Deux Empereurs

Avant de partir définitivement à la recherche de Mythos ou Alia, l'Empereur s'était arrêté devant son bureau. Des travaux étaient en cours. Avant même d'avoir reçu une réponse positive de la part des deux intéressés, il avait ordonné l'installation de deux bureaux, juxtaposés et communicants avec le sien. L'un était destiné à Mythos, l'autre à Alia. Il avait pris soin de choisir une décoration neutre, ni trop blanche ni trop noir, qui s'alliait au style architectural du Palais de Cristal. A l'intention des ouvriers, il donna quelques ordres

Allons dépéchez-vous ! Je veux que tout soit propre et livré avant demain !

A ce moment, il entendit un bruit venant des escaliers, monumentaux, derrière lui. En se retournant, le plus rapidement possible, il aperçut une ombre, marchant avec un bâton : il s'agissait de Mythos bien évidemment. Celui-ci arrivait bien trop tôt pour récupérer son bureau. Ce serait déplaisant pour l'Empereur qui aimait dévoiler les choses une fois finie. Mais il était trop tard pour cacher le chantier ; le vieil homme de Lumière était désormais en haut des marches, à quelques mètres de lui.

Bonsoir seigneur Mythos

Fit l'Empereur avant que l'intéressé ne l'aperçoive. Il sembla avoir tressaillit, par l'effet de surprise évidemment. Il se retourna et entre temps, Darkhell était venu à sa rencontre. Il ne lui tendit pas la main et n'exécuta aucun geste salutaire. Il était l'Empereur après tout et pouvait jouir du privilège de ne pas saluer qui que ce soit.
De ses deux yeux rouges et noir, il dévisagea Mythos et tourna la langue sous ses lèvres.

Si vous êtes ici c'est pour me dire quelque chose d'important. Je suppose que c'est en rapport avec la proposition de ce matin.

Il invita le mage à le suivre dans son bureau, de s'installer dans un des sièges pendant qu'un majordome proposa un verre de liqueur non alcoolisée. Darkhell en prit un et apporta lui-même le présent à son ancien ennemi qu'il avait toujours estimé.

Pour accéder au bureau de l'empereur, il fallait emprunter de sublimes escaliers en marbre blanc surmonté d'un tapis rouge bordé de dorures et donc le plafond laisser pendre des lustres de cristal d'une finesse inouïe. Il y avait des statures au sommet des rampes, allégories de différentes verrues attendues chez un Empereur. Mythos arriva au sommet, de ces larges escaliers, face à une immense baie vitrée qui donnait sur l'extérieur, la place du Palais. Il fallait emprunter le chemin en balcon pour contourner l'escalier et arriver de l'autre côté, face au bureau impérial. C'est ici que Mythos fut surpris par son Excellence en personne qui l'accueillit d'une façon très protocolaire c'est à dire sans le saluer. Lui s'inclina et le suivit jusqu'à son bureau. Le mage nota les travaux en cours et se dit que Darkhell tenait vraiment à ce triumvirat. Une fois à l'intérieur, on referma la porte, et les deux hommes s'assirent face à face. Le seigneur des Ténèbres lui tendit un verre qu'il ne out refuser car lorsqu'un Empereur nous offre quelque chose, il faut toujours accepter. Enfin, cela ne dérangea pas Mythos qui avait bien soif. Une fois son verre fini, il répondit :

- En effet votre excellence, je viens justement vous dire que c'était un honneur pour moi et pour les Télaniens que de m'avoir suggéré cette proposition que j'accepte avec solennité.

