Le tournoi de Numarus (préparation)

Alors qu'Edelwen contemplait l'enfant, sa mère s'endormit, et Lucilia, la nourrice de la princesse, vint prendre le bébé après avoir posé une main affectueuse sur l'épaule de la jeune fille tout en lui souriant. Elle le lui rendit et la regarda s’éloigner avec l'enfant afin de le nourrir. Edelwen se sentait vraiment bien après l'immense anxiété qui l'avait parcouru quelques instants auparavant. Elle alla s'asseoir sur une chaise à son tour, ne pouvant détacher son regard de son petit frère. Une fois que sa nourrice eu terminé de le nourrir, elle déposa délicatement le nourrisson dans un berceau que les serviteurs du gouverneur avaient apporté, puis elle le borda. Goldric dormait paisiblement. Il était vraiment adorable. Lucilia revint vers la princesse en lui souriant.

- Tu vas avoir de nouveau beaucoup de travail. Lui chuchota la jeune fille.

- Oui, j'espère qu'il sera plus tranquille que toi. La taquina Lucilia en retour.

Edelwen rit discrètement. A cet instant, la famille du gouverneur entra. La princesse alla enlacer son amie Madelga. Elle aussi semblait émerveillée par l'enfant. Son père fit porter un présent pour le prince et le roi sembla très heureux de cette armure. Sa fille, en revanche, la regarda d'un air peu perplexe. Elle n'avait aucune envie de voir son frère porter une armure tel un chevalier partant au combat. Elle tenta tout de même de faire bonne figure, et se dit que ce n'était qu'une tenue d’apparat, ce qui était vrai, en soi, puisque son frère n'allait pas partir en guerre à dix ans. La jeune fille remercia donc, elle aussi le gouverneur et sa famille pour son présent.

- Cette armure est magnifique Seigneur De Nelgus, elle est digne d'un vrai prince.

Après la prestation de présent, le roi fit venir l'un de ses collaborateurs afin de faire annoncer officiellement la naissance du jeune prince. Edelwen avait hâte que ses amis le voit. Alia allait certainement fondre, elle qui ne résistait pas devant les enfants et les bébés. Cette pensée amusa la princesse de la Foudre qui eu un petit rire discret. Les jours suivant s'annonçaient très joyeux. Mais pour l'heure, il fallait laisser la reine et le bébé se reposer, aussi Edelwen, Madelga et sa famille quittèrent la chambre après voir salué le roi. Les deux jeunes filles décidèrent de rester ensemble et se rendirent dans la chambre de la princesse en attendant la suite des événements.

Il ne restait plus qu'une journée avant l'ouverture officielle du Tournoi de Numarus. La ville avait déjà triplée en terme de population et il devenait de plus en plus dur de trouver des chambres libres. Le matin même, on avait reçu les dirigeants étrangers en grande pompe qui logeaient chacun dans différents hôtels particuliers de la ville. Le soir, et cela expliquait la liesse dans les rues, on attendait l'Empereur et Alia. On ne sait lequel des deux provoquaient une telle agitation dans la foule, mais il était certain que celui-ci, ou peut-être les deux, était attendu. On avait donc fait installer un cordon de sécurité de l'entrée de la ville jusqu'au Palais du gouverneur, et Elgonor aux côté du chef de la ville, attendaient leurs prestigieux hôtes.
A l'autre bout du monde, au Palais de Cristal, l'Empereur avait revêtu un long manteau pourpre couvrant son costume style XIXème de couleur noir et rouge décoré de boutons et broches d'or. Il se dirigeait vers une cour accompagné de Kensylia à qui ils donnaient ses derniers ordres.

Le seigneur Mythos n'est pas encore rentré de son voyage, faites en sorte de l'accueillir comme il se doit. J'ai souvenir qu'il m'ait confié ne pas vouloir se rendre à Numarus pour ne pas laisser la gouvernance mondiale vide en mon absence.

Au bas des escaliers menant à la cour, il aperçut Alia, elle aussi vêtue impérialement. Il était difficile de ne pas rester insensible à sa beauté et sa grâce et même le coeur aussi dur du seigneur des Ténèbres ne put s'empêcher d'en être admiratif. Ainsi, dans son ancestrale élégance, il lui prit la main et la baisa en exécutant une révérence. Il avait beau être un Empereur, Darkhelle avait toujours appris à s'incliner devant les dames.

Votre présence illuminera le coeur de tout notre peuple très chère. J'ose espérer qu'une si belle dame aura un champion similaire pour la représenter.

