Le début des ennuis

J'avais voyage plusieurs jours durant. J'avais du m'arrêter à plusieurs reprise afin de dormir et de permettre à mon cheval de prendre du repos. Les gens qui me rencontraient étaient très surpris de me voir sur la route, seule. J'avais peur que Milo ait envoyé des gens à ma poursuite, ou que lui-même soit parti à ma recherche, mais au bout de plusieurs jours sans nouvelle, j'avais pu me rassurer en comprenant que personne ne me suivrait. Au bout de trois jours, j'étais enfin parvenu à un petit village au bord de la rivière qui menait à la cascade. Je louai une barque, car sans navire, il était impossible de se rendre au royaume de l'Air, et je laissai le cheval au village. Alors que le ciel était devenu rouge, et que le soleil descendait à l'horizon, je parvenais enfin à la cascade à l'envers. Je décidai de faire une pause au bas de la cascade. Mes jambes étaient engourdies par le voyage, j'attachai donc la barque à un rocher et je partie faire quelques pas. C'était ici que le campement du royaume de l'Eau avait séjourné lors de la dernière bataille contre les Ténèbres. Je retournai vers l'eau et, levant la tête, je regardai la cascade. Pan, avec qui j'avais une communication mentale, me fit comprendre que nous devrions y aller.

- Tu as raison, mieux vaut ne pas trop tarder. Prendre la cascade à l'envers de nuit n'est pas vraiment une bonne idée.

Je remontai donc dans ma barque après l'avoir détachée, et je commençai à ramer jusqu'à la cascade. Celle-ci nous éleva vers le ciel avec douceur. Enfin, après une bonne demi heure, j'étais enfin parvenue au sommet. Le royaume n'était gardé, les soldats avaient sans doute étaient réquisitionner pour la reconstruction du royaume. Lorsque j'arrivai dans la capitale, un spectacle macabre m'attendait. J'imaginai le choix que ç'avait du être pour ses habitants. Il me fallut quelques instants pour me remettre. Après quoi je repris ma route, la nuit était tombée, et la ville était déserte. Je compris que les habitants devaient s'être installés à l'écart de la ville pour l'instant. Je repris donc ma route. La nuit était bien avancée, il faisait très noir et je n'y voyais rien, mais au bout d'une demi heure, j’entendais enfin des voix, et elles m'étaient familières. Ma présence fut perçue puisque Roy me demanda de m'identifier :

- C'est moi, Kali !

Lorsqu'il m'aperçu, Roy vint vers moi. Il était surpris de me voir. Cela pouvait se comprendre, je n'avais pas même prévenu de ma venue. Cependant, connaissant mes amis, je pensais que ma présence serait la bienvenue ainsi que mon aide. Il fut bientôt rejoint par Dalion qui me salua à son tour :

- Kali, ça alors, on ne s'attendait pas à te voir ici.

 Mais enfin que fais-tu ici ? Enchaîna Roy, immédiatement après le salut de Dalion.

Il était normal qu'il me pose cette question, et il était normal que je lui réponde. Je voyais bien que mes deux amis étaient très surpris. Mais avant que j'ai pu prononcer le moindre mot, Roy expliqua de façon confuse qu'il était content de me voir. Je compris qu'il avait du trouver sa question trop directe ou agressive, mais personnellement je ne l'avais pas perçu comme telle.

- Enfin, je suis très heureux de te voir, mais je suis surpris que tu sois là.

Sa phrase me fit sourire, mais je perdis rapidement celui-ci en pensant aux explications que j'allais devoir donner. Je n'avais pas vraiment envie d'en parler. Cette histoire m'avait suffisamment agacée, et j'étais toujours en colère contre mon père et Milo. Je pensais que si Roy était surpris de me voir c'était que Milo ne l'avait pas contacté. Voyant qu'ils attendaient ma réponse, je me décidai à leur expliquer.