Le vieil homme ne comptait pas perdre son temps avec des formulations redondantes et polies, ce qui semblait ravir l'Empereur. Sans marquer de pause, alors qu'il fixait l'Empereur droit dans les yeux, ce qui était interdit, il continua :

- Je ne sais exactement où tout cela va nous mener mais je crois que nous n'avons que le droit d'attendre, nous les "ex-Rebelles". Proposer un triumvirat peut paraître un geste pacificateur, et j'espère que ce sont là vos intentions, mais qu'est-ce qui m'assure de votre sincérité ? Serions-nous, moi et Alia, si elle accepte votre proposition, au courant de la politique de l'Inquisition ? Quel seront vos intentions futures ? Soumettre le monde entier à votre idéologie ? Ou alors votre but n'était que de redevenir Empereur, la soit disante place qui vous appartenait il y a un millénaire ? Vous êtes un Magister, l'unique dynastie des Empereurs, je soutiens donc votre statut, cependant, je suis aussi un démocrate. Je veux être certain que la Chancellerie existera toujours et que l'Impertor aura toujours le pouvoir.

Mythos n'était pas le moins du monde violent dans ses propos. Il faisait preuve d'une douceur dans sa voix mais ses yeux, jamais ne se clignèrent, comme pour cerner au travers des pupilles de son interlocuteur, ses sentiments.

L'Empereur sourit à la réponse de Mythos. Il était heureux de son acceptation et il l'en félicita :

Je vous remercie Mythos.

Mais ce fut à peine s'il put finir sa phrase car le mage de Lumière continua mais cette fois-ci pour mener un réquisitoire à son encontre. Darkhell se garda de montrer sa réaction, mais intérieurement il était très en colère des propos qu'il pouvait entendre. Au fur et à mesure que leur regard s'échangèrent, un combat psychologique opérait entre les deux puissants hommes, à savoir qui baisserait des yeux le premier. Pour l'instant l'égalité était parfaite ; aucun des deux ne clignait des paupières et aucun signe de faiblesse apparente ne pouvait se lire sur leur visage.

Mâitre Mythos, je vous trouve bien sévère.

Commença l'Empereur une fois les questions du mage posées.

On m'a cru mort, ou plutôt tué il y a plus de mille ans. De fait, on a pensé qu'il n'y aurait plus jamais d'Empereur. Or, à mon retour, il y a presque 16 ans, je viens pour reprendre mon bien mais voilà qu'un certain Imperator et des souverains se refusent à moi et à mon autorité. On me déclare persona non grata et l'on veut me faire tomber du trône de l'Univers. Je suis alors obligé de répliquer et d'en arriver à tuer, tout comme votre camp. Put-être aurait-il fallut que vous interveniez pour reconnaître mon pouvoir et mes droits messire Mythos.

Tout se jouait avec politesse. Darkhell en souriait même d'une façon enjôleuse.

Aujourd'hui je reprend ce que j'avais commencé avant d'être détrôné. Je veux poursuivre mon règne pour les Télaniens, leur offrir le meilleur, et développer l'industrie du Mana. Je n'ai aucune mauvaise intention. Croyez-moi. Il y aura toujours la démocratie, et moi je serai l'Empereur tel qu'il est écrit dans la constitution, c'est-à-dire le chef spirituel et politique de Télania, dont le rôle est d'assurer la paix entre les peuples, de mener avec l'Impertor des réformes politiques tout ans e soumettant au vote de la Chancellerie.

Mythos ne fléchissait pas du regard. Il gardait tête haute. Son visage ne témoignait d'aucune méchanceté, d'aucun rapport de force ; il était dans la neutralité la plus parfaite. L'oreille attentive, il scrutait chacun des mots de l'Empereur et sentit une forme d'ancienne rancune envers ceux qui s'étaient opposés à lui. Mythos ne se sentait pas concerné et il allait le faire savoir :

- Sachez Excellence, que je ne me suis jamais opposé à vous en tant qu'héritier du trône, mais en tant que personnage maléfique. Vous ne pouvez pas nier votre ambition, le massacre des Jaguarans que vous avez ordonnés et surtout le désir d'imposer un culte de votre personnalité. C'est ce qu'on appelle une dictature. Votre amour pour le pouvoir est un fait, certes, mais vous devez respecter les pensées individuelles.

Pour l'instant le haut mage avait entièrement raison : Darkhell n'était pas une brebis innocente et blanche. Il n'était pas le loup noir non plus mais il en était une partie, avec les autres responsables de la guerre.

