simple règle du tournoi, une simple apparence. Il ne put qu'admirer la grande beauté de sa mère, et tandis qu'il la voyait, montée sur son cheval de feu, il savait de qui sa sœur avait tiré. Le jeune homme repensa alors qu'il allait porter les couleurs de sa mère, alors que tout le monde pensait qu'il porterait les couleurs de sa sœur. Il ne devait cependant pas faillir à son devoir, il lui faudrait être dans les meilleurs, c'est ce que l'on exigeait du champion de la puissante reine du royaume du Feu. Mais c'était surtout ce qu'il exigeait de lui-même, car lui, contrairement à ses sœurs, il ressentait encore de l'amour pour sa mère.

A l'occasion de ce tournoi, le prince de l'Air portait une majestueuse tenue de bleu ciel et d'or, dans un tissus légèrement satiné. Une création elfique qui soulignée grandement la beauté du jeune homme, faisant ressortir le bleu de ses yeux. Sur la tribune, il était assis près de sa plus jeune sœur, Anna. Elle aussi était en grande beauté, elle portait une longue robe de soie verte à manche courte et des bijoux en or, de la même couleur que son diadème. Ses cheveux étaient impeccablement coiffés et retombaient en cascade sur ses épaules.

Ils se levèrent pour accueillir les souverains, mais toujours aucune trace de l'Empereur et de la co-Impératrice. Puis soudain, alors que tous étaient assis, Alia apparue dans une explosion. Roy fut impressionné de voir ainsi sa sœur, puis surpris de la voir danser avec Darkhell. Mais si l'homme avait des gestes délicats, le prince eut l'impression que sa sœur était un pauvre oiseau chétif en proie aux terribles griffes d'un rapace. Il était sans doute le seul à voir les choses sous cet angle, mais c'était parce qu'il s'inquiétait pour sa sœur. Peut-être un peu trop. Pourtant, la jeune femme semblait à l'aise, et elle n'avait pas l'air une personne faible et sans défense, bien au contraire, elle rayonnait et était impressionnante. Elle avait la prestance d'une vraie Impératrice, même si elle ne l'était pas vraiment.

Après les spectacles fort agréables d'ouverture, ce fut l'heure du dîner. Mais tant qu'ils n'étaient pas dans la salle, le prince ne pouvait toujours pas parler à Alia. Elle se trouvait tout devant avec l'Empereur, puis venaient tous les rois et reines, et enfin les princes et princesses. Mais lorsque Roy découvrit le plan de table, il fut absolument ravit. Il aurait aimé prendre sa sœur dans ses bras pour la saluer, mais cela ne se faisait guère. Aussi se contenta-t-il d'observer le protocole et de s'incliner respectueusement devant elle et l'Empereur. Enfin, il n'allait pas se plaindre, il était assis juste à côté d'elle.

- Ma chère sœur, cette danse que tu nous as offert avec son Excellence était absolument magnifique. Je ne te connaissais pas de tels talents pour la danse.

Lui dit-il alors que le repas avait commencé, au grand plaisir de l'estomac de Roy.

Avant d'aller s'installer, même si elle se doutait déjà de la place qu'on lui aurait assigné, Alia se pencha sur le plan de table. C'est alors qu'elle eut l'heureuse surprise de découvrir qu'elle se trouvait à côté de son frère. Elle remercia infiniment le gouverneur dans sa tête et alla prendre place. Leur hôte avait eu une idée originale, mais bien pensée. On aurait pu appeler ce tournoi, le tournoi de la paix, puisque c'était le thème qui semblait le plus en ressortir. Le prince de l'Air arriva, plus magnifique et charmant que d'habitude et vint s'incliner. Ce qu'elle pouvait détester ça, vois les gens qu'elle aimait s'incliner devant elle, mais c'était le protocole, encore et toujours. Chacun prit place autour de la table et le repas commença. Un somptueux et délicieux repas. La princesse se sentit un peu coupable d'avoir autant à manger alors qu'autant de monde mourrait de faim suite à la guerre. Aussi mangea-t-elle uniquement ce dont elle avait besoin. Elle espérait que rien ne serait gaspillé.
Son frère la tira de ses réflexions en lui parlant de la danse. Alia lui sourit.

- Comme quoi tu vois tout est possible. mais c'est surtout son Excellence qu'i faut féliciter, il a été un incroyable cavalier.

Répondit la jeune fille en levant légèrement son verre en direction de l'Empereur. Mais ce dont elle avait hâte de parler, c'était du royaume. Pour les gens qu'elle aimait, elle avait pu constater que tous allaient bien. Sa sœur était très belle et souriante, accompagnée de Dalion. Kali avait fait un effort et se trouvait de l'autre côté de la table près de son père. Eros semblait vieillit par les récents événements, mais son visage s'était éclairé depuis le début du tournoi, sans doute car il passait du temps avec sa femme, même si ce n'était que de l'apparence. Et Roy avait l'air bien, lui aussi.

- Parle-moi du royaume, où en êtes-vous ?

Lorsque tout le monde avait pris place autour de la table, Roy avait cherche des yeux Ténebris, mais à son grand regret, elle était absente. Il se demanda bien pourquoi, après tout, elle était princesse. Mais une princesse très occupée, peut-être un peu trop. Il soupira intérieurement avant d'entamer la conversation avec sa sœur. Lorsque celle-ci expliqua que les prouesses de la chorégraphies étaient dues à l'Empereur, le prince leva légèrement son verre en hochant la tête, comme pour saluer les talents du puissant homme. Mais très vite, Alia entama le sujet du royaume. Roy n'avait guère envie d'en parler, mais il comprenait que sa sœur veuille savoir, c'était légitime.