Et sans en ajouter d'avantage, il monta dans le carrosse impérial tiré par si licornes à la robe argenté. Alia en fit de même en s'installant à ses côtés. Alors, l'attelage démarra, encadré par une dizaine de gardes impériaux. On ouvrit la grille de la cour et un portail spatial se matérialisa. En le pénétrant, le cortège fut transporté à l'entrée même de la ville de Numarus où l'on entendit soudainement la foule applaudir et acclamer les nouveaux arrivants. Darkhell était très attentif à l'image qu'on lui donnait et à celle qu'il véhiculait. Alors, afin de s'attirer les bienfaits du peuple, il fit quelques saluts de la main droite, associés à quelques sourires très naturels. En même temps il écouta ce que scandait la foule. On entendait des "Alia", des "paix", mais aussi des "vive l'Empereur". Finalement, après quelques semaines de paix, Télania s'était fait à cette nouvelle alliance impensable il y a tout juste quelques mois.
Le cortège arriva enfin au Palais du gouverneur où les deux souverains impériaux furent accueillis avec respect et protocole. Darkhell aimait ce protocole et cette soumission absolue des autres dans laquelle il sentait encore un respect par la crainte.

Voilà plusieurs jours que les préparatifs pour accueillir les différents souverains avaient été faits. Tout devait être parfait pour cette première rencontre internationale depuis le traité de paix. Le gouverneur de Numarus avait la lourde responsabilité de toute cette organisation et il savait que tout devait être parfait. Tout c'était bien passé pour les différents souverains, mais pour ce soir là, on allait accueillir l'homme et la femme les plus puissants de tout Télania.
Sur le péron, l'attente du carrosse sembla interminable aussi bien pour Elgonor que pour le gouverneur. Lorsqu'on vit arriver l'attelage, le roi de la Foudre senti son angoisse monter. L'Empereur était un homme bon mais sa présence était inquiétante. Il vit d'abord Alia, mais la pauvre colombe sembla vite éclipsée par l'aigle noir qui surgissait de derrière, s'approcha des escaliers en fixant de ses deux yeux rouges perçant, le mortel qu'il était. Elgonor s'agenouilla devant les deux illustres personnes, comme le reste des personnes présentes autour, comme tout le peuple qui était là, attendant que le souverain de Télania lui intime l'ordre de se relever. Ce fut rapide et une fois debout, le roi de la Foudre s'empressa d'accueillir ses invités de marques.

- Votre excellence, votre altesse, c'est un honneur de vous recevoir en ces jours. Si vous voulez-bien me suivre.

Chaque mot était longuement pesé dans l'esprit d'Elgonor qui, fort heureusement, avait un certain talent dans l'art du protocole. Le gouverneur guida alors ses hôtes accompagnés du roi, vers le grand salon où déjà ils étaient attendus. En effet, à peine eut-on ouvert la porte et annoncé l'entrée de "son excellence l'Empereur de Télania" et de "son altesse la co-imperatrice Alia" que l'on vit tous les occupants du salon se lever et s'incliner. Il s'agissait en fait de tous les autres souverains : Flameria pour le Feu, Atlant pour l'Eau, Stalven pour la Terre, Eros pour l'Air et Drakos pour l'Univers. Ce repas se devait-être "intime", contrairement à celui du lendemain soir, qui, célébrant l'ouverture du tournoi, devait réunir tous les grands dignitaires de Télania.
S'ensuit alors un ballet de révérence devant l'Empereur et Alia des différents souverains. On vit même Drakos baiser la main de la princesse de l'Air avant de lui échanger un bref regard de sympathie. Une fois que ce fut fait, tout le monde se mit à table, dans la salle voisine. Le gouverneur, en tant qu'hôte prit la parole avant de s'asseoir pour proclamer un discours à la gloire de l'Empereur et de l'entente. Une fois fini, on apporta les plats et on se prépara à manger, dans une ambiance plutôt rigide au grand damne d'Elgonor qui aurait espéré une atmosphère plus détendue.

La prestance de Darkhell faisait de lui un homme craint et respecté. Cette situation le suffisait et il se plaisait à voir toutes ces têtes couronnées s'incliner devant lui. Prétention orgueilleuse ? Surement. Or, son esprit n'était absolument pas en quête de revanche ou d'humiliation, bien au contraire ; il espérait faire de ces jeux l'icône de la réconciliation.
On se mit à table, et après avoir écouté le discours élogieux du gouverneur de Numarus, l'Empereur piqua le premier morceau de viande, signifiant que l'on pouvait manger. Les premiers coups de couverts ne se firent pas plutôt entendre que le seigneur des Ténèbres se leva de sa chaise en prenant son verre d'or délicatement. L'assemblée se tut soudainement et l'on eut craint une mauvaise réaction de l'Empereur si bien que le sang de chacun sembla se glacer. Même les serveurs présents n'osèrent plus bouger.

Il aurait été incorrect de ma part, de ne pas non plus me prêter à cette cérémonie sans y déclarer quelques mots.