- Mon père a décidé d’accepter l'argent de Darkhell. Il semble lui vouait une certaine admiration, et même de la reconnaissance, et il a osé dire que toi et ton père étiez fous de refuser cet argent, que vous ne finirez jamais vos travaux. Les mots qu'il a eu et la façon dont il les a prononcé m'ont passablement énervé, sans compter la situation, et le fait qu'il se montre si naïf. Aussi me suis-je emportée, et il s'est emporté à son tour, nous nous sommes disputés et il m'a renié, mais honnêtement, cela ne me fait rien.

Je me doutais que mes amis trouveraient cette situation terrible. Ce ne devait pas être évident pour eux de comprendre que je ne considérait pas vraiment le roi de l'Eau comme mon père, et que par conséquent son reniement ne changeait rien à ma vie ni à mon sentiment personnel. Pendant que je parlais, j'avais tourné mon regard vers Pan et lui caressait machinalement la tête.

La nouvelle que je venais d'annoncer à mes amis ne semblait guère plaire à Roy. Il alla s'asseoir et nous le rejoignîmes. Il semblait quelque peu déçu du fait qu'Alia ait enfin réussi avec son père alors que moi je venais de couper les ponts avec le mien. Je comprenais bien qu'il n'appréciait pas les conflits, mais je ne pouvais me défaire de mes idées et de mes principes pour l'unique raison que le roi de l'Eau était mon "père". Roy tenta alors de me rassurer en m'expliquant que mon père avait fort probablement parlé ainsi à cause de sa colère. 


Je le fixai alors d'un air peu convaincu. Avait-il réellement conscience de ce qui s'était passé à cet instant là ? Je n'étais pas sure que s'il avait vu la scène il parlerait dans les mêmes termes. Je devais reconnaître qu'il avait raison sur un point, le roi n'avait pas décidé de m'abandonner lorsque j'étais toute petite, mais je n'avais pas non plus choisie d'être une princesse.

- Tu as raison, il n'a pas choisi d'être enlevé, torturé et détenu prisonnier dans les cachots de Darkhell durant des années. Mais il est normal que mes sentiments d’enfant soient allés vers ceux qui m'ont élevé et prit soin de moi durant toute mon enfance. 

Je comprenais parfaitement que cette situation contrarie Roy, mais j'étais un peu déçue qu'il sous-entende que j'allais rapidement rentrer. Pourquoi retournerai-je là bas maintenant que je n'avais plus ni le rôle de fille ni le rôle de princesse ? Pourquoi retournerai-je à un endroit où je n’ai pas le droit d'exprimer mes opinions ? Mon ami était quelqu'un de vraiment gentil, mais il était parfois un peu trop sage. Il n'était pourtant âgé que de deux années de plus que moi et Alia. Je sais qu'il a beaucoup de responsabilités, et il est vrai que lui au moins n'a pas terminé comme Milo, mais à cette heure, j'avais envie qu'il me soutienne et m’accueille à bras ouverts et non qu'il me dise que j'avais eu tort de partir ainsi. 

- Qu'est-ce que tu penses que j'aurai du faire ? Rester là bas, faire ce que l'on me demandait et me taire ? C'est ça mon rôle ? être une simple potiche qui ne doit agir que sur les ordres et les conseils des autres ? Parce que même quand je monterai sur le trône j'aurai des conseillers et donc je serai obligé de les écouter, je ne pourrai pas décider par moi-même, bien sûr. Est-ce que toute ma vie doit être comme ça ? Je t'en prie Roy, tu sais très bien que je serai incapable d'être comme ça. Je suis peut-être née princesse mais je ne suis pas prête à me plier à l'étiquette et encore moins à abandonner mes principes. Tu devrais bien le savoir, tu as la même à la maison, tu l'as même deux fois puisqu'Anna a un caractère encore plus trempée qu'Alia.