- Disons que maintenant nous devons entamer les travaux de reconstruction. Nous avons un peu commencé bien sûr, mais maintenant que la première étape est terminé, tout le monde va pouvoir se concentrer sur la maçonnerie.

Le prince prit bien soin de ne jamais mentionner quelle était vraiment la première étape. De toutes façons, tout le monde savait de quoi il s'agissait et il n'avait aucune envie de parler du ramassage des cadavres et de leur enterrement. Au moins l'étape la plus difficile au niveau moral était terminée, et il s'en sentait soulagé. Ce qui devait être le cas de tous les habitants de son royaume.

En tout cas, si sa sœur avait vraiment envie de savoir, il lui suffisait de pénétrer l'esprit du prince et alors elle verrait les image de la capitale, mais le jeune homme pensait qu'il valait mieux qu'elle évite. Elle avait suffisamment de soucis comme ça.

Roy voulut changer de sujet. Ils étaient ici pour faire la fête exceptionnellement, et se changer les idées. Aussi choisit-il de parler du tournoi.

- Alors dis-moi, comment trouves-tu le début de ce tournoi, toi qui y assiste pour la première fois ?

Demanda le prince en souriant. Lui y avait assisté quand il était enfant, mais il s'en souvenait très bien. Tout lui avait semblait impressionnant et grandiose et à cette époque, il rêvait d'être l'un des champions qui participerait à ce tournoi. Aujourd'hui il réalisait ce rêve de petit garçon, sauf qu'il voyait les choses différemment désormais. Il avait très envie de demander à sa sœur qui était son champion, mais comme pour l'instant tout le monde croyait que c'était lui, il n'en dit rien. Cette situation l'amusait et il avait hâte de surprendre tout le monde lorsqu'il apparaîtrait portant les couleurs de sa mère.

Alia avait bien compris de quoi son frère parlait et ne lu posa pas plus de questions. S'ils en avaient terminé avec "la première étape" c'était une bonne chose. Le moral irait un peu mieux. Elle se demandait dans quel état exactement se trouvait la capitale de son royaume, même si elle en avait déjà une petite idée. Son frère changea rapidement de sujet et elle comprit qu'il ne voulait pas s'étendre plus sur l'état du royaume, ce qu'elle pouvait tout à fait comprendre. Il lui demanda donc ce qu'elle pensait du tournoi.

- Je salue le travail du gouverneur, toute son organisation est impressionnante. Je trouve que tout est absolument grandiose et magique. En tout cas de ce que j'ai pu voir jusqu'à présent.

Elle pensait également que toute cette fête devait coûter une fortune, et elle se demandait si les dépenses qu'effectuait tous les visiteurs remboursaient les frais de la fête, mais elle garda ses pensées pour elle.
La conversation continua tout comme le dîner. Les plats se succédaient les uns après les autres sur la table, et Alia se dit que même si elle avait voulu faire sa gourmande pour goûter à tous les plats, elle n'aurait jamais pu tellement il y en avait. Les discussions allaient bon train, et malgré l'heure tardive, la fatigue ne se faisait pas ressentir.

Pour cette journée, Flameria s'était surpassée. Elle avait choisit de porter une robe traditionnelle du Royaume, en l'apparence toute simple, sans compter les fines broderies de soie, mais sans aucune pierre ou dorures. Pourtant, lorsqu'elle défila dans les rues, sur son fier cauchemar, un cheval de braise, fougueux comme l'enfer et puissant comme le tonnerre, sa robe s'était comme par enchantement enflammée,créant ainsi une robe de flammes, onirique et immatérielle. Les flammes étaient évidemment fausses pour ne pas embraser ses cheveux noirs coiffés comme s'ils avaient été les rais d'un soleil. Marcher aux côtés de son ancien mari la laissant néanmoins de glace, mais pourtant, afin de respecter les coutumes et l'idéologie de ce tournoi, elle joua la fidèle dame et amante.

Quant arriva la prestation, des deux Elus de Télania, Flameria fut comme bouleversée de la beauté et la poésie qui en émanait. Si certains pouvoir y voir une réconciliation du Bien et du Mal, ou inversement, l'abandon du Bien au Mal, elle y sentait quelque chose de beaucoup plus abstrait, à savoir la révélation d'un savoir inconnu. En effet, Alia y incarnait l'apprenti, incandescent, avide de savoir, tandis que Darkhell, le sage, la remettait dans un chemin pour l'amener vers la réponse à ses questions, comme une forme de maïeutique, expliquant ainsi, le vol final de la jeune femme, vers l'indépendance, et la vérité.

Lorsque les deux acteurs de ce ballet rejoignirent la tribune officielle, que chacun en alla pour les féliciter, la reine en effectuant une courte référence se permit de dire :

- Vous m'aurez laissé sans voix.

Puis on lança la cérémonie d'ouverture qui fut elle aussi, grandiose. Décidément, les jeux, même après quinze ans d'absence, étaient toujours aussi impressionnants.

De retour au Palais du gouverneur, la reine s'était éclipsée pour pouvoir se changer et mettre une robe plus scintillante et coiffer cette fois-ci ses cheveux en chignon retenus par des pinces d'or. A table, elle fut surprise d'être placée à côté de son fils, qui était par ailleurs son champion, sans que personne ne le sache encore. Sur son autre côté, elle avait le plaisir de pouvoir discuter avec le Roi Nains des mines de Grung-Mäh, son fidèle vassal. Elle le salua chaleureusement avant de se tourner vers son fils pour en faire de même.

- Votre présence m'honore votre altesse.

Lui dit-elle, comme un message caché pour lui signifier qu'elle était forte aise qu'il ait accepté de porter ses couleurs. Au même moment, elle regarda Alia en se demandant qui du coup aller être son champion puisqu'elle lui avait pris le seul homme pour la défendre.