Comme l'ambiance était toujours aussi électrique, suspendu à ses lèvres, l'Empereur esquissa un sourire pour détendre un peu l'atmosphère.

Rassurez-vous je ne serai pas long.

On vit les visages se dérider.

Qu'importe ma présence. Qu'importe votre présence. Qu'importe le tournoi et qu'importe la paix. Aujourd'hui et pour longtemps, je veux que le passé demeure à qui il appartient. Du passé, je ne tire que son enseignement. Et ce qu'il m'a apprit, et ce quelque soit nos erreurs, se doit d'être transmis. Ainsi, je ne désire non plus bâtir pour ceux qui ont vécu, mais pour ceux qui vivent ou vivront. Aujourd'hui, je veux offrir Télania à cette nouvelle génération qui n'a connue ni la guerre, ni le Bien, ni le Mal. Je veux offrir toutes mes capacités à ceux qui aujourd'hui voient le jour et qui demain nous remplaceront. Et quand je parle de ceux pour qui je veux oeuvrer, je parle bien entendu de votre fils Elgonor. Votre fils, qui symbolise cette page que nous tournons et pour qui nous en écrivons une nouvelle. Ainsi, permettez-moi de lui offrir ce présent, qui je espère, lui permettra d'aller au delà de tout obstacle.

Et un garde impérial vint apporter à la reine de la Foudre, présente à la table, un sublime oeuf décoré d'or et de pierreries. On l'aurait cru de porcelaine, mais il s'agissait en vérité d'un oeuf de Vouivre qui devait éclore d'ici quelques semaine, Vouivre qui serait alors le compagnon et la monture du petit prince. La Vouivre, sachez-le, est un dragon typique du Royaume de la Foudre mais extrêmement rare et difficile d'apprivoiser. Elgonor en possède pour ses unités d'élites une dizaine. Il s'agissait donc d'un cadeau extrêmement précieux et honorable. Quant à la naissance, du petit, Darkhell avait été mis au courant par l'Inquisition.
Après quoi, l'Empereur leva son verre en félicitant le couple royal, avant de s'asseoir et boire une gorgée. Le contenu était bien du sang, comme il le voulait toujours et la cuvée lui sembla bien fraiche et de qualité si bien qu'il en fut ravi intérieurement. On se remit à manger, dans une ambiance plus conviviale et complice, discutant alors du jeune prince de la Foudre, de la princesse avant de généraliser sur les enfants de chacun des souverains.

Les jours étaient passés très rapidement depuis la petite promenade d'Alia, Glen et Forciticus. Les derniers jours avait été remplie par la préparation du départ à Numarus. Alia avait eut la chance de recevoir son salaire quelques jours auparavant, ce qui lui avait permis de se refaire faire deux robes, car pour payer la dette de Dalion il lui avait fallut se séparer de nombreuses choses. Pas de toutes ses robes, fort heureusement, mais de ses plus coûteuses. Pour le tournoi, elle s'était faite faire une longue robe aux bretelles tombantes sur ses épaules et aux couleurs dorées en l'honneur du pays dans lequel elle se rendait. Elle portait un bracelet elfique doré enroulé sur on avant-bras. Son habilleur avait jeté un sort à son diadème pour qu'il paraisse doré lui aussi. Par dessus sa robe, elle portait une longue cape repoussée en arrière, recouvrant ses épaules mais laissant apparaître sa robe. Enfin, ses cheveux étaient attachés en demi queue tressée avec soin. La jeune femme se tenait droite et fière, mais sans aucun air supérieur. Pourtant elle était impressionnante. Mais si Darkhell admira la prestance d'Alia, le princesse fut tout autant admirative de l'Empereur. Lorsqu'il se présenta elle s'inclina avec grâce et respect après quoi il lui baisa courtoisement la main.

- Votre Excellence, vous me flattez. Permettez-moi de vous retourner le compliment, vous êtes absolument remarquable.

Elle lui sourit. Elle parlait avec sincérité. La princesse passa cependant sous silence le fait qu'elle n'avait pas de champion. Elle avait bien conscience qu'il était peu glorieux pour une jeune femme de son statut de ne posséder aucun champion pour le tournoi, mais elle passa outre. Ce qui occupait toutes ses pensées à cet instant, c'était qu'elle pourrait revoir sa famille et ses amis durant le tournoi.

Alia suivit l'Empereur et prit place près de lui dans le carrosse après avoir admiré les licornes qui allait tirer la voiture impériale. La princesse regretta que ces créatures célestes soient ainsi asservies, mais elle préféra se taire. Forciticus suivait le convoi de loin, avec toute la cours qui devait accompagner l'Empereur et la co-Impératrice.

