Le silence n'est pas pour les rebelles

Race : Jaguarans Age : 17 ans Premier combat : 25/06/2009 Combats menés : 125

Au bout de quelques heures, Dalion se réveilla. Il prit quelques instants avant de recouvrer ses esprits. Il voyait tout à basculé sur le côté, normal puisqu'il était allongé. Au premier abord il se trouvait dans un endroit sombre. Tout à coup il se rappela alors ce qui s'était passé. Il voulu se redresser d'un bon mais les chaînes magiques qui l'entouraient lui infligèrent une terrible douleur. Le jeune jaguaran comprit qu'elles ne lui permettaient pas de bouger, ou très peu. Il comprit qu'il était dans la cale d'un vaisseau et que son retour au palais e Cristal était arrivé plus tôt que prévu. Il se dressa et cria à l'intention de la grille au dessus de lui :

- Hé ! Laissez-moi partir bande de lâches !

Seul le silence lui répondit. Il sentit les nerfs lui revenir et fronça les poings. Le jeune homme sentit alors une nouvelle décharge traverser son corps. Dalion retomba. Ces chaînes l'agaçaient.

- Bordel ces foutus chaînes m'empêchent de bouger.

Il repensa à Roy, son meilleur ami devait se faire un sang d'encre. Mais, même si son coeur le lui dictait, il espérait qu'il ne tenterait pas de venir le libérer. De toute façon, tant que la fausse paix serait installée il ne pourrait rien faire. Dalion s'en voulu un peu de causer ces ennuis au prince, mais c'était plus fort que lui. Finalement au moins pendant la guerre on pouvait faire taire ses ennemis tranquillement sans se faire emprisonner. En plus, grâce à lui, le vieux traître avait réussi à échapper au ramassage des cadavres. S'il s'était contrôlé, le jeune jaguaran serait encore là bas à les aider, là où sa place aurait été plus utile qu'au fond de la cale nauséabonde d'un vaisseau.

Ténebris avait été contactée d'urgence par le Grand Inquisiteur de l'Air depuis le Royaume de l'Air. Elle était en train de travailler sur les comptes Imperiaux en compagnie du seigneur Inquisiteur Zangdar Malevius, dont la comptabilité était devenue sa spécialité depuis des années. L'inquisition s'était doté de petites bagues de cristal permettant à chacun d'entre eux de communiquer. Ce fut par ce procédé que Valmer informa sa supérieure de l'arrestation de l'héritier des Jaguarans. A cette annonce, le Grand Inquisiteur de la Foudre pacha un rictus en déclarant un "est de un !" venu du fond du coeur, que Ténebris désapprouvez gentiment par un regard de travers. En vérité, elle n'avait aucune attache envers Dalion, mais elle savait qu'il s'agissait de l'ami de son amant. Ce dernier devait donc être plongé dans une grande inquiétude à son propos, et sachant Valmer mêlé à tout ça, l'Inquisitrice Suprème se doutait que le calvaire du jaguaran sera long. Elle se leva de sa chaise et marcha en direction du balcon. Elle ouvrit la porte fenêtre, accompagnée de sa panthère et de Zangdar, toujours souriant. La vue donnait sur les jardins impériaux et le balcon du bureau impérial. Le bâtiment de l'Inquisition avait en effet prit place dans une aille du palais, jusqu'au tribunal, là où avant se tenait les chambres de Courtisants. Avec Darkhelle comme Empereur, le Palais était devenu un logement exclusivement au pouvoir impérial et mondial, et non plus un hôtel pour la noblesse et tous ces touristes engraissés.

- Vous préviendrez son excellence de mon absence, je serais à l'Inquisition.

Adressa-t-elle à l'intention du Grand Inquisiteur de la Foudre, avant de s'envoler dans les airs, entouré, dans une brume noirâtre, accompagnée de sa panthère, tel une fusée obscure. Ténebris regrettait que son père n'ai put encore activer un portail de son bureau au siège de l'Inquisition. Le voyage allait durer une heure, en volant, à cette fulgurante vitesse.

Ce fut au terme de ce long trajet que l'Inquisitrice Suprême atteint le sinistre siège de l'Inquisition, là où les Inquisiteurs étaient formés, là où les criminels étaient enfermés, là où les Ténèbres sévissaient encore et toujours. Elle attérit sur le parvis du grand bâtiment principal, surplombant depuis un piton rocheux, les prisons et les camps d'entrainements. Plusieurs Inquisiteurs accueillirent leur maîtresse mais celle-ci s'empressa de se rendre à son bureau pour ensuite rejoindre le salle d'interrogatoire, ayant l'apparence d'un tribunal. Il était évident que la navire du seigneur Valmer n'était pas encore arrivé, et il lui restait un peu de temps.