Puis quand l'Empereur eut déclaré le diner ouvert, elle mangea ses premiers morceaux de poissons, tout en gardant une oreille attentives sur ce que disait ses deux enfants. Son regard se porta ensuite sur sa fille cadette, un peu plus loin, en train de discuter avec le jaguaran Dalion. Celui-ci était, chose rare, très bien vêtu, et ne choquait pas à côté de celle qu'il aimait, aussi belle qu'une histoire dans sa robe verte. Dommage qu'elle ne portât pas de rouge, cela aurait plu d'avantage à sa mère. Flatterai se tourna alors vers le seigneur des Ténèbres et entama une discussion :

- Comptez-vous rester les deux semaines à Numarus votre excellence ? Ou vous quitterai-nous avant ?

Elle se doutait bien que le travail aller rapidement rappeler l'Empereur à son trône, la laissant seule puisqu'elle devait rester vu que son champion, et elle n'en doutait pas irait au moins jusqu'en finale.

Cela faisait depuis le début de l'après midi que Shana était arriver à Numarus de son village à parcourir les rues avec des belles maisons et une grande place où il y avait le marché. Il était minuit passé, la guerrière cherchait désespérément son fiancé qui devait être normalement arriver, car la reine du feu était déjà présente depuis le défilé. Shana se retrouvait sur la grande place du village où il y avaient des festivités, deux cracheur de feu, un spectacle de marionnettes pour les enfants, de la musique etc.. Elle s'asseyait sur un muret qui était à côté d'un stand de bijoux qui était encore ouvert pour célébrer le tournois de Numarus qui commençait le lendemain. Mais la guerrière du feu n'était pas seule, Kimi était là pour tenir sa maîtresse en compagnie. En y pensant, l'effet de la robe de la domestique de la maison à Shiron, qu'elle avait conseillé lui gênait, mais elle devait être habiller pour représenter les couleurs d'Amon, son bien-aimé. Des gens s'amusaient vraiment, heureux qu'ils puissent voir la paix et la joie. Quand à la rousse se leva pour aller voir le stand de bijoux, il y en avait tout sorte, bagues, médaillons, diadèmes, bracelets, boucles d'oreille. Soudain elle apercevait un médaillon qui ressemblait à celui qu'elle avait depuis son enfance, là où le médaillon qui parlait qui n'était que son grand père... Chaud au cœur, une boule dans la gorge en regardant celui ci. En y repensant, sa reine lui avait prédit ses excuses, mais comment pardonner à un tel crime ? Personne ne pouvait refaire revenir son grand père Hagrid ancien général du royaume du feu. Le vendeur regardait la jeune femme rousse en s’inquiétant de son état.

- Eh demoiselle, ça ne va pas ?

Shana entendait la voix du vendeur en relevant la tête elle répondit :

- Ce n'est rien, je dois y aller au revoir.

Elle fut partie de la grande place du village en traversant les petites rue en s'éclairant avec son élément, il y avait personne, juste le bruit de la musique à la grande place. Soudain elle traversait devant une taverne où s'était la fête, des alcoolo, des jeux, des serveuses assez sexy. Mais Shana n'avait pas peur de traverser, elle était armée de son katana accrocher au tour de sa taille.

Au diner, après les traditionnelles salutations à l'Empereur et la co-imperatrice, Darkhell ne sembla pas surpris du plan de table, à vrai dire il en avait été informé par le gouverneur et l'avait accepté sans aucune condition. Après tout, rapprocher les familles entre elles aurait fait plaisir à Alia et aux autres personnalités présentes. Néanmoins, lui et Drakos n'étaient pas enchantés de l'absence de Ténèbris qui avait déclinée l'invitation sous prétexte qu'elle n'avait aucune raison de se trouver là. D'ailleurs aucun cavalier n'allait la représenter. Ce qui était fort regrettable. Il regarda alors son fils et lui demanda ::

Ta soeur aurait du accepter que tu la représentes au tournoi. Son absence est remarquée !

Au même moment, un cracheur de feu illumina la salle à manger par une flamme représentant un dragon serpent, avant que les occupants de l'applaudissent.

Je me demande parfois si elle ne devrait pas plutôt reprendre son rôle de princesse plutôt que conserver son titre d'Inquisitrice Suprême.

L'Empereur n'était pas ravi, d'où ces propos virulents concernant sa fille. Il réfléchissait par ailleurs à une réorganisation du pouvoir. En effet, il se savait en danger depuis la paix, notamment par certains réfractaire des Ténèbres qui se sentaient déçu par ses décisions jugées trop souples envers les anciens Rebelles et le manque de fermeté envers le peuple de Télania. Ces fanatiques, qu'il avait appelé les Danathos, en référence à leur chef de file, n'était certes pas très nombreux mais faisait preuve d'une violence inédite si bien que l'Inquisition elle-même était chargée de les traquer secrètement. Darkhell faisait tout pour étouffer leur importance, mais il savait que s'il n'agissait pas d'avantage, les Danathos risquerai de faire vaciller son autorité. Ainsi, avec sa fille il avait envisagé deux possibilités. La première était de tous les arrêter puis exécuter pour montrer aux anciens Rebelles qu'il était un Empereur juste et neutre, mais au risque de déplaire d'avantage aux Darkhellions et de fragiliser d'avantage son parti. La seconde consistait à plaire aux Danathos en exécutant une action coup de poing contre les anciens Rebelles. Les deux propositions comportaient chacune des risques non négligeables.
Heureusement, ses réflexions furent effacées par la reine du Feu lui demandant s'il restait. Avec un doux sourire il lui répondit :

Hélas non très chère, vous savez bien que le devoir m'appelle ailleurs. Je repartirai demain soir. Mais je serai de retour pour la finale et la cérémonie de clôture. VOus savez, avec les portails, les déplacements sont bien plus simples.