- Ne niez pas non plus que vous avez été l'un des leader d'une guerre, puis d'une répression qui n'est pas sans rappeler les guerres du IIIème Age.

Il marqua une pause pour reprendre sa concentration afin de garder son visage braqué sur les yeux de l'Empereur pour ensuite reprendre :

- Votre, excellence, ne me mentez pas, sur votre honneur, dites moi exactement quels sont vos projets.

La personnalité de Darkhell n'était pas méconnue à Mythos ; il savait que l'Empereur était quelqu'un qui avait énormément d'honneur et qu'il était respectable sur ce point. Ainsi, s'il avait l'habitude d'omettre volontairement la vérité, il respectait toujours ce qu'il disait, encore plus s'il jurait sur l'honneur.

Les propos du Mage de Lumière étaient totalement justifiés et véridiques. Pour arriver à ses fins, Darkhell avait prit le pouvoir par la force au Royaume de l'Univers, fait assassiner des centaines de gens, envahit des pays et organisé une répression sanglante sur les Rebelles. Il voulut se justifier, mais son adversaire ne lui en laissait pas le temps. C'est pourquoi, l'Empereur du se résoudre à écouter et fini, à la fin, par baisser les yeux. Mythos avait marqué un point.

Vous n'avez pas tort Mythos.

Cette réponse sembla glacer le temps. Jamais personne ne se serait attendu à une telle réaction du maître des Ténèbres. Pour la première fois, il avait avoué à un ennemi de s'être trompé. Pour enterriner la conversation à ce propos, il releva la tête et leva la main droite :

Sur l'honneur, je m'engage à poursuivre une politique égalitaire et juste envers tous les citoyens sans distinction. Quel que soit l'Imperator, j'agirai avec lui et me plierait aux décisions de la Chancellerie.

Il s'arrêta, baissa la main et reprit son air habituel, empli de puissance et de fierté.

Je vous l'ai dit, mon but n'était que de récupérer ce qui m'appartenait. Je ne suis pas un monstre, pour preuve, souvenez-vous des témoignages restants des habitants du Royaume de l'Univers quand je suis devenu roi. Ils étaient heureux et l'argent coulait à flot. Personne non plus n'a été durement traité. Lorsque j'ai été empereur, n'ai-je pas écoute mes opposants ? N'ai-je pas accepté un duel singulier avec mon neveu ? Tout aurait été inchangé si un homme du bien n'avait pas osé m'assassiner.

Tout cela était vrai, et Mythos le savait. Cependant, personne ne se doutait que si Darkhell était aussi farouche envers les Chancelliers et les Imperator c'est parce qu'ils avaient été les commanditaires de l'assassinat de son épouse, pour preuve il avait cette lame aux emblèmes de la Chancellerie qu'il avait retrouvé dans l'abdomen de celle-ci.

Vous devriez me faire confiance Mythos. Ne partons pas de zéro. Repartons de mon rêgne commencé il y a plus d'un millénaire. Si vous faites ce travail, vous verrez à quel point je suis bon.

Mythos n'en revint pas. Il avait réussit à ébranler la superbe de l'homme le plus puissant de Télania. Il en était resté absent de la conversation pendant quelques secondes et il fallut que l'Empereur reprenne sa puissante voix pour reprendre totalement ses esprits. Une fois de plus, le mage n'était pas en désaccord avec son ancien ennemi ; il avait été un excellent dirigeant auparavant mais très contestable du fait qu'il faisait tout pour supprimer ceux qui disaient du mal de lui. En fait, Darkhell était un grand politicien mais qui s'accordait une trop grande estime et de fait, n'acceptait ni échec et ni reproche. Cependant, alors qu'on proposait d'oublier le passé, une chose tracassait toujours le vieil homme. il se pencha en avant pour se rapprocher de l'Empereur et replongea ses yeux dans les siens :

- Je suis prêt à vous aider dans votre règne, pour un certain temps. J'aimerais néanmoins une explication à ce qui me tracasse.