Valmer, dans son navire, fulminait de joie, il ordonnait que l'on avance plus vite, implorait les vents de souffler plus fort, et s'agitait sans même produire un effort efficace. Comme le seigneur Zangdar, il se disait "est de un ! A qui le tour ?" Lorsque la terrible île maudite de l'inquisition fut en vue, le Grand Inquisiteur tenta de se remettre de son bonheur pour paraître le plus présentable. Après avoir donné ses ordres, on vint masquer le visage du jaguaran, en prenant garde de lui attacher des menottes anti magie à ses chevilles et ses poignets avant de le sortir. Valmer parti de son côté, dans le grand bâtiment de l'Inquisition, pendant que Dalion fut emmené, aveugle, dans les souterrains, et les bâtiments dédaleux qui composaient la prison. Il ne put entendre que les gémissements des prisonniers, puis, après avoir marché plusieurs longues et interminables minutes, il se sentit emmené, avec délicatesse, dans un cage, circulaire, qu'on referma. A ce moment, on lui enleva le capuchon qui lui masquait la vue. Avant même de pouvoir discerner où il était, la cage, dans laquelle seulement deux personnes pouvaient tenir, s'éleva tel un ascenseur et jaillit brutalement dans une salle, elle aussi circulaire, d'un rayon de 20 mètres, conçu comme le Colisée, c'est -à-dire en gradin, où quelques Inquisiteurs était assis. A un endroit, un estrade était élevé, où Ténebris, dans on habit officiel se tenait, avec Valmer, à sa droite, sur un estrade un peu plus bas. Lui aussi avait revêtu son costume officiel, et se montrait neutre, pas même hautain ou fier. Il avait la charge de lire les chefs d'accusation et d'expliquer ce qu'il s'était passé, selon des témoignages, dont le siens.

- Sire Dalion ____, est ici présent pour agression physique et verbale envers un haut dignitaire de la Sainte Inquisition, porteuse de l'Ordre de la Sécurité de son Excellence. Sire Dalion ___, a...

Et il commença à raconter, le plus neutrement possible ce qu'il s'était passé au Royaume de l'Air, en citant plusieurs noms, dont un soldat, un Inquisiteur et lui-même (évidemment), chacun défilant à la place du témoin pour certifier ou non les propos du Grand Inquisiteur.

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Au bout d'un moment, la cale s'ouvrit et des hommes descendirent. Ils mirent un capuchon sur le visage de Dalion, ainsi le jeune jagauran, s'il parvenait par on en sait quel miracle à sortir de sa cage, ne trouverait jamais la sortie du dédale de prisons dans lequel on l'emmenait. Comme on lui avait retiré les chaines et que les menottes qu'il avait ne l’empêchait pas de se débattre, le jeune homme s'agitait avec force.

- Lâchez-moi ! Ordures ! Levez-moi ce sac puant !

Il parvint à griffer l'un des gardes mais bien vite d'autres arrivèrent et le maintinrent tranquille. Au fur et à mesure qu'il avançait, il entendait les autres prisonniers. Qui pouvaient-ils être ? L'Empereur n'avait-il pas gracié tous ses anciens ennemis ? Evidemment, avec la vue obstruée, le jaguaran ne pouvait pas savoir de qui il s'agissait. Puis en quelques instant il se retrouva dans une toute petite cage, décapuchonné et propulsé dans la lumière. Il fronça ses yeux le temps de s'habituer à celle-ci et observa le tribunal tout autour de lui. Si Roy avait été près de lui, il lui aurait sans doute conseiller de se taire jusqu'à ce qu'on lui permette de parler, histoire de ne pas aggraver son cas. Mais comment ? Il n'y avait même pas d'avocat pour le défendre, et il n'y avait que les témoins partisans du Mal. Dalion leva les yeux vers l'assemblée et tomba sur le regard de Ténebris, il aurait juré avoir vu une pointe de déception dans son regard, mais pourquoi ? Il se faisait sans doute des illusions. Elle allait le condamner avec une punition exemplaire, après tout c'était une personne cruelle.