Dans le regard de Flameria, il sentit comme une déception, et elle ne choisit de pas continuer sur le sujet. Alors, Darkhell entendit Alia discuter avec son frère de la reconstruction du Royaume. Ah comme ils pouvaient être utopistes. Tout les comptes avaient été faussés et à peine auraient-ils commandés toute la maçonnerie qu'ils se rendraient compte qu'il n'y aurait plus assez pour nourrir le peuple. Voilà un plan bien cruel, mais peut-être qui contenterai les Danathos.

Alors que Roy avait commencé à parler avec sa sœur, sa mère vint s'installer près de lui. une situation qui ravit le jeune homme, mais qui le mit un peu mal à l'aise aussi. Notamment lorsqu'elle l'appela "votre altesse", il se sentit triste d'être appelé ainsi par celle qui l'avait mis au monde, aimé et éduqué, autrefois... Mais il n'en laissa rien paraître et lui sourit. Il avait comprit ce qu'elle voulait dire à travers ses propos.

- Le plaisir est partagé mè... votre majesté. Vous êtes en grande beauté ce soir, comme toujours.

Il tenta de dissimuler sa gêne suite au faux pas qu'il venait de manquer de faire. Fort heureusement, la reine enchaîna sur une conversation avec l'Empereur, et le prince sentit ses épaules se détendre. Il tourna son regard vers sa sœur pour y trouver un peu de compassion. Il voulut savoir lui aussi si sa sœur resterait jusqu'à la fin du festival, mais il n'osa pas demander ne présence de l'Empereur. Car si c'était le souhait de la princesse, cela ne signifiait pas que c'était celui de Darkhell. Après tout, il aurait tout intérêt à ce qu'elle soit loin de sa famille et de ses amis. Mais heureusement, Alia devait sans nul doute avoir un champion, ce qui faisait qu'elle était obligée de rester jusqu'à ce que celui-ci soit éliminé. Mais le prince ignorait que sa sœur cadette n'avait pas de champion. Et s'il le savait, il en serait contrarié, car il se sentirait coupable de l'avoir abandonné...

Il avait entendu la conversation entre Darkhell et son fils. Ainsi l'Empereur n’appréciait pas l'absence de sa fille. Il n'était pas le seul. Mais suite aux paroles du seigneur des Ténèbres, le jeune homme se demanda si Tenebris allait être absente durant toute la durée du tournoi. Il espérait que non. Peut-être Darkhell la pousserait-il à se présenter ne serait-ce que quelques jours. Cependant, il fut surpris d'apprendre que la jeune fille n'ait pas de champion pour porter ces couleurs. Elle faisait partie des dames de Télania qui avaient de nombreux prétendants près à porter ses couleurs. Quoi qu'elle puisse en effrayer certains. S'ils échouaient, ils auraient sans doute peur de le regretter amèrement. Pourtant, Roy ne la voyait pas ainsi. Si ce n'était pas si compliqué, il aurait volontiers porté ses couleurs, il les aurait porté jusqu'au bout.

Flameria fut extrêmement heureuse du compliment que lui fit son fils. Si elle nota sa maladresse, elle ne lui en tint pas rigueur. Car en effet, elle était sa mère, elle l'était toujours, et il y avait toujours entre elle et lui, plus qu'entre elle et ses soeurs, une relation ineffaçable. Elle l'avait élevé pendant 10 ans avec son père, jusqu'à la naissance successive de ses deux filles qu'on lui retira. La perte de ses deux enfants l'affecta énormément si bien qu'elle en voulut à son mari qui pour l'achever parti avec son fils ainé. Depuis, elle avait vécu dans leur oubli successif avec l'aide de Darkhell qui l'avait soutenu. Seul Roy avait pu garder une place dans son esprit de mère aimante. Voilà donc pourquoi, elle fut heureuse de savoir son fils ainé encore affectif envers elle. Malheureusement, la mention du nom de mère lui rappela à quel point sa vie familiale avait été dure et mortifère si bien qu'elle ne put que lui répondre :

- Vous ne me voyez pas tous les jours, c'est pour cela. Mais au moins j'ai le plaisir de voir que j'ai transmis un bon savoir à mes enfants.

Avant de se détourner pour questionner l'Empereur. Hélas, non, comme elle se doutait, son ami ne comptait pas rester. Elle lui répondit alors avec un peu de déception :

- Oui, c'est bien vrai. Enfin, j'ose espérer que quelque chose vous retiendra un peu plus longtemps que vous ne l'espérez, ici. Votre présence est un honneur à tous.

Puis elle se mit à manger en toute discrétion, conversant alors avec Elgonor et son épouse assis non loin d'elle.

Drakos n'était pas un grand amateur de réception ou diner officiel. Il s'y ennuyait et ne trouvait pas toujours les dirigeants à son gout du fait de leur âge plus avancé. Hier, Stalven avait été pour lui un compagnon agréable, mais le prince de la Terre avait l'esprit très fermé si bien qu'il était difficile d'entamer des sujets de conversation politiques. Enfin, depuis qu'il avait remplacé son père à la tête du Royaume de l'Univers sous le titre de prince régent, le jeune homme avait acquis en patiente et commençait à se fondre plus facilement dans les mondanités du pouvoir sans plus avoir l'envie de s'éclipser discrètement.

Par chance, ce soir, son père était assis à ses côtés, ce qui lui permit d'avoir des discussions plus intéressantes que la veille. Malheureusement, les deux hommes étaient attristés par l'absence de Ténebris, et ce malgré les insistances de chacun d'eux. Drakos devait d'ailleurs être le champion de sa soeur. Quoiqu'il en fut, cette absence n'était pas pour satisfaire son père, bien au contraire, qui transformait sa tristesse en colère, si bien qu'il finit par dire des inepties bien regrettables sur sa fille.