C'était d’ailleurs ce que Kali appréciait beaucoup chez Anna. Elle disait toujours franchement ce qu’elle pensait, au delà de l'étiquette et des règles imposées de la cours. La princesse avait d'autant plus la chance de pouvoir s'offrir ce luxe qu'elle n'était l'héritière d'aucun trône. En effet, elle aurait du être l'héritière du trône du royaume du Feu mais la reine actuelle avait décidé qu'il en serait autrement. 
Je lançai un regard furtif vers Roy et comprit qu'il ne voulait pas que je me taise et que je me laisse faire. Et ses paroles suivantes me firent comprendre ce qu'il voulait vraiment dire. En réalité, il voulait simplement que je comprenne que le roi et Milo m'aimaient sincèrement, et que partir ainsi m'empêchait de me réconcilier avec eux. Je m'allongeai donc sur le dos dans l'herbe de la pente douce sur laquelle nous étions assis et contemplai les étoile.

- Je suis peut-être dure avec eux, tu as raison. Mais ils ne sont pas très compréhensifs avec moi non plus. La vérité c'est que j'avais enfin réussi à renouer des liens d'amitié avec Milo, mais j'aurai aimé qu'il me soutienne face à mon père. Peut-être pas qu'il refuse l'argent directement, mais qu'il fasse preuve de compréhension. Seulement sa réaction a plutôt été "oui mais non". Il n'a pas agi comme un ami. J’avais 'impression de mener un combat toute seule face à Darkhell et que ceux qui étaient censés me soutenir se battaient contre moi sans le moindre remord. Milo s’inquiétera sûrement pour moi, mais c'est un peu tard. Il aurait du agir en conséquence plus tôt. 

Après cette conversation, le prince de l'Air redevint plus joyeux. Enfin, en partie, me faisant comprendre que mon aide était la bienvenue. La partie moins joyeuse était celle m'indiquant qu'il allait falloir que mes nerfs soient bien accrochés pour voir la capitale dès le lendemain. En effet, mon ami ignorait que j'y étais passé avant de les retrouver, ignorant où ils demeuraient durant les travaux. Je tentai donc de le rassurer sur ce point.

- Je suis au courant, je suis passée à la capitale avant de venir ici... Je sais déjà à quoi m'attendre pour demain...

Dalion était resté un moment silencieux durant la conversation de ses deux amis. Pour sa part, il comprenait aussi bien Kali que Roy. Il voyait bien que la jeune fille avait besoin de soutien plus que de morale en ce moment. Mais elle se fourvoyait sur les propos du prince, aussi le jaguaran intervint-il afin d'expliquer plus clairement les propos de son meilleur ami.

- Roy ne voulait pas dire qu'Atlant et Milo avaient raison, simplement que ce serait bien que vous ne fassiez pas durer cette querelle trop longtemps. Nous devons rester soudés et éviter les ennuis, pour l'instant seulement. Après tu me connais, je suis d'accord avec toi sur le fait que tu ais été en colère et que tu refuses cet argent, Roy et son père refusent eux-même l'argent de l'Empire, mais nous avons moins de dépenses que vous. 

Il aurait bien dit à Kali qu'elle avait parfaitement raison sur tout et qu'il la soutenait à deux cent pour cent, mais après la bêtise qu'il venait de faire, il préférait s'abstenir. Cependant, il savait que Kali connaissait son caractère et qu'elle pensait bien qu'il la soutenait même s'il ne le disait pas clairement. Il sourit tout de même à son amie, d'un air de compréhension. 

- Ne t'inquiètes pas, on est content que tu sois là, toute aide pouvant nous être apportée est la bienvenue. En plus ça nous fait plaisir de te voir. Depuis la fin de la dernière bataille on ne s'est pas vraiment vu et c'est dommage. Si nous voulons rester soudé nous devons nous voir. Enfin il faut dire qu'on est très occupé depuis.

Il posa ses mains derrière lui pour s'appuyer sur ses bras, contemplant le ciel à son tour, il se remémora les derniers événements. Il soupira en repensant à son arrestation. 

- Tu sais Kali, l'Empereur et ses partisans sont très malins. On ne peut pas se permettre de dire quoi que ce soit en ce moment. J'ai eu le malheur de m'en prendre à Valmer qui commençait sérieusement à m'agacer et qui tenait tête à Roy, j'ai fini à la prison de l'Inquisition et je m'en suis sortie avec un bannissement de Jaguarys et de mon trône et une amende inabordable. Je vais m'e  sortir seulement grâce à Alia et je n'ai pas même le droit de me trouver dans la capitale en même temps que ce sale serpent. Donc tu vois, ça n'a fait que causer des ennuis à tout le monde. Tu sais que je ne suis pas du tout pour me plier et me taire face aux injustices et à certaines personne,s amis j'ai bien compris que malheureusement, pour l'instant, il allait nous falloir faire profil bas. 