Après avoir passé le portail, ils se retrouvèrent à Numarus. La foule acclamait les deux souverains impériaux. Tout comme Darkhell, Alia saluait la foule en souriant. Cela lui fit du bien de voir autant de visages réjouis, que ce soit grâce à elle ou non. Enfin le carrosse s'arrêta au bout d'une haie d'honneur. À l'autre bout se trouvait le roi Elgonor, sa fille, ainsi que le gouverneur de la ville et sa famille, tous vêtus pour l'occasion. Voir Edelwen réchauffa le cœur de l’Élue du Bien. Lorsqu'elle sortie du carrosse, la jeune femme sentie l'ombre pesante de l'Empereur au dessus d'elle, mais étrangement, cela la rassura, elle se sentait moins exposé au milieu de tous ces gens qui les acclamaient un peu trop à son goût. Elgonor les reçut avec toutes la politesse et tout le protocole qui était nécessaire. Cela devait être très difficile, pourtant le roi de la Foudre s'en sortit à merveille. Alia fit un clin d’œil discret à Edelwen tandis qu'ils suivaient le roi dans le palais jusqu'au salon. Elle se demanda tout de même où se trouvait la reine et espérait qu'il ne soit rien arrivé, mais sa jeune amie semblait trop heureuse pour que sa mère ait quelque chose de grave.

Ils furent annoncé et pénétrèrent dans le salon où tous les souverains les attendaient. Si en apparence la princesse de l'Air resta droite et digne, à l’intérieur d'elle-même elle n'avait qu'une seule envie en pénétrant dans ce salon : sauter au cou de son père et de son amant. Mais elle n'en ferait rien. Elle se contenta de sourire et de hocher la tête en signe de salut comme il était d'usage de le faire lorsque chaque souverain vint s'incliner devant eux. Mais le fait de voir son propre père s'incliner devant elle la mit mal à l'aise. Elle n’appréciait pas ce qui faisait courber une personne devant une autre... Fort heureusement, le salut de Drakos fut plus agréable. Lorsqu'il se présenta il se permit de faire un baisemain à la jeune femme qui retint comme elle pu le rose qui montait à ses paumettes. Elle se contenta de lui sourire en inclinant la tête, mais son regard parla pour elle.

Enfin vint l'heure du repas. Cela fut beaucoup moins agréable. Il régnait une atmosphère froide et il y avait peu d'échanges. Alia aurait aimé prendre des nouvelles de sa famille et du royaume auprès de son père mais ce n'était ni le lieu ni le moment. Elle ne pouvait pas non plus échanger avec Drakos. Quant à parler avec Edelwen, de quels sujets superficiels pouvaient-elles parler ? Et pour les autres souverains, la jeune femme ne savait que leur dire. C'est alors que l'Empereur choisit de prendre la parole à son tour. C'est alors que la princesse de l'Air appris qu'Edelwen avait eu un petit frère. C'était la raison pour laquelle la reine ne les avait rejoint que plus tard. Nul ne lui avait fait parvenir cette nouvelle, en revanche l'Empereur semblait bien au courant et il avait même prévu un élogieux cadeau pour l'enfant. Alia tourna son regard vers Edelwen qui lui sourit d'un air ravit. C'était donc cela. Après le discours de l'Empereur, Alia félicita le couple au milieu des conversations. Le sujet passa alors sur les enfants et la famille. De manière très rapide. La princesse de l'Air ne put s'empêcher de remarquer que sa mère évitait soigneusement de regarder son père tandis que celui-ci lui jetait des regard furtif de temps en temps. Cela avait beau être la paix, il n'y avait aucune chance qu'ils se réconcilient ces deux là. Pourtant le roi de l'Air aurait souhaité que cela se passe autrement, la jeune femme le savait. Le repas se termina et tous furent conviés au salon pour prendre ce qui ressemblait à un café, mais en version télanienne.

Alia en profita pour se rapprocher d'Edelwen et de son père avec qui elle se sentit de suite beaucoup plus à l'aise. Elle eut une pensée pour Forciticus qui était contraint de rester dehors alors qu'il avait était si loyal envers elle ces derniers temps. Mais l'heure n'était pas aux pensées personnelles, il fallait encore porter le masque de co-Impératrice car la soirée n'était pas terminée.