- Père, calmez-vous donc. Ténebris n'a rien à se reprocher, si elle n'a voulu venir ou être représentée, c'est qu'elle a ses raisons que nous ignorons. Vous ne pouvez-pas pour cela remettre en doute son travail. Rappelez-vous donc combien son aide nous a été précieuse. Rassurez-vous, je suis certain qu'elle sait ce qu'elle fait. Quant aux dissidences dans notre partie, je suis certain qu'elle seront vites matées. Les élections et la campagnes pour la Chancellerie attisent les esprits et chacun veut nourrir son ambition personnelle. Sa fin sera aussi celle des Danathos.

Il piqua dans son assiette, et mangea l'aliment qui s'y était fixé, tout en pensant continuellement à sa soeur en essayant de savoir pourquoi elle avait refusé de venir. Peut-être était-ce à cause de quelqu'un ou de quelque chose ? Peut-être n'oserait-elle pas affronter le regard de Roy en sachant qu'elle était en train de préparer un terrible plan pour conduire son Royaume vers le gouffre. Lui-même avait du à regarder Alia sans l'imaginer souffrir des difficultés auxquelles feraient face son peuple à cause de lui. Puis, en s'adressant à son père :

- Pensez-vous qu'il nous faille accepter quelques conditions des Danathos ? Les plus souples, comme réclamer un tribut annuel aux Royaumes vaincus ? Ou juger, de façon officieuses, les anciens dignitaires rebelles ?

Darkhell sourit à la dernière phrase de Flameria en la remerciant d'un geste de tête avant de revenir vers son fils qui tentait de le rassurer. A vrai dire, il n'était pas tant inquiet que ça. Concernant sa fille, il était déçu alors que pour les Dantahos, il était attentif. Après tout, pour la première fois depuis longtemps, on remettait en cause son autorité ce qui, par conséquent, ne laissait pas les choses de faire comme il l'avait prévu. Or, concéder à certaines exigences des Danathos seraient une hérésie ! Il s'agirait de rompre la stabilité entre Lumière et Ténèbres au risque de diviser tout Télania.

Nnous n'acceptons rien. Pas en ma présence.

Aucune des conditions voulues n'étaient en effet audibles. Et comme pour entériner le sujet, Darkhell ajouta :

Juger les anciens dignitaires du Bien reviendrait à nous juger nous-mêmes. Après tout ne sommes nous pas aussi coupables ? Notre pouvoir est fragile, nous juger serait le fragiliser d'avantage et nous enlever toute légitimité dans nos fonctions. Je ne veux pas m'exposer à un tel risque.

C'est alors que Darkhell, pensant au massacre de la Chancellerie qu'il avait orchestré, se rappela de son apprenti qu'il n'avait plus vu depuis presque deux mois. Peut-être que lui pourrait l'aider à atténuer l'influence des Danathos de façon discrète après tout. Depuis qu'il était empereur, Magyk était sa main assassine, celle qui tenait le couteau et le poison.

Il faut que Magyk rentre le plus vite de sa mission. Peut-être pourra-t-il faire pour moi ce que je ne peux plus faire.

Malheureusement, alors qu'il était son maître, l'Empereur 'avait aucune idée de l'endroit précise où il pouvait se trouver. Heureusement, Darkhell était un homme puissant. En utilisant sa magie liée à celle de l'Inquisition, il pourraient le retrouver sans trop difficultés. Il fallait néanmoins attendre de revenir au Palais de Cristal.

Son père n'avait pas tort. Il ne pouvait pas s'exposer de la sorte et refaire la justice pour contenter quelques fanatiques. Il ne restait alors qu'à anticiper leurs plans pour leur empêcher de commettre de quelconques méfaits.

- Vous avez raison mon père. Pardonnez-moi.

Décidément, Drakos avait encore beaucoup à apprendre de la stratégie politique. Dire qu'un jour il serait appeler à régner sur tout Télania. Jamais il n'y arriverait. Au Royaume de l'Univers, lui-même de prenait pas toutes les décisions, laissant les différentes assemblées travailler sur la législation. C'est alors qu'il entendit son père réfléchir à haute voix.

- Magyk ?

Lacha-t-il à haute voix avant de se raviser, de crainte qu'on l'ait entendu. Ce nom, il le connaissait bien ; il s'agissait de l'apprenti du seigneur des Ténèbres, celui qui avait tué Welvir et qui avait tué tous les Chanceliers. Drakos le connaissait bien et l'avait vu à plusieurs reprises. A vrai dire il n'avait aucune opinion sur ce jeune homme, certes puissants mais qui n'étaient ni plus ni moins qu'un pion pour son père. Aujourd'hui il restait néanmoins l'un des plus proches collaborateur de l'Empereur puisqu'il l'utilisait pour commettre de mauvaises actions? C'était un peu son tueur à gage, sa main armée secrète. Parmi les darkhellions, il était craint et marchait toujours avec son maître, comme un garde du corps, en retrait, mais toujours attentif. Il était un peu le dernier argument de Darkhell.
Plus discrètement, Drakos se pencha vers son père et ajoute doucement :

- Que voulez-vous donc qu'il fasse ? Tuer le seigneur Athos ne servirait à rien. ça ne fera que fédérer les siens contre nous.

En lâchant tout haut le nom de son apprenti, Darkhell lança un regard peu applicateur à son fils pour lui injoncter l'ordre de se taire immédiatement. Heureusement, le bruit des discussions ne laissa personne entendre cette pauvre exclamation. Drakos continua ensuite d'exprimer sa surprise, avec une plus grande discrétion. Bien évidemment que le seigneur des ténèbres ne choisiraient pas de tuer les Danathos, ce serait bien trop dangereux. Ses plans étaient tout autres.