Tout en parlant, Dalion avait tourné son regard vers le princesse de l'Eau, un air grandement sérieux sur son visage. 

Alors que je venais de faire comprendre que j'étais assez déçu de la réaction de Roy, Dalion intervint afin de m'expliquer les véritables pensées de son meilleur ami. Je l’écoutai donc avec attention, tout en réalisant qu'il avait raison. Il fallait reconnaître qu'un conflit au sein même de mon entourage dans un royaume qui se remettait tout juste d'une guerre civile n'était guère approprié de notre part. Mais je ne pouvais faire marche arrière hélas. 
Mon ami enchaîna alors en m'expliquant qu'ils étaient tout de même très heureux de me voir, et que mon aide était la bienvenue. 

- C'est vrai que les derniers événements n'ont pas été propices à des rencontres de notre part. Et sans cette situation je pense que nous ne nous serions pas vu avant quelques mois.

Bien entendu dans peu de temps, ce serait l'anniversaire d'Alia, mais étant donné les circonstances, je connaissais assez ma meilleure amie pour savoir qu'elle ne le fêterait pas. Et sans fête, pas de réunion. Quelque part cela devait arranger Darkhell, lui évitant de soupçonner des complots entre les partisans du Bien. Honnêtement, Nous ne complotions rien du tout, mais puis que nous nous méfions des partisans du Mal, pourquoi eux ne méfieraient-ils pas de nous également ?
Dalion en vint à parler des récents événements le concernant. Surprise, je tournai vivement la tête vers lui. Je n'arrivai pas à croire qu'à peine arrivé au royaume de l'Air, il s'était déjà fait arrêté. Cependant, étant donné la sentence qu'il avait reçu, j'en conclu que Valmer avait du exagérer quelque peu en l’emmenant à l'Inquisition. La peine était lourde financièrement, certes, mais Dalion pouvait s'estimer heureux d'être ressortis libre d'un jugement dans les prisons de l'Inquisition. Durant la guerre, il aurait été enfermé à vie sans plus de procès, jusqu'à ce que l'usure et l'âge aient eu raison de lui. 

- Tu as de la chance de t'en sortir uniquement avec cette peine. Soit les partisans du Mal croient réellement en la paix, du moins pour certains, soit ils jouent très bien leur rôle. Dans tous les cas c'est à ton avantage. Je prend note de ton erreur et tâcherai de ne pas faire la même, même si je trouve que Zephiel Nagareth est plus sympathique de Valmer en tant que Grand Inquisiteur du royaume.

Je tournai de nouveau mon regard vers les étoiles. J'étais heureuse de pouvoir les contempler à nouveau. A Saphira, je ne voyais pas le ciel, et c'était une des choses qui me manquait beaucoup. Ici, il était dégagé, il y avait de l'espace à perte de vue, et es étoiles brillaient de mille feux. Je soupirai en les contemplant.

- Je crois qu'en vérité la guerre repose sur nous. Le moindre faux pas de l'un d'entre nous risque de tout déclencher de nouveau. Tu as donc raison, nous devons faire profil bas pour le moment. Bon, je reste tout de même ici, je ne repartirai que si mon père me fait appeler. Je suis contente que nous ayons eu cette discussion, ça m'a permis de réfléchir.

Dis-je en souriant à mes amis. Je senti alors la fatigue m'envahir. Le voyage m'avait épuisé, et il était très tard. Pan s'était endormi sur mes genoux pendant que je discutais avec Roy et Dalion. Je me demandais d'ailleurs qu'est-ce qu'ils pouvais faire debout à une heure pareille avec tout le travail qu'ils avaient du accomplir dans la journée, mais je supposai que cela avait un lien avec al récente arrestation de Dalion.