Ténebris écoutait d'une oreille distraite le réquisitoire de Valmer à l'égard de Dalion qui enfermait dans sa cage, tentait de se modérer. A vrai dire elle pensait à ce qu'elle allait devoir faire de lui, à savoir quel jugement et peine lui infliger. Elle connaissait très bien le grand livre de lois de l'Inquisition, puisqu'elle l'avait elle-même rédigé, et la sentence à laquelle le jaguaran s'exposait était très lourde. En le regardant, elle pensait à Roy, qui était le meilleur ami du prisonnier. Elle ne pouvait donc être partiale, tiré de chacune des parties antagonistes de sa conscience. Ainsi, quand les témoins eurent terminé leurs officies, l'Inquisitrice Suprême, sans déroger au protocole, exposa les sentences :

- Dalion ____, selon la Loi Imperiale, vous risquez une peine d'emprisonnement de 10 ans, et d'une surveillance accrue à perpétuité. Vous remarquerez que vous subissez un traitement identique à celui d'un quidam, sans que nous ayons pris en compte votre passé rebelle.

Ses propos de dénotait d'aucune violence, ni même d'orgueil, plutôt l'impression d'une routine dans les jugement qu'elle avait à prononcer. Dans cette dernière phrase, il n'y avait aucune arrogance, seulement une forme de prévention, pour éviter que Dalion ne crie à la manipulation et à la discrimination.

- Je vous invite donc à nous faire part de votre témoignage et vous invite à fournir votre propre plaidoyer.

Elle le fixa de ses deux yeux brillants, les sourcils pas même froncé, simplement impatiente de savoir comment Dalion allait cette fois s'en sortir.

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Dalion attendit que chacun ait fini son petit discours puis Ténebris prit de nouveau la parole. Le jaguaran était quelque peu surpris par son attitude, il l'avait déjà aperçu cruelle, mais là elle ne l'était pas du tout, elle semblait presque lassée de ce procès. Elle indiqua au jeune homme qu'il était jugé comme un télanien lambda, sans doute tentait-elle de prouver qu'il avait un procès équitable. Il fut invité à prendre la parole et ainsi à tenter de se défendre. Mais ce n'était pas lui le grand orateur. Roy s'en serait sortit avec simplicité. En même temps, Roy ne se serait pas retrouvé dans cette situation... Dalion tenta tout de même de faire un effort.

- Eh bien tout d'abord je tiens à préciser que je n'ai pas agi tout à coup comme ça, c'est plutôt une accumulation, car depuis notre arrivée, ce s... Valmer, n'a pas cessé de faire des sous-entendus désagréables. Bref, pour en revenir à la situation de toute à l'heure, sa majesté, le roi de l'Air nous a confié à chacun une tâche, parce qu'il y a beaucoup de travail, aussi tout le monde doit s'y mettre, c'était également le cas de Valmer. Or pendant que chacun travaillait durement, il n'en faisait qu'à sa tête, et le prince Roy l'a plusieurs fois rappelé à l'ordre, sans succès. Je me suis éloigné quelques instants pour aller récupérer un corps, et, alors que je le ramenais près de l'endroit où se trouvait Roy et Valmer, j'ai vu ce dernier debout sur une caisse, entouré de près par quatre inquisiteurs, tous braqués contre le prince. J'ai vu rouge, je sentais mon meilleur ami menacé, il ne risquait pas grand chose, mais il est mon souverain, et on ne menace pas le prince, j'ai bondi par réflexe et puis la colère accumulée a été la plus forte. Je lui ai dit ses quatres vérités, je reconnais que ce n'était pas de manière très courtoise, cependant je n'ai pas touché Valmer, j'ai juste un peu froissé son col, observez-le, il n'a reçu ni coup, ni blessure. Les habitants du royaume de l'Air pourraient vous le témoigner, si seulement ils avaient été conviés au procès.

Sur cette dernière phrase, le jaguaran pointait du doigt que tous les témoins présents étaient "d'anciens" partisans du Mal, et que leur jugement pouvait être corrompu. Si Valmer était un pauvre fermier, personne n'en aurait eu quelque chose à faire qu'il ait été un peu violenté. Mais voilà, la sale traître avait su gagner de noble titre par sa ruse, sa malice, et sa traîtrise, et on le protégeait. Pourtant, désormais, il n'était plus qu'un pion pour Darkhell. Le jeune homme fixait l'assemblée qui se dressait devant lui, avec un regard plein de flamme et d'ardeur, il n'avait pas peur, pas peur du tout.

" Pourquoi est-ce que je m'obstine à me défendre avec courtoisie, de toute façon ils n'attendent que ça de pouvoir m'enfermer à vie dans une prison. Dans un vrai procès équitable je m'en sortirai avec trois mois de prison, quelques travaux d'intérêt généraux et ma promesse de ne plus recommencer... Mais on est pas dans un procès équitable."