La reine du Feu avait été l'une des dernière souverain à arriver à Numarus. Elle ne fut néanmoins pas moins remarquée car elle avait choisi de se vêtir de sublimes vêtements pour ce jour. A ses côtés, on aurait presque dit qu'Alia s'effaçait. De la mère et de la fille, on ne pouvait savoir qui était la plus belle. Depuis ces derniers jours Flameria rayonnait et rendait son puissant peuple si fier qu'il était difficile de nier quelle était à la tête d'un des plus puissant Royaume de Télania. Voir son ancien mari ne lui fit aucun effet, sinon qu'elle remarqua en son fort intérieur à quel point il avait vieilli. Certes elle l'avait aimé et avait eu trois enfants de lui. Pourtant, la famille Daimon n'avait à ses oreilles plus qu'une consonance de famille royale étrangère plutôt que de sa vraie famille. Ainsi, de voir d'abord Eros puis Alia ne lui fit que l'effet de rencontrer des chefs d'Etat. Ainsi, elle s'inclina sans aucun état d'âme devant sa fille puis, avec beaucoup de respect devant l'Empereur.
A table l'ambiance, tendue fut rapidement déridée grâce au discours impétueux de l'Empereur, qui comme toujours, avait les mots pour plaire aux gens. Flammeria avait elle aussi offert un présent au prince nouveau né : de précieux vases d'or et de rubis. On discuta alors puis une fois le repas terminé, on retourna au salon dans une ambiance conviviale. Comme Alia était avec Edelwen, la reine du Feu n'osa pas s'approcher d'elle, et choisit d'aller rejoindre l'Empereur qui parlait avec Eros du plan d'aide et de financement. Elle exécuta une révérence

- Votre excellence, votre majesté. Je suis ravi de vous voir Eros. Sachez que le Feu sera toujours prompt à venir aider l'Air. Mais ne parlons pas politique ce soir, je venais simplement me renseigner sur l'état du prince Roy et de sa soeur Anna.

Eros lui répondit qu'ils se portaient extrêmement bien. Et qu'ils seraient présents demain. D'ailleurs Roy allait même participer au tournoi ; mais il ne s'était pas encore prononcé pour qui il allait se battre. Flatterai eut alors un sourire car elle savait que son fils ainé allait porter ses couleurs.

- Nous verrons ça après-demain.

Elle tourna son visage vers Alia, en se demandant si elle aussi avait son champion, et comme son regard croisa le sien, elle lui adressa un hochement de tête pour la saluer, accompagné d'un sourire. Il est vrai que Flameria avait perdu tout amour pour ses enfants légitimes, ne considérant son fils adoptif, Amon, que comme unique enfant qu'elle ait eu. Pourtant, lorsqu'elle les revoyait, l'instinct primaire maternel revenait, et elle sentait une compassion pour eux.

Alia discutait avec Edelwen, dans le salon l’Élue du Bien avait l'impression qu'elle pouvait parler de manière un peu plus intime avec son amie. Mais bien sûre elles ne discutèrent que de la naissance du jeune prince dont Edelwen était absolument ravie.

- Tu feras une grande sœur formidable Edelwen, j'en suis certaine.

Elle lui sourit. Cela lui faisait plaisir de discuter avec une amie. Bien entendu au palais de Cristal elle était en compagnie de Forciticus et de Glen, mais elle avait besoin de voir ses autres amis. La princesse de l'Air attendait avec impatience le lendemain où elle pourrait voir sa famille au complet. En pensant à cela, elle tourna le regard vers son père et fut surprise de le voir discuter, non pas avec l'Empereur, cela était normal, mais avec Flammeria. Comme ils étaient peu éloignés, la jeune fille entendit sa mère poser la question de la santé d'Anna et Roy à son mari. Alia soupira intérieurement, comment cette femme qui avait donné naissance à trois enfants et qui les avait aimé pendant neuf ans pouvait-elle parler d'eux comme des étrangers. "Le prince Roy et sa sœur Anna", c'était ses enfants tout de même. Mais la princesse n'en laissa rien paraître. Cela lui faisait surtout de la peine pour son frère, car pour lui, sa mère restait sa mère, et il l'aimait toujours, Alia le savait.
En observant la reine du Feu, la jeune fille ne out qu'admirer sa beauté, son élégance et sa prestance. Mais ce n'était pas la seule chose qu'elle admirait. Sa mère était la reine d'un des royaumes les plus puissants de Télania et elle le gérait parfaitement bien. Elle était presque aussi crainte, admiré et redouté que l'Empereur. Elle n'avait besoin de personne, elle s'en sortait parfaitement bien toute seule et Alia l'admirait pour cela. Ici, à Télania, les femmes et les hommes étaient égaux, mais lorsqu'Alia vivait sur la Terre, les femmes n'avaient pas exactement la même égalité que les hommes. Si sa mère était sur Terre, elle aurait coulé le bec à plus d'un terrien. Cette idée amusa la princesse. En voyant cette femme, Alia se dit qu'elle avait forcément un champion qui se battrait pour elle. Les prétendants devaient se bousculer pour porter ses couleurs.
À cet instant, la reine tourna son regard vers elle et lui adressa un salut. Alia le lui rendit en souriant. Elle estima qu'il était temps de lui parler, car il était important de parler avec tous les souverains. Mais Flammeria n'était pas le souverain avec qui la jeune femme avait peur de s'entretenir. Celui qui lui posait problème, c'était Stalven.