Non, évidemment que non. Je veux que Magyk se joignent à eux et qu'ils les forcent à passer à l'attaque. Ils commettront alors une erreur de taille, et j'en serai directement informé. A ce moment là l'Inquisition n'aura plus qu'à les arrêter.

L'Inquisition veillait déjà depuis un petit moment sur ce groupuscule des Ténèbres, mais des informations qu'ils tenaient rien n'étaient encore très avancés dans leur plan. Si Magyk, en tant que fidèle de l'Empereur, se joignait à eux, ils tenteraient peut-être de commettre des opérations virulentes, et, ce qu'il espérait, contre sa personne. Un crime de lèse majesté était puni de mort. En supprimant Athos de façon officielle et légale, tout rentrerait dans l'ordre.

Pour l'instant je ne veux surtout pas que tout cela se sache, si les anciens Rebelles apprenaient cette distension dans nos rangs, ils en profiteraient à coup sûr. Même, si ce sont eux les plus menacés.

A ces mots, un malin sourire vint se dessiner sur ses lèvres, comme s'il avait là une nouvelle idée pour affaiblir ceux qui avaient été ses anciens ennemis. Il n'en dit néanmoins rien et se remit à manger.

Alia écouta la conversation entre sa mère et son frère. Elle se mordit la lèvre lorsque Roy manqua d'appeler la reine "mère". Mais il sut se rattraper. Ce qui ne l'empêcha pas d'être mal à l'aise, puisqu'il jeta un regard gêné vers sa sœur. Celle-ci lui fit un petit sourire de compassion et la reine enchaîna, ce qui permit de passer au dessus de ce petit incident. L’Élue du Bien se tourna de nouveau vers son frère après avoir avalé la dernière bouchée qu'il restait dans son assiette.

- Au sujet du tournoi, puisque nous y sommes, reviens entier. Ce serait dommage que tu ais moins de succès auprès de ces dames.

Plaisanta la jeune femme an faisant un clin d’œil à son frère. Elle se fichait bien pas mal de l'avis des groupies de son frère, tout ce qu’elle souhaitait c'est qu'il ne ressorte pas trop blessé. Elle ignorait comment se déroulaient les épreuves, mais elle se doutait que ce n'était pas sans risque de blessures.
On apporta enfin le dessert et les digestifs. Alia avait trouvé le temps moins long durant ce dîner grâce à la présence de son frère près d'elle. Pendant qu'elle se servait un petit morceau de fondant au chocolat, elle se tourna vers l'Empereur qui avait terminé sa conversation avec son fils depuis quelques minutes.

- Votre Excellence, je me posais une question. Pourquoi seuls les hommes participent aux épreuves du tournoi ?

La jeune femme n'avait pas peur de poser des questions à l'Empereur. Elle était bien plus jeune que lui et par conséquent, elle avait moins de connaissances. Darkhell était peut-être le seigneur des Ténèbres, mais il avait une grande sagesse, en ce qui concernait la connaissance. Alia pensait qu'il était comme son maître et qu'il aimait expliquer les choses. C'est pourquoi elle préféra s'adresser à lui plutôt qu'au gouverneur. De plus, la question de l’Élue du Bien était pertinente puisque les Télanien ne considéraient pas que les hommes étaient supérieurs aux femmes.

Le diner touchait à sa fin et l'on commença à manger le dessert. La soirée était pourtant loin d'être finie. Darkhell allait encore discuter avec les souverains et hauts dignitaires de Télania, puis l'on se coucherait tard, surement vers les une heure du matin, pour se lever pas trop tard non plus. Heureusement que de nature il était quelqu'un n'ayant besoin que de très peu d'heures de sommeil. Sa surprise fut de voir dans le coin de l'oeil Alia se pencher vers lui, ce qui lui fit tourner sa tête et se pencher à son tour pour entendre ce qu'elle lui demandait. Elle souhaitait savoir pourquoi seuls les hommes se battaient pour les femmes et non l'inverse dans ce tournoi.

Il y a deux réponses à ta question. La première, celle que je préfère, dit que les femmes n'ont rien à prouver de par leur perfection.

Il lâcha un petit sourire amusé avant de continuer.

La seconde, la plus officielle, nous demande de remonter dans le temps. A l'époque, la courtoisie et l'amour courtois n'étaient plus trop respectées au Royaume de Numarus. Alors, le roi de l'époque décida d'organiser des joutes de chevaliers comme autrefois, où la bravoure et la courtoisie seraient récompensée. Le vainqueur épouserait sa fille. D'autres langues disent qu'il aurait fait ça non seulement pour que sa fille épouse un brave homme, mais aussi, et surtout, en sachant que personne ne réussirait les épreuves (car les hommes étaient devenus trop incorrects), il garderait sa fille à ses côtés. Comme il l'avait prévu, personne ne remporta les épreuves, notamment celles d'élocutions, et de courtoisies. Chaque année les joutes reprirent jusqu'à ce qu'un homme, plus digne, fut désigné vainqueur. Avec le temps, le tournoi s'est développé, mais il en est resté qu'il s'agissait d'une épreuve où les hommes devaient prouver leur amour et respect aux femmes.

Darkhell réalisa au même moment qu'Alia ne pouvaient pas connaître cette vision des relations hommes/femmes puisque sur Terre, la femme n'était que soumise à son époux. Ah quelle triste monde. Heureusement qu'elle était retournée chez-elle.
Le repas, fut fini, l'Empereur se leva, et on fit de même, tout en continuant de converser. En passant la porte pour entrer dans le grand salon, il se tourna vers Alia et lui murmura :

Peut-être que son altesse désire se retirer ? Je lui en laisse tout le plaisir.