Mythos laissa planer un instant de silence, se renfonça dans le beau fauteuil de bois couvert d'or et de soie. Il croisa une jambe sur l'autre et enfin continua :

- Dites moi pourquoi cette chasse aux Diamants ? A moins que je ne me trompe il ne vous manque que celui de l'air. Lorsque vous les aurez réuni tous, votre pouvoir sera sans précédent. Vous aurez même le pouvoir de vie et de mort sur quiconque. Voilà une ambition bien trop dangereuse. Les livres disent aussi que c'est un pouvoir qui détruit l'âme de son porteur. Renoncez à cette folie votre excellence et cachez ses Diamants pour toujours. Il ne vous feront que du Mal

Il était impossible de se douter qu'en vérité l'Empereur voulait réunir les six diamants et le collier de Sinka pour redonner vie à sa défunte épouse. Et Mythos ne pouvait non plus le deviner. Mais quelle que soit la raison il était contre la réunion de ses sept reliques. il était contre aussi de les redonner aux souverains, comme cela l'avait toujours été, de peur qu'un jour, un mauvais roi en fasse un mauvais usage. Pour lui, ces pierres devaient êtres rendus aux esprits et à personne d'autres. Il savait pourtant que c'était peine perdue car Darkhell ne reculerait devant rien pour récupérer le Diamant de l'Air.

Lorsque Mythos évoqua le collier de Sinka et les Diamants, les yeux de l'Empereur semblèrent s'animer d'une vive animosité. Il du faire preuve d'un véritable contrôle de soi pour contenir sa colère et ne pas ainsi briser ce qu'il venait de construire depuis, c'est-à-dire un dialogue pacifique et cordial avec ses ennemis. Cependant, comment pouvait-il supporter une telle attaque et ces propos diffamatoires ? Il falait néanmoins répondre, et ce avec des arguments solides, et ne surtout pas prétexter une affaire personnelle. Peut-être la meilleur stratégie était de retourner l'attaque.

Dites moi Mythos, vous parlez comme quelqu'un qui aurait déjà connu la fusion des Diamants autour du collier de Sinka. Pourtant, pardonnez-moi, si je m'abuse, mais jamais tel rituel n'a été réalisé. Personne ne peut donc connaître la réalisation exacte de ce que cela peut produire. Du moins c'est que ce que dise les livres.

Comme vainqueur de ses propos, Darkhell toisa le mage du regard avec un sourire arrogant. Ce qu'il disait était une pure vérité, jamais le collier de Sinka n'avait été activé, à moins qu'une page de l'histoire n'ai jamais été écrite. L'Empereur se leva de son fauteuil et marcha vers le balcon, une large terrasse en demi sphère qui donnait sur une des cours des jardins impériaux. Les fenêtres étant ouvertes il passa et respira 'ai extérieur. Puis il se retourna avers Mythos resté à sa place :

Je suis votre Empereur, et selon la Chartre des droits et devoir de l'Empereur, rédigé par notre puissant Esprit Origin, maître du mana, j'ai le droit en temps de crise ou d'état d'urgence, de demander aux souverains de me confier leur Diamant pour les offrir au collier de Sinka.

Il fit signe au vieil homme de le rejoindre et de prendre un peu l'air. Il lui posa une mai sur l'épaule et le fit s'approcher du bord.

Mon cher ami, nous sommes tellement si peu différents. J'aimerais que vous puissiez me comprendre.

Cette fois-ci, Darkhell ne regarda pas Mythos et se montra interdit, sans montrer aucun exemple à sa précédente phrase. Pourtant jusqu'à lors, hormis leur sexe, les deux hommes étaient bien différents.