Ténebris écouta, attentivement, ce qu'avait à dire le pauvre petit accusé, dès le début de sa défense, elle sortit un papier de sous ses parchemins, manuscrit, dont elle comptait se servir puisqu'il s'agissait d'une lettre signée de la main du roi de l'Air certifiant du devoir qu'il avait donné à Valmer et à Dalion. L'Inquisitrice était une femme extrêmement organisée, elle avait demandé à tous les Inquisiteurs présents au Royaume de l'Air de mettre au courant le souverain de cette altercation, et de réunir quelques témoins de la scène. Ils avaient pu arriver très vite grâce aux navires volants et chacun avait donné le plus nettement possible, leur vision de l'incident. De fait, Valmer eut du mal à ne pas retenir un rictus amusé lorsqu'il entendit le jaguaran insinuer que le procès n'était finalement pas si équitable et joué d'avance. Ténèbris, dans toute sa splendeur et sa sécheresse, ne se gêna pas pour ramener la vérité, déçu que Dalion lui-même ne croit pas en la paix qui devait se mettre en place.

- Messire Dalion, cessez donc de raconter des inepties, parmis les témoins, il y a eu deux Inquisiteurs, présents, sur place, et trois passants de votre Royaume, à la recherche des leurs perdus. Je vous prierai donc de respecter nos témoins et cette instance reconnue par tous les Royaumes.

La remarque était sans appel. Elle jeta un froid dans la petite assemblée, seul le bruit de la plume, rapportant d'elle-même sur un parchemin ce qui était dit, ne laissait par la cours tomber dans un sinistre silence. Ténebris brandit alors la lettre du père adoptif de Dalion, sur lequel son sceau était bien visible, en expliquant :

- Nous savons tous que le seigneur Valmer avait une mission. Or, si l'on s'en tient à ses propos, l'identification des cadavres demeure une tâche noble pour le respect des défunts. A moins que vous souhaitiez ne faire qu'une immonde fosse commune, noble demeure pour vos défunts, je ne pense pas que ce qu'ait fait le seigneur Valmer soit sujet à blâme. En revanche, le comportement des Inquisiteurs, et des Grands Inquisiteurs concerne un autre sujet développé par l'article 31 du Droit de l'Inquisition, et qui, peut être sujet à un nouveau procès pour abus de pouvoir. A priori, je ne pense pas que le comportement du seigneur Valmer, auquel vous avez réagit avec bien peu de malice relève du sérieux, sinon de gamineries.

Son dernier mot fut choisi avec intérêt, dans le dessein de bien montrer à Dalion la teneur en ridicule de sa réaction qui finalement n'aurait pas du avoir lieu. Dans chacun de ses mots, Ténèbris devenait de plus en plus froide, concise et désintéressée, comme dérangée par une broutille. Son regard, discret, portait à certain moment sur Valmer, qu'elle foudroyait de ses deux yeux pour son comportement, malheureusement bien trop belliqueux et mesquin. Après avoir attendu que la plume note ses derniers propos, Ténebris continua :

- Messire Dalion, vous êtes ici car vous avez eu un comportement bien trop déplacé : au delà de l'attentat à la personne dont vous êtes responsable, je vous rappelle que vous êtes prince, et qu'un prince s'en prenant physiquement et moralement à un représentant de son excellence serait à l'origine d'un incident diplomatique. Vous avez la chance de ne plus avoir de peuple messire Dalion, car j'aurais été dans l'obligation de vous bannir de votre pays et vous déchoir de votre titre. Un roi comme vous aurez été bien dangereux pour la stabilité politique mondiale.

Sur ces mots très durs elle le fixa de ses grands yeux fins comme pour lui demander s'il avait autre chose à ajouter.

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Dalion ouvrit des yeux surpris lorsqu'il constata qu'il s'était trompé et qu'on avait fait appel à des témoins de son parti, s'il pouvait dire. Il se sentit un peu honteux de ce qu'il avait sous-entendu. Finalement, il avait mal juger la fille de Darkhell. Mais très vite, il n’aurait plus trop de regret, ou seulement à moitié. Cette jeune femme était vraiment imposante, elle était très jeune et pourtant tous courbaient l'échine devant elle dans un profond signe de respect. Cependant, elle n'en restait pas moins la fille de l'ennemi juré des partisans du Bien. Cela dit, à sa remarque, le jeune homme ne put empêcher un :

- Veuillez m’excuser...