Il savait qu'Alia n'appréciait pas trop les mondanités et le protocole, comme elle n'était pas impératrice, mais sa collègue d'un triumvirat, Darkhell pensa qu'il pouvait la libérer de ses fonctions et de prendre la relève seul. Après tout, elle avait fait jusqu'à présent un très bon travail. Ne méritait-elle pas de se reposer ou de profiter de ses proches ?

Alia écouta attentivement l'Empereur. Sa première réponse la fit sourire. Durant ce cours laps de conversation, elle n'avait plus l’impression d'être la co-impératrice face à l'Empereur ou d'être face à son ancien ennemi. Elle se sentait un peu comme une élève devant son professeur. Elle trouva l'explication intéressante, et comme toujours, Darkhell faisait preuve d'une éloquence incomparable.

- Je vous remercie pour cette réponse que je trouve fort intéressante.

La dîner toucha à sa fin. Quelque part cela soulagea la princesse. Tout le monde se leva et il était temps de passer au grand salon. L’Élue du Bien commençait à voir que cette nuit allait être longue, mais c'était sans compter sur l'Empereur. Il fit l'honneur à la jeune fille de lui proposer de se retirer. Lui appréciait les mondanités, et sas doute aussi le fait d'être le plus haut placé dans la hiérarchie parmi tous ces gens. Tout l'inverse d'Alia en réalité. La jeune femme lui sourit et s'inclina.

- Si vous me le permettez votre Excellence, j'accepte volontiers. Je vous souhaite le bonsoir.

Elle fit une dernière révérence et partit en direction de la cours après avoir fait comprendre à son frère et à sa sœur d'un geste discret qu'elle ne se rendait pas au grand salon. Les gardes qui se tenaient devant la porte lui ouvrir et elle sortit du couloir où elle se trouvait. Elle respira l'air légèrement frais de l’extérieur. Elle l’apprécia grandement. Sa sœur et son frère la rejoignirent et elle leur sourit.

- C'est magnifique toutes ces étoiles. Mais on doit en voir beaucoup plus loin de la ville.

Une fois le repas terminé, chacun quitta son siège pour sortir de la salle-à-manger. Les rois, les reines et l'Empereur devaient se retrouver dans le grand salon, mais les autres étaient priés de se retirer. Le protocole. Au fond, cela arrangeait bien le prince de ne pas avoir à se rendre à cette petite assemblée, il voulait être en forme pour le lendemain. Il jeta un regard vers sa sœur qui était loin devant et à sa grande surprise, elle lui fit comprendre qu'elle ne suivait pas Darkhell. Roy suivit sa sœur jusque dans la cours du palais. Celle-ci lui sourit et leva les yeux vers les étoiles.

- Oui, sans aucun doute.

Lui répondit son frère en levant les yeux vers le ciel à son tour. Puis il s'approcha un peu plus près de la jeune fille et après un grand sourire, il l'enlaça chaleureusement.

- Je suis content de voir que tu es en si grande forme.

En effet, le jeune homme n'était pas certains de retrouver sa sœur pleine de dynamisme et de bonheur après les quelques semaines passées auprès de l'Empereur, seule. Ou presque seule. Alia était plus forte qu'il ne le pensait. Quand il la voyait, il en oubliait parfois qu'elle était l’Élue du Bien et qu'elle avait traversé des épreuves qu'il pouvait à peine imaginer.
Après ces joyeuses vraies retrouvailles, Roy ne put tenir plus longtemps et posa la question qui le titillait depuis déjà plusieurs heures.

- Alors dis-moi petit sœur, qui va porter tes couleurs ?

Alia cessa de regarder le ciel et se tourna vers son frère en souriant. Celui-ci la prit dans ses bras affectueusement et la princesse lui rendit son étreinte. Il était tard, mais la jeune fille ne se sentait pas trop fatigué malgré la journée qu'elle venait de passer. Elle avait envie de parler avec Roy. Après s'être enlacé, Alia prit le bras de son frère et ils commencèrent à marcher en direction de l'autre bout de la cours.

- Et moi je suis très heureuse de te retrouver enfin. Tu sais, l'Empereur n'est pas si dur en vérité. C'est même quelqu'un d'assez facile à vivre. Mais nous ne nous croisons pas beaucoup, nous avons chacun notre part de travail et ce n'est pas rien. Je crois que ce qui m'est le plus difficile c'est la solitude. Même si je n'étais pas réellement seule, il y avait Forciticus, et j'ai retrouvé quelqu'un que je croyais perdu à jamais. Glen.

L’Élue du Bien eut un doux sourire en pensant à l'enfant. Elle se rappela la surprise et la joie qui l'avaient envahie lorsqu'elle avait revu le jeune garçon. Elle se doutait que son frère serait tout aussi surpris qu'elle de l'apprendre.
Ils atteignirent rapidement la porte et deux gardes leur ouvrirent. Ils empruntèrent le couloir éclairé par des torches magiques. Tout était calme dans cette partie du château. Tous les domestiques étaient occupés dans les chambres, dans la salle du dîner ou encore dans le Grand Salon où étaient réunis tous les souverains et l'Empereur.
C'est pendant qu'ils marchaient dans ce couloir que le prince demanda à sa sœur qui allait être son champion. Alia baisa la tête, un peu confuse avant de répondre :

- Eh bien, pour tout te dire... Personne...

La princesse espérait que le fait que personne ne se batte pour elle ne soit pas mal vu. Elle était la co-impératrice, l’Élue du Bien et la princesse de l'Air, qu'allait penser les gens en voyant que personne ne s'était présenté pour la représenter ? Elle voulut passer rapidement là dessus c'est pourquoi elle retourna la question à son frère :

- Et toi, qui vas-tu représenter ?