Cette fois, la discussion tourna à l'avantage de l'Empereur qui avait adroitement retourné les filets sur Mythos. Ce dernier tenta de ne pas se montrer déstabilisé, mais officiellement, en effet, jamais le collier de Sinka n'avait été activé en présence des six Diamants. Personne ne pouvait donc prévoir les conséquences. Seulement, lui, à la fin du IIIème Age, avait procédé à cette folie. Il savait que cela permettait l'invocation d'Origin, l'Esprit de la Magie qui accordait tous ses pouvoirs si son invocateur réussissait à la vaincre. Dans le cas contraire,... Mythos n'en savait rien... Est-ce qu'Origin punirait les Télaniens pour l'avoir provoqué en duel ? Est-ce qu'ils repartirait sans causer d'embuche ? Darkhell était puissant, pourrait-il vaincre Origin seul ? Difficilement, surement. Mais une fois vaincu, Origin lui céderait son sceptre et son épée, sceptre qui nous donne tout pouvoir sur la Magie et épée qui offre à son détendeur la capacité de vaincre n'importe quel ennemi, même la Mort. Détenir ses deux armes c'était contrôler le Monde. Seulement, Mythos ne pouvait rien dire au risque de se trahit. Il ne pouvait en effet révéler le fait qu'il avait, il y a des dizaines de millénaires, réuni le collier de Sinka avec les Diamants.
Le Mage se contenta donc de ne rien dire si ce ce n'est :

- J'espère pouvoir vous faire confiance.

Lors de la deuxième intervention de Darkhell.
Après quoi il le suivit sur le balcon, en se laissant guider. la main dans son dos de l'Empereur le fit sursauter mais ne l'inquiéta pas pour autant. Cependant sa déclaration l'intrigua :

- Si peu différents ? Explicitez votre excellence ; jusqu'à oeuvre du contraire je suis en blanc et vous en noir. Cela résume un peu notre divergence.

Il est vrai que les deux hommes s'opposaient dans leurs habits. Pourtant les deux avaient des cheveux blancs, un visage creusé, un corps mince et charismatique. Mentalement, ils étaient assez ambitieux, intelligents, réfléchis et peut-être était-ce de ça que l'Empereur voulait parler.

La surprise de mythos à propos de sa dernière remarque ne surprit pas l'Empereur, bien au contraire, il était logique que l'on se demande en quoi ces personnages au caractère si différent pouvaient être rapprochés. Pourtant, Darkhell semblants avoir ce qu'il disait? Il se rapprocha de Mythos pour se pencher vers son oreille et murmurer :

Nous avons tous les deux perdus un être cher, et nous voulons tous les deux le retrouver.

Il s'écarta de lui et détourna son visage de celui, incrédule, abasourdi, atterré, du mage de Lumière. Il est vrai que Darkhell venait de se confier ; il venait en effet de révéler que peut-être, son but avec les Diamants et le Collier de Sinka n'était pas de faire le mal mais de pouvoir redonner vie à certaine personne., ou plutôt à une personne qui lui était proche.
Cependant, il devait maintenant fermer cette lucarne qu'il venait d'ouvrir à Mythos et pour cela, le meilleur moyen était de mettre fin à la conversation :

Seigneur Mythos, je pense que vous pouvez disposer.

Il rentra dans son bureau et d'un geste fit ouvrir les grandes portes. En se retournant, il vit que Mythos ne l'avait pas encore suivit, pensif, encore en pleine réflexion sur les derniers propos de son Empereur. Ce dernier le regarda et l'appela une nouvelle fois :

Je sui extrêmement ravi que vous ayez accepté mon offre, j'espère que vous saurez convaincre Alia de faire la même chose. Je pense qu'elle a le potentiel pour ça.