- Votre majesté. Permettez-moi de vous dire que vous êtes absolument remarquable ce soir.

En réalité, Alia trouvait que Flameria était toujours remarquable, mais cela se comprenait dans sa phrase, elle voulait dire que la reine était encore plus impressionnante ce soir-là.

La première personne avec qui Darkhell désirait parler était Eros afin d'évoquer les avancées des travaux au Royaume de l'Air. L'Empereur ne se gêna pas pour lui renouveler son plan d'aide, mais le roi refusa une nouvelle fois sa proposition, en lui expliquant qu'il désirait garder une indépendance économique.

Si jamais vous changez d'avis, n'hésitez pas à me le faire savoir. L'Empereur veut avant tout le bien de votre peuple.

Conclut-il au moment même ou Flameria s'approchait d'eux. Après s'être inclinée, l'Empereur lui basa la main, comme il l'avait quelques heures auparavant avec sa fille.

Votre présence ici réchauffe mon coeur, ma chère Flamer.

Et il s'écarta pour laisser l'ancien couple discuter. S'il y a bien une chose qui laissait Darkhell sans réponse concernant Flameria, c'était son attitude à avoir pu renier toute sa famille et ses enfants. Lui en connaissait quelques explications mais était-ce le temps qui avait retiré à Flameria tout amour pour ses enfants ? Aussi cruel pouvait-il être, sa famille était à ses yeux un élément essentiel au bonheur et à la vie. Au sein des royautés, beaucoup de familles s'étaient déchirés et celle de la Foudre était l'une des rare à avoir survécu. Cette connotation peina énormément l'Empereur qui reste interdit quelques instant avant qu'il n'entende la voix d'Alia, derrière lui, complimenter la reine du Feu. Alors il s'éloigna d'avantage pour ne pas perturber la petite famille, et s'approchant d'Atlant, assis avec Elgonor, son épouse et le gouverneur. A sa vue, tous se levèrent pour le saluer, mais d'un geste de la main, il leur fit comprendre de rester assis.

Restez-donc.

Il s'assit sur l'un des fauteuils présents et se joint à la conversation comme s'il l'avait suivit dès le début. On parlait du tournoi, de ce qui était attendu, des favoris, et des champions de chaque célébrité. Flameria et Alia étaient les deux femmes dont tout le monde cherchait à savoir qui allait les défendre. On citait le nom de Roy pour la fille tandis que Amon serait le champion de la reine. Darkhelle n'y prêtait guerre attention, préférant attendre patiemment de voir dans deux jours qui seront lesdits cavaliers.

ET votre fille Elgonor ? Va-t-elle être représentée pour ces nouveaux jeux ?

Le présent de l'Empereur à leur fils avait enchanté Elgonor et son épouse. Un majordome s'était empressé de le prendre pour le garder bien précieusement dans la chambre de l'enfant, le temps de son éclosion. Il était certain que les deux enfants seraient de grands amis et compagnons de jeux. Depuis l'ambiance était beaucoup plus conviviale.
Dans le salon, alors que chacun discutait, l'Empereur vint se joindre au Roi de la Foudre ainsi que ceux qui étaient présent autour de lui. En demandant si Edelwen allait avoir son champion, Elgonor s'empressa de répondre avec fierté :

- Bien sur votre excellence, elle a 15 ans ! Celui qui portera ses couleurs est un dénommé Munto Flamenaze. Peut-être ce nom vous dit-il quelque chose ?

Le nom de Flamnaze ne dit absolument rien à l'Empereur. Il aurait aimé avoir plus d'information à son sujet mais visiblement, Elgonor n'en savait pas plus que lui.

Malheureusement, ce nom ne me dit rien. Mais je ne doute pas du choix de votre fille. J'espère qu'il sera un redoutable et courtois cavalier.