Que sans doute personne n'avait vraiment entendu. C'est alors que Ténebris sortit le parchemin où était apposé le sceau du roi de l'Air. Ainsi le seigneur du vent était déjà au courant. La jaguaran se sentit tout à coup comme un enfant ayant fait une grosse bêtise et donc l'institutrice aurait rapporté la faute à son père. Il baissa le regard en serrant les dents et sur le terme "gaminerie" il ne fut même pas vexé. Lais la jeune femme entra alors dans une explication qui jeta un grand air de surprise sur le visage de Dalion. Elle la qualifia de "prince". Jamais le jeune homme ne s'était considéré comme tel. Pour lui il n'était qu'un protégé du roi de l'Air, le meilleur ami du prince, au mieux le chef des jaguaran, tel le simple capitaine d'un bataillon d'armée. Dalion fixa un instant Ténebris pour voir si elle était ironique, mais elle gardait son parfait serieux. Mais au fur et à mesure qu'elle continuait, il baissa la tête, ses paroles, même si elle n'avait pas ce but, le blessaient.

" Un prince sans royaume et sans peuple... Tu parles..."

Et soudain, la dernière phrase fusa dans l'air comme un poignard qui vint donner un dernier coup de couteau bien placé au jeune homme. "Un roi comme vous aurez été bien dangereux pour la stabilité politique mondiale.". Mais il se rembrûnit :

" Quelle importance, de toute façon je ne suis pas roi, pas prince, rien du tout."

Après cette remarque de la Grande Inquisitrice, le silence s'abattit de nouveau dans la salle. Dalion avait vraiment l'impression d'être un gamin qui venait de faire une bêtise et qui était sévèrement grondé par sa professeure. Il comprit au bout d'un moment qu'on attendait de lui qu'il dise quelque chose. Il leva donc de nouveau son regard un peu vexé vers Ténebris et ceux qui l'entourait et se contenta de demander :

- Alors quelle est ma sentence ?

Ce à quoi Valmer ne s'attendait pas se produit malgré lui ; dans son imposante majesté, l'Inquisitrice Suprême n'épargna ni l'accusé, ni l'accusateur c'est-à-dire lui. Bien qu'elle prit la défense de ses actes au Royaume de l'Air, la jeune femme n'hésita pas à qualifier l'affaire de "gamineries". Pour lui, ce qu'avait fait Dalion était impardonnable si bien qu'il méritait une punition exemplaire. Malheureusement, le procès semblait ne pas se dérouler comme il l'aurait souhaité. Si Ténébris avait été son père, voilà depuis bien longtemps que l'ignoble jaguaran aurait été tué ! Son excellence haïssait cette race impure qu'il avait envahie et détruite sans once de remord ! Et voilà que la fille de ce grand homme le qualifiait de "prince". A ce moment, Valmer aurait voulu bondir en lui rappelant qu'elle était les opinions de son Imperial père au sujet de l'accusé. Pourtant le poids des yeux et du charisme de Ténebris l'écrasait à sa place et il ne pouvait s'imposer face à cette puissance femme. De plus, en qualifiant Dalion de prince, la loi de l'Inquisition lui offrait une condamnation plus "légère", et éviter la prison.

Finalement Dalion sentit qu'il n'avait pas d'autres échappatoire, étant donné qu'il réclama le sentence, cela voulait dire qu'il n'avait rien d'autres à ajouter et que seule Ténebris avait désormais le droit de prendre la parole. Elle savait que Valmer désapprouverait sa décision, et se doutait même qu'il avait compris ce qu'elle avait voulu faire en qualifiant le jeune accusé de prince, ce qui en soit était vrai. En effet, un prince (et non un roi), agressant un Grand Inquisiteur, devait renoncer à la succession, car considéré dangereux pour la stabilité de l'ordre impérial, et pouvait risquer d'être banni, à moins de quelques éléments atténuants ou de pressions politiques. Quant à Valmer, Ténebris avait le dessein de lui reprocher après le procès son manque de coopérativité pour instaurer la paix entre les anciens ennemis.

"Ah si seulement j'étais les Ténèbres et Roy la Lumière, ça serait tellement mieux. On s'embrasse, et on ne se lâche plus."

L'image de son amant lui traversa l'esprit, elle se l'imagina serré contre elle et ne put retirer cette vision de la tête. elle eut la crainte de laisser entrevoir sa gène apparaître sur son visage, et pour tenter de repousser cette agréable pensée, il lui fallut rester silencieuse quelques secondes de plus, en espérant que cela ne se fasse pas trop remarquer. Après quoi, ça décision étant prise, elle demanda :

- Messire Dalion ____, ne soyez pas aussi pressé, j'ai une dernière question à vous poser. Etes-vous prince des Jaguarans, prince héritier, le quatrième, du Royaume de l'Air ou prince héritier, le quatrième, du Royaume du Feu ?

Ténebris fit en sorte de rester mystérieuse sur le pourquoi de cette question, où chacune des trois propositions étaient évidemment vraies, puisque Dalion était le fils du dernier roi des Jaguarans, et le fils adoptif d'Eros et de Flameria, peu de temps après la naissance de Roy, bien que peu de Télaniens le sussent.