Le Mage de lumière tenta de masquer sa surprise à la réponse que venait lui faire l'Empereur. Il était vrai que son frère ainé, Ephraïm avait périt de la main des Spectres de l'Apocalypse, mais du côté du seigneur Magister, qui pouvait bien être cette personne ? il se concentra et réfléchit. On savait qu'il avait deux enfants : Ténebris et Drakos. En avait-il un troisième, décédé ? Où alors était-ce, comme lui, un frère qu'il avait perdu ? Cela paraissait peu plausible puisque d'après les archives, Darkhell avait été fils unique, enfant batard d'un Empereur. eut-être était-ce un demi frère ? A moins que ce soit de son épouse que le seigneur des Ténèbres voulaient parler. En effet, jamais personne ne s'était intéressé à la vie privée du maître des Ténèbres et il était évident qu'il avait fallut une femme pour la conception de Drakos et Ténèbris. Or, cette hypothèse était contestable car on disait Darkhell incessible à l'amour et de fait, ses deux enfants n'étaient que le fruit d'un rapport charnel avec une magie démoniaque ou d'une femme dont il fit disparaître toutes preuves de son existence. Pour Mythos, l'unique moyen de se renseigner était de se rendre aux archives du Palais de Cristal.
Alors qu'il n'avait analysé que la première moitié de la réponse de Darkhell, Mythos se concentra sur la site : "Nous voulons tous deux le retrouver"... Tout d'abord, comment savait-il que le vieil homme, dans sa jeunesse avait essayé de ramener à la vie son frère ? Il n'y avait pourtant aucune trace de son histoire après l'Age des Morts. Décidément, l'Empereur était bien mystérieux et dominait désormais à lui seul le grand échiquier de Télania. Mythos se sentait même rabroué au rang de pion blanc qui allait se faire manger par le roi noir qui se situait à une case de lui. Cependant, une chose me rassura car en voulant ressusciter cette personne disparue, l'Empereur devait peut-être vouloir utiliser le collier de Sinka et les six Diamants. Ces intentions étaient certes égoïstes mais pas aussi mauvaise que cela.
C'est alors que la voix de Darkhell résonna dans le bureau, lui intimant l'ordre de bien vouloir s'en aller. Mythos, qui, plongé dans ses réflexions, n'insista pas et ne voulu pas poser d'autres questions.

- Merci de votre accueil Darkhell. A très bientôt.

Appeler ainsi l'Empereur était un blasphème. Or, rappelez vous que désormais Mythos avait rejoint le futur triumvirat ; il était donc à la même place hiérarchique que le puissante mage noir. En passant la porte, il se retourna pour plonger une dernière fois ses yeux dans ceux de l'Empereur afin de, d'abord, lui répondre, et ensuite comprendre ses intentions.

- Je suis presque certain qu'Alia vous donnera sa réponse dans la journée.

N'ayant rien à rajouter, le mage blanc tourna les talons et quitta le bureau pour emprunter à nouveau les grands escaliers, en mettant brièvement un regard sur les bureaux en construction.

Mythos ne put cacher sa surprise, pardon son ébahissement au propos de l'Empereur. Ce dernier savait pour son passé, pour ses cicatrices et ses lourds secrets. La question que devait se poser le mage était "comment pouvait-il savoir ?". Il est vrai que dans les contes et légendes, Mythos avait simplement été l'Elu du Bien durant le IIIème Age et fut sacrifié pour l'arbre de Mahonokï. Rien n'indiquait donc qu'il avait perdu un proche, et qui d'autre que ce proche fut son propre frère, ainé, tué par les Spectres de l'Apocalypses. De fait, personne ne pouvait savoir, en l'absence d'écrit à ce sujet, connaître cette parti de la vie de Mythos.
Ce dernier quitta d'ailleurs le bureau Imperial. Darkhell le salua, comprenant immédiatement pourquoi il venait d'être appelé par son prénom.

Au revoir Mythos. J'espère très vite vous retrouver pour pouvoir nous mettre au travail.

Lorsque la porte se referma, le seigneur noir sorti de sous son manteau un vieux livre qu'il posa sur son bureau. On pouvait y lire, malgré le très vieil âge du manuscrit, gravé dans une couverture de cuir : "A Cormag Magister". Après avoir caressé le grimoire, l'Empereur récita ses étranges paroles :

Mon cher ancêtre, votre plume m'aura été d'une très grande utilité, puisse Sinka vous protéger depuis votre tombe.

Le nom de Magister ne faisait pas de doute, il s'agissait de l'unique Dynastie des Empereurs de Télania. En revanche le prénom de Cormag n'avait jamais été connu en tant que souverain du monde ; il aurait fallut se plonger dans les généalogies de cette puissante famille Télanienne. Mais peut-être votre lanterne s'éclairera si je vous dit que Cormag Magister était le compagnon de route d'un certain Mythos lorsqu'il était Elu du Bien.

FIN DU TOPIC

» Rencontre de deux ennemis....