Au même moment, il usa de son pouvoir pour communiquer avec l'esprit de sa fille lui demandant de lui donner tout ce qu'elle avait concernant un certain Munto Flamenaze. La réponse ne tarda pas et le dossier semblait fort intéressant. il s'agissait du petit fils d'un célèbre général du Feu qui avait été déchu pour refus d'obéissance à la précédente reine. Le jeune homme avait été ensuite condamné par l'Inquisition pour refus d'obéissance. Ce garçon n'était donc pas tout blanc, mais proche des anciens Rebelles. Peut-être Eldewen avait-elle eu aussi des rapports avec la Rébellion. Comment aurait-elle pu sinon connaitre ce jeune homme. D'ailleurs rappelons-nous en que la jeune fille avait été condamnée elle aussi. La chose avait fait scandale à l'époque, mais l'Inquisition n'avait pas fléchi et Elgonor s'était retrouvé dans une telle situation d'infériorité face à l'Empereur qu'il avait concéder à lui donner son Diamant.
Comme l'on continuait de discuter, Darkhell regarda du côté de son fils. Ce dernier était en train de discuter avec Stalven, comme deux reclus de la société. Drakos n'était visiblement pas très heureux et sa soeur lui manquait énormément. Stalven, qui avait plus ou moins son âge, avait des centres d'interêt similaires, ce qui lui permettait d'avoir une personne avec qui discuter.
Pendant ce temps les autres souverains discutaient encore et toujours, de choses plus ou moins variés mais très peu de politique. l'Empereur ne les écoutait que d'une oreille, plongé dans ses pensées.

Flameria fut extrêmement surprise de voir sa fille se joindre à la conversation. Il ne manquait que Roy et Anna pour que la famille soit au complet. En la voyant, elle ne put que constater sa grâce et sa beauté. Elle s'y revit même plus jeune, lorsqu'elle aussi été une princesse à la recherche d'indépendance et fuyait le protocole. Dommage qu'elle avait perdue cette vivacité d'autrefois, pensa-t-elle. Néanmoins, après ces brèves pensée, la reine reprit ses devoirs protocolaires et exécuta une habille révérence devant sa fille pour la saluer.

- Seulement ce soir ?

Fit-elle au compliment d'Alia, avant de sourire en lâchant un petit rire.

- J'ai tout de même le plaisir de voir que mon élégance s'est transmise à ma fille.

De cette façon, Flameria retourna le compliment à la jeune femme tout en lui indiquant qu'elle se souvenait qu'il y avait entre elles, une relation toute particulière. Après quoi elle regarda Eros, qui s'était fait très discret, comme gêné par ces retrouvailles. Lui était aussi élégant mais de façon plus traditionnel. Il portait de soyeux habits mais sans qu'ils soient attirants ou d'une parfaite beauté.
Face à sa fille, la reine ne savait trop quoi dire, sinon parler d'affaire d'Etat ou géopolitique. Mais en sachant que ce n'était pas le moment d'entamer ce genre de discussion, un petit silence s'installa entre les trois personnes.

Alia rit doucement à son tour puis elle répondit à la reine :

- Non votre majesté vous êtes toujours remarquable, mais vous l'êtes d'autant plus ce soir.

La princesse fut surprise par la réponse de sa mère lorsqu'elle parla d'elle en disant "ma fille". Celui lui fit bizarre. C'était la première fois que sa mère parlait d'elle ainsi et c'était la première fois qu'une femme parlait d'elle en tant que sa fille. Alia avait toujours eu l'impression de ne pas avoir de mère.
Au bout de quelques minutes, comme un silence pesant s'installait entre les deux femmes, Alia choisit d'aller discuter avec quelqu'un d'autre, mais toujours en restant polie, courtoise et en respectant le protocole. Elle inclina légèrement la tête à l'intention de la reine, puis de son père.

- Excusez-moi, votre majesté, père.

Après quoi elle se dirigea vers Atlant. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas vu le vieux roi et elle souhaitait prendre des nouvelles de sa meilleure amie. Après Atlant, il lui faudrait aller parler à Drakos et Stalven qui se trouvaient de l'autre côté de la pièce. Elle redoutait cet instant. Elle s'approche du roi de l'eau et inclina la tête en souriant.

- Votre majesté. Comment se porte votre royaume ? Milo et Kali vont bien ?

Elle posa la question comme si Milo était le fils d'Atlant, sans s'en rendre compte. La jeune fille ignorait totalement que sa meilleure amie se trouvait actuellement auprès de son frère, à la capitale du royaume de l'Air.

Atlanta fut surpris de voir Alia s'avancer vers lui. Il était à ce moment là en train de se servir un verre d'eau fraiche. Ces journées hors de la mer lui asséchait énormément la peau et il lui fallait boire très souvent. Il venait de quitter Elgonor et son épouse et comptait les retrouver mais l'arrivée de l'Elue du Bien lui enchanta le coeur, quoique surpris.

- Oh ! Votre altesse !

Il s'inclina.

- Mon Royaume se remet doucement de la guerre. Mais je dois avouer que nous avons la chance d'avoir une Grand Inquisiteur extrêmement compétant, sans oublier, bien évidemment les talents de Milo concernant la gestion des choses en mon absence. Vous savez, je suis heureux que tout cela soit fini. Son excellence nous a beaucoup donné depuis la paix. Quelle dommage que certains doutent encore de sa sympathie.