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Dalion attendait sa sentence. Il fixait Ténebris, qui état celle qui devait l’annoncer mais aucune réponse ne vint. Le peu de temps où la jeune femme ne parla pas parut bien long au jeune jaguaran. Tout à coup la Grand Inquisitrice avait semblait s'absenter dans ses pensées, puis elle prit finalement la parole. Alors, à nouveau, elle surpris Dalion qui la regarda sans comprendre :

- Si je suis prince de... ?

Il la fixait intensément sans parvenir à formuler une réponse. Qu'est-ce que c'était encore que cette question ? A vrai dire, même lui ne se l'était jamais posé. Pour lui, son père était roi, son bienfaiteur était roi, son meilleur ami était prince, sa petite-amie était princesse, la jaguarans survivants le suivaient et le protégeaient, mais il ne possédait pas de titre, pas de royaume. Juste un peuple errant qui était plus comme les soldats d'une troupes dont il était le capitaine. De plus, le souverain du royaume de l'Air l'avait accueillit dans son palais, mais il ne s'était jamais occupé de lui. Son peuple ainsi que celui du royaume de l'Air s'était occupé de lui, il avait eu droit à la même éducation que Roy, avec qui il avait grandit et qu'il considérait comme un frère. Mais c'était bien le seul membre de la famille Daimon que le jeune homme considéré comme de sa famille. Il avait toujours traité le roi comme son roi, sans plus, Alia était son amie bien sûr, mais pas assez proche pour être sa sœur, et Anna, il l'aimait, pas d'un amour fraternel mais d'un amour profond et passionnel. Alors tout ce qu'il pu répondre à la Grande Inquisitrice ce fut :

- Je... Je ne sais pas. Je ne crois pas être prince.

Il comprit cependant que le statut de prince allégerait sa peine. Aussi tenta-t-il de se rattrapper :

- A moins que vous ne considériez un homme qui aurait du être héritier d'un trône qu'il ne verra jamais et dont le royaume est détruit comme un prince, juste parce qu'il est le fils d'un roi. Dans ce cas, oui, je serais prince de jaguarans.

Il n'y avait pas de haine ou de reproche dans les paroles de Dalion, il essayait simplement de dire ce qu'il était mais dont on ne l'avait jamais qualifié auparavant.

Ténebris soupira intérieurement, elle craignit que le jaguaran détruise toute sa défense et sa possibilité de lui éviter une lourde peine d'emprisonnement. Heureusement, l'accusé réussit à se rattraper, en répondant clairement à sa question. Il se déclara donc solennellement prince et héritier du trône du Royaume des Jaguarans, comme l'Inquisitrice Suprême se l'était prédit. Pour elle, les jeux étaient faits, et elle pouvait prononcer le sentence, légale et irrévocable :

- Messire Dalion ____, au nom de l'Inquisition et selon la Loi Impériale, vous êtes accusé d'agression physique et verbale envers un haut représentant du pouvoir Imperial. Et en vertu de votre statut juridico-politique, et du pouvoir qui m'es conféré, je vous condamne à l'effacement de votre héritage princier, au bannissement de vos terres d'origines et au versement de 100 milles pièces d'or.

Le silence revint dans la salle, Ténèbris cessant de parler, se tourna vers un Inquisiteurs pour lui murmurer un ordre discrètement, comme quoi elle voulait parler, dans son bureau, à Valmer immédiatement après cette séance. L'homme, acquiesça et sortit de la salle discrètement, surement pour intercepter le Grand Inquisiteur. La fille de Darkhell regarda une dernière fois Dalion, avant de lui dire :

- Vous serez évidemment placé sous surveillance Inquisitrice, et il vous sera interdit de circuler dans la capitale lorsque le seigneur Valmer y sera présent. Toute entorse à ces sanction vous emmènera directement en prison sans même recevoir un jugement.

Elle signa un papier qu'elle donna à un Inquisiteur. Ce dernier devait le faire signer par l'accusé, comme quoi il avait pris acte de sa peine qu'il devait appliquer. Il était évident que s'il ne la signait pas, il ne risquait pas de sortir de ce lieux bien funeste. Ténebris quitta alors l'assemblée, et l'on ouvrit la cage du Jaguaran en prenant garde de le menotter encore une dernière fois pour l'amener jusqu'à la sortie. Cette fois il circula dans les couloirs de marbre blanc et noir, dans le sublime bâtiment siège de l'Inquisition, mais cela se fit avec les yeux bandés, jusqu'à ce qu'il remonte dans le navire volant du Royaume de l'Air. Là on lui débanda les yeux et un Inquisiteur lui tendit la feuille qu'il devait signer, et un stylo.