Roy tendit son bras à sa sœur et se laissa guider vers l'autre bout de la cours tout en continuant la conversation. Il fut grandement surpris d'apprendre que Glen était de retour, mais en même temps, cet étrange garçon avait un lien avec le mage de Lumière Mythos, et par conséquent, il était plein de mystère, comme tout ce qui entourait le vieil homme. Au moins cela rassura le jeune homme de savoir qu'il y avait cet enfant auprès d'elle au palais. Alors qu'ils atteignaient le couloir, Alia indiqua à son frère qu'elle n'avait pas de champion. Elle lui demanda ensuite rapidement qui il représentait, comme pour passer vite sur ce fait, mais la prince n'avait pas l'intention d'en rester là. Il fit donc l'inverse, il répondit rapidement et revint sur le sujet.

- Je vais représenter notre mère, la reine du Feu. C'est elle qui me l'a demandé, à ma grade surprise. Mais cela me fait plaisir, même si je me doute qu'elle me l'a demandé plus par rapport à mon rang et mes compétence que pour l'amour qu'elle me porte.

Soupira le jeune homme. Puis il se tourna vers sa sœur d'un air sérieux alors qu'ils étaient devant la porte de sa chambre. Roy s'arrêta.

- Alia, comment se fait-il que tu n'ais pas de champion ? Et pourquoi est-ce que tu ne m'en as pas parlé ? Si je l'avais su à temps, j'aurai décliné la proposition de notre mère pour porter tes couleurs. Tu es bien trop importante pour que personne ne te représente.

En réalité, Roy avait du mal à y croire. Pour lui, il était évident qu'une foule de personne se seraient présentés pour porter les couleurs de sa sœur, rien que pour acquérir une certaine renommée à cause de l'importance de l’Élue du Bien. Sans doute avait-elle décliné nombreux des prétendants au titre de champion, mais personne digne d'elle ne s'était-il présenté ? En réfléchissant rapidement, la prince proposa :

- Forciticus ne peut-il pas être ton champion ?

C'était le dernier guerrier qui semblait convenir aux yeux du jeune homme homme, le dernier espoir.

S'il y avait eu une compétition de réception d'éloges et de discussions mondaines à la minute, Darkhell en aurait été le vainqueur. Dans ce monde d'apparat et de soie, il se délectait de chacune des discussions qu'il pouvait entreprendre avec les différents nobles et dignitaires présents. Le manège était toujours le même : il discutait avec Elgonor et son fils, un petit groupe de nobles venaient, le saluait et l'on entamait une nouvelle discussion. Après quoi les nouveaux venus repartaient et d'autres arrivaient, profitant de la place libre pour tenter de sympathiser avec l'homme le plus puissant de Télania. Il est évident que tout ce cérémonial portait une grande part d'hypocrisie, que ceux qui venaient jusqu'à l'empereur et qui cherchaient sa sympathie, souhaitaient avant tout, s'approcher du pouvoir. Darkhell ne l'ignorait pas, et il savait reconnaître ce genre d'aptitude. Pourtant il ne s'en frustra point, surtout en sachant ses interlocuteurs conquis par sa personne.

Au revoir.

Disait-il à chaque fois qu'une conversation s'achevait ou bien qu'il souhaitait en achever une. A dire vrai, par sa seule gestuelle, l'Empereur savait très bien faire signifier à son entourage ses états d'humeurs. Il lui suffisait donc d'un regard pour faire comprendre qu'il était las d'une personne qu'on congédiait alors sur le champ.
Il repensa à Alia qui s'était éclipsée, absence bien évidemment remarquée par les courtisans mais excusées par les souverains. A chaque fois qu'on lui posait la question, l'Empereur répondait avec humour :

Je suis avec vous, il faut bien que quelqu'un travaille pour Télania

A chaque fois, le courtisan était satisfait de la réponse, même s'il continuait à regretter l'absence de la jeune femme. Une grosse dame, comtesse de son rang, avait répondu que tout de même, il fallait qu'elle se repose, et travaille moins souvent car on ne la voyait jamais. Ah, pensait Darkhell, Alia avait ses raisons de fuir cette mendicité. Elle devait-être en train de discuter avec son champion.

Le Roi de l'Eau qui s'était assis, fatigué de tout ce monde, sur un fauteuil, discutait avec l'épouse du gouverneur de Numarus. C'est alors qu'il aperçut alors l'Empereur non loin de là et se dit qu'il allait le saluer avant de s'en aller, la fatigue commençant à le prendre. Il se leva, et s'approcha du puissant homme, entouré de courtisans et quelques dignitaires. Son charme et son charisme avait un effet particulièrement puissant sur toute cette noblesse qui le désirait avec tant de frénésie, que le roi de l'Eau craignait que l'Empereur n'en soit épuisé.

- Votre excellence.

Dit-il en s'inclinant. En même temps, Atlant sourit de voir que finalement le seigneur des Ténèbres semblait se plaire dans cette atmosphère de courtisans. Il n'était donc finalement pas si froid que ça. Bien au contraire, il était même très chaleureux. néanmoins, en voyant, le roi de l'eau arriver, les courtisans, par politesse, s'écartèrent un peu, tout en restant non loin pour pouvoir écouter puis participer à la conversation.

- Pardonnez-moi de venir interrompre vos discussions, mais vieux que je suis, la fatigue me prend et je venais vous demander la permission de me retirer.

Et, de peur de paraître incorrect en demandant une telle chose, il s'empressa d'ajouter :

- Oh et je serai fort heureux de savoir quel champion va porter les couleurs de notre co-imperatrice.