Et il ajouta plus bas :

- Bien que j'aurais espéré qu'il nous la montre avant d'avoir mené cette guerre.

Et plus haut :

- Mais après tout, nous sommes tous responsables. Par contre Kali refuse de voir quoique ce soit. Elle vous admire trop pour pouvoir pardonner à son excellence ce qu'il a pu faire. C'est d'ailleurs pour ça, m'a-t-on appris, qu'elle s'était rendu chez-vous, au Royaume de l'Air. Voilà deux semaines que je ne l'ai plus vue... J'espère la revoir demain.

En parlant, on sentit la voix du souverain, comme faiblissante, attristée et réellement angoissée par cette absence. Il se ressaisit, en buvant un nouveau verre d'eau, le posa et sourit à nouveau.

- Elle aurait voulu que je refuse l'argent offert par son Excellence pour la reconstruction du Royaume, comme l'a fait votre père. Le pouvoir de dire non est très grand, mais je n'en ai pas encore les moyens financiers.

Alia écouta le roi. Elle se réjouit d'apprendre qu'il était content du Grand Inquisiteur de son royaume. Visiblement, il n'y avait pas que des Valmer, et c'était tant mieux. Le royaume de l'Eau avait besoin d'un homme compétent. Quant à Milo, la jeune femme le connaissait assez pour parfaitement croire le vieil homme quant à sa compétence.

- Lorsque j'aurai un peu de temps, je viendrai vous visiter au royaume de l'Eau, cela me permettra de voir l'avancée des travaux.

Lui dit gentiment la jeune femme toujours en souriant. Après quoi le roi l'informa que sa fille était partie. De tout ce qu'il lui dit, Alia avait l'impression qu'il lui parlait comme s'il espérait que sa fille entende à travers elle. Elle pu ressentir sa peine dans sa voix. Il lui expliqua pour quelle raison ils s'étaient disputés. La princesse de l'Air fut touché par les paroles du vieux roi. Elle ne put s'empêcher de poser une main compatissante sur son épaule avant de lui parler.

- Ne vous inquiétez pas votre majesté. Je connais Kali, sans doute est-elle partie sur un coup de colère, mais elle est sûrement restée ensuite car elle voulait aider. Elle a toujours été ainsi. Je suis sûre qu'elle viendra, ne serait-ce que pour voir ceux auxquels elle tient, dont vous. Je lui parlerai si cela peut vous rassurer, mais je suis certaine que demain tout ira mieux.

Alia se voulait bienveillante, et elle était sincère dans ses propos. Elle n'en dit rien au roi, mais elle comprenait parfaitement le choix de sa meilleure amie. Elle qui avait la chance d'avoir un devoir moins important qu'elle, elle avait raison de se rebeller un peu, et de défendre ses idées. En revanche, elle trouvait qu'elle était trop dure avec son père.
La jeune femme discuta encore un peu avec le roi en tentant de lui remonter le moral. La soirée s'écoula et chacun continua de discuter. la princesse avait rejoint son amie Edelwen avec qui elle était le plus à l'aise, mais elle se languissait de pouvoir a voir plus en privée.

La soirée s'écroula et Darkhell la finit avec son fils pour lui tenir compagnie. il y avait entre les deux hommes une très grande complicité et l'on ne pouvait que constater à quel point ils se ressemblaient. Tout deux étaient pâles et les cheveux légèrement ondulés, certes de couleurs opposés ; mais la ressemblance résidait dans leur visage, la forme de leurs oreilles, leur nez et leur lèvre. Seuls les yeux changeaient vraiment. De temps à autre, l'Empereur se sentait regardé par les autres souverains, mais il n'y prêta attention, continuant de discuter avec son fils sur ce qu'ils comptaient faire après le tournoi.
Puis l'heure sonna dix heures du soir, alors Drakhell qui en avait un peu assez du monde se tourna vers les autres souverains.

Messieurs, mesdames, permettez-moi de me retirer.

Suivit de son fils, il traversa le salon en saluant une dernière fois les souverains en les saluant les uns après les autres, sans oublier Alia, bien évidemment, dont il baisa une nouvelle fois la main. Et ainsi, il s'engouffra dans les escaliers pour monter dans la chambre qui lui était réservée. Drakos, pour des questions de protocoles, ne dormait pas dans le même palais mais l'accompagna à l'étage. Darkhell comptait en effet discuter plus intimement avec lui, après quoi il pourrait s'en aller, surement en utilisant ses pouvoirs de vampire, pour se transformer en chauve souris par exemple.
Quant aux autres souverains, rapidement après le départ de l'Empereur, tous s'en allèrent progressivement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'Alia, qui logeait elle aussi dans le Palais du gouverneur, au même titre qu'Elgonor et sa famille.
Fin du sujet

» Le Tournoi de Numarus