- Messire, veuillez signer en bas à droite en y ajoutant la mention "lu et approuvé", pour que nous puissions vous laisser partir.

Sur le parchemin, il y était inscrit, les chefs d'accusations ainsi que la peine que devait exécuter Dalion.

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Dalion écouta la sentence et grimaça discrètement. Où est-ce qu'il allait trouver autant d'argent ? En plus ce n'était pas le moment de dépenser de l'argent pour l'Empire, sauf si ce dernier le reversait aux royaumes. Pour ce qui était du reste, ça ne lui posait aucun problème, il ne serait, de toute façon, jamais retourné dans son royaume et n'avait jamais eu l'impression d'être prince, donc pour lui, cette partie du contrat n'avait aucun changement. Ce qui lui posait le plus de problème, c'était de ne plus pouvoir retourner à la capitale. Car ce sale serpent allait y passer la majeure partie du temps. Il secoua la tête, pour l'instant il devait rentrer au royaume où Roy et Anna devaient beaucoup s'inquiéter. Il attendit donc que l'on vienne lui ouvrir puis prit le stylo qu'on lui tendait et inscrit sur le papier "lu et approuvé" puis il apposa sa signature, les doigts crispés sur le stylo. Il fut ensuite reconduit jusqu'au navire, mais alors qu'il pensait qu'il faudrait attendre Valmer, on leur indiqua qu'il repartirait plus tard. Le navire décolla en direction du royaume de l'Air.

" Comment je vais faire maintenant ?" Se demanda le jaguaran.

Cela l'arrangeait bien que Valmer ne vienne pas dans le même navire que lui. Comme ça, en attendant qu'il revienne, il pourrait retourner à la capitale et il n'aurait pas à entendre ses sarcasme durant tout le voyage.

Pour Valmer la sentence était indécente ! Non pas qu'elle fut trop dure, bien au contraire ! Il aurait voulu bondir pour exprimer son mécontentement et dénoncer l'injustice qu'il y avait dans cette condamnation. Il n'en fit rien car il savait que l'Inquisitrice Suprême était une femme orgueilleuse qui avait horreur d'entre des reproches à son égard. Lui, subordonné à elle, devait donc accepter son jugement, qui certes était difficile et légal par rapports aux articles qu'elle avait pu citer, mais il ne comprit pas pourquoi elle n'avait rien fait pour supprimer définitivement l'un des derniers représentants de la race jaguarianne. Il sortit donc du tribunal, frustré, allant rejoindre son navire pour s'en retourner au Royaume de l'Air, quand un Inquisiteur, affilié à Ténebris, l'interpella pour lui demander de se rendre au bureau de cette dernière. Valmer, le remercia ploiement et marcha en direction du lieu de rendez-vous, satisfait de pouvoir aller chercher des explications de cette mascarade judiciaire. Lorsqu'il entra dans le bureau, sans même se faire prier, après avoir été autorisé à entrer, il fit part de son mécontentement :

- Votre altesse, madame, permettez-moi de vous exprimer mon incompréhension ! Comment avez-vous pu laisser repartir cette créature ! Qu'aurez dit son excellence ! Lui qui a une funeste horreur de ces créatures acerbes !

Valmer voulait faire comprendre à sa supérieure qu'elle aurait put condamner beaucoup plus lourdement Dalion et donner un avantage au camp des Ténèbres. A moins qu'elle croit à cette utopie qu'était la paix et que pas même son père ne comptait préserver.

Finalement Valmer arriva dans le bureau de Ténebris plus rapidement. Cette dernière était en train de signer les derniers papiers concernant le procès expéditif de Dalion, en compagnie d'un Inquisiteur. Elle écouta le vieil homme tout en restant les yeux plongés dans ce qu'elle faisait avent de les relever et d'un geste, demander à l'Inquisiteur de s'en aller. Lorsque ce fut fait, elle le toisa du regard, orgueilleuse, pour s'expliquer, sans une fois battre d'une paupière.

- Messire Valmer, c'est moi qui vous ai convoqué, pas l'inverse. Oseriez-vous me remettre en cause ?

Elle marqua un silence, et le Grand Inquisiteur de l'Air, refroidit par le charisme qu'elle dégageait, ne put que baisser les yeux, en restant stoïque, à sa place, debout.

- Non. Etant donné que je suis l'Inquisition, et la Loi Impériale, je me dois, de l'appliquer avec légalité et précision. Dalion a été traité comme le veut nos textes et selon la charte pacifique signée par tous les hauts représentants de ce monde pour assurer la paix ici bas. Je connais mieux que vous les intentions de mon père et ce n'est pas à mon coeur de parler, mais à ma raison. Peut-être avez-vous envie de faire débuter une nouvelle guerre, mais je ne crois pas que son excellence le désire. Ni même un conflit.

Elle se leva et rangea dans l'une des bibliothèques un livre de recensement contenant vraisemblablement toutes les affaires concernant le pauvre Dalion. En parlant, elle n'avait pas peur que Valmer croit qu'elle fusse ingénue, bien au contraire, elle faisait parti de ceux qui avaient envie de la fin d'une guerre définitive, et elle savait que son père, en l'état des choses, ne la chercherait pas non plus. A moins que ses anciens ennemis ne lui refusent le dernier Diamant.

- Je ne crois pas messire Valmer, que vous soyez suffisamment sage pour pouvoir savoir ce que son Excellence désire réellement. Vous avez été un très bon allié, votre travail de Grand Inquisiteur est irréprochable, et je suis certaine que ce que vous avez fait au Royaume de l'Air en tentant d'identifier les cadavres était une tâche noble. Votre implication, bien qu'elle ne fut pas spontanée, me fait plaisir. La réaction du seigneur Roy puis celle du seigneur Dalion, n'étaient pas adaptées. L'Inquisition n'a d'ordre à recevoir que de l'Empereur, et je le ferais savoir à sa majesté de l'Air pour que cela ne se reproduise plus.

Ténebris s'approcha de Valmer, d'une manière plus douce, chose qui lui était rare avec cette homme qu'elle estimait pour avoir toujours été fidèle à son père.

- Je vous apprécie énormément messire Valmer et l'Inquisition a encore besoin de vous, soyez le plus efficace et le plus juste. Je connais votre mesquinerie et votre sadisme. Cependant, il va vous falloir devenir plus ouverts et sympathique. Je sais que vous voulez la guerre et le pouvoir, mais ne vous estimez-vous pas suffisamment puissante avec cela ? Pourquoi continuer à faire le Mal ? Un peuple aime celui qui l'aide. Voilà ce que vous devez faire. Peut-être seriez-vous comme un souverain pour eux ? A quoi bon alors devenir Imperator ?

Ténebris était sincère dans ses propos, contrairement à son père, elle ne voyait pas les gens des Ténèbres comme des pions. Elle croyait en l'humanité et en la paix. Elle voulait donc que Valmer ne se lance pas à la course au post d'Imperator, ni même à la Chancellerie, car il était finalement essentiel à l'Inquisition.

D'abord par son charisme, et ensuite par son empathie, Valmer fut enchanté par le discours de sa supérieure qui semblait faire preuve de sincérité. Il fut si touché qu'il n'osa ne rien dire, laissant un doux silence imprégner les lieux qu'étaient ce bureau de marbres blancs et noirs. Puis, il s'inclina respectueusement, pour la remercier de cet éloge :

- Vous m'êtes due votre Altesse.

Il en avait perdu toute colère et impression d'injustice à propos du procès dernier car sa préoccupation s'était désormais tournée vers son futur. Il voulait en effet se présenter au post d'Imperator, et le fait que Ténebris le lui déconseille le surpris. A vrai dire elle n'avait pas tort, en restant Inquisiteur il disposerait d'un pouvoir encore très étendu au sein de son Royaume.

- je suivrai votre conseil votre altesse. Je suis flatté de toutes l'attention que vous me portez, et je vous promets de vous rester fidèle.

Il s'inclina une nouvelle fois, et après autorisation de sa supérieur, il s'en alla pour rejoindre son navire et retourner au Pays de l'Air.

Ténebris n'avait pas le pouvoir de son père, celui de lire dans les pensées des gens, mais elle réussit à voir dans le regard de Valmer une forme de sympathie et de respect mutuel. Peut-être qui lui, contrairement à Kensylia ou Zangdar, réussirait à croire en l'entente et la paix entre tous.

- Merci Valmer, vous pouvez y aller.

Elle lui rendit son salut par une révérence de la tête et à peine fut elle seule dans son bureau qu'in Inquisiteur entra. Par son insigne, il s'agissait d'un haut gradé, de la garde personnel de l'Inquisitrice Suprême. Il la salua et lui demanda ce qu'elle attendait de lui.

- Je retourne au Palais de Cristal, son Excellence devrait surement rassembler ses plus proches collaborateurs. Je veux que tu continues de veillez et d'administrer ce bâtiment et les prisons. Ne me déçois pas.

Et comme elle l'avait fait pour venir, elle ouvrit la fenêtre du balcon, et s'envola, dans sa brume noire.

FIN DU SUJET

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