La fin des vacances (pv : Flameria)

Un jet de lumière apparut dans les appartement du grand Inquisiteur du Feu et Amon apparut. Il vit ses appartements vides. Shana lui manquait déjà. Il tourna la tête en direction de son bureau et soira en voyant la pile de papiers qui s'était accumulée en seulement trois jours. Il voulait voir la reine et fit tinter la clochette pour appeler un domestique.

- Savez-vous où est la reine ? Il faut que je lui parle.

- Je crois qu'elle est dans son bureau seigneur.

- Dans ce cas, allez lui annoncer que je suis de retour.

- Tout de suite seigneur.

Le domestique s'inclina respectueusement et alla exécuter l'ordre d'Amon. Le jeune homme ouvrit son armoire, il devait mettre une tenue plus approprié. Il saisit un pantalon noir, une chemise noir et un long manteau noir aux symboles représentant des flammes dorées, les bordures étaient également de cette couleur. Après quoi il sortit et commença à marcher à travers les couloirs en attendant le retour du domestique. Il revint à lui et lui indiqua qu'il pouvait aller voir la reine. Le jeune homme se rendit donc jusqu'au bureau et frappa puis il entra sur l'ordre de Flameria. Il y avait là deux magistrats en plus de la souveraine. L'Inquisiteur s'inclina respectueusement en souriant :

- Bonjour votre majesté. Je suis ravie de vous revoir.

Si Amon avait pris quelques jours de repos, Flameria n'avait pas eu le temps de se reposer. Bien qu'elle n'ait pas les difficultés économiques et sociaux des autres royaumes ayant subit les mauvais effets de la guerre à gérer, il lui fallait éponger les dettes que l'effort de guerre avait engendré, et l'argent promis par l'Empereur n'était pas suffisant. C'est pourquoi, la plupart des constructions, dont les grands travaux de canalisations pour les jardins intérieurs de Faal Viintaas, auxquels la reine tenait tant. C'est pourquoi elle discutait avec ses ministres, celui des finances et celui de l'urbanisme, quand Amon entra. Elle le regarda, il s'inclina, et elle lui sourit, avant de se tourner vers les magistrats en les invitant à la laisser. Les deux hommes s'inclinèrent et quittèrent le bureau, pendant que la reine s'approcha de son amie. Elle l'embrassa comme à son accoutume, avant de demander :

- T'es tu bien reposé ?

La reine savait que le jeune homme s'était retiré avec sa compagne quelque part au Royaume du Feu, surement à Shiron, là où elle avait offert à Amon un manoir pour ses jours de repos. Toutefois, elle ne savait comment aborder le sujet, l'angoisse de ne plus celui qu'elle aimait trainait toujours dans ses pensées.

Amon sourit à la reine. Il voyait bien que durant son absence elle avait beaucoup travaillé. La paix n'était pas de tout repos après la longue guerre qui venait de s'écouler.

- Oui je vous remercie de m'avoir accordé ce petit séjour. J'espère que mon absence n'a pas trop retardé le travail. Je suis rentrée le plus vite possible.

Il vint s'asseoir dans l'une des deux chaises qui se trouvait face au bureau de la reine, qu'elle lui avait indiqué. Il fixa un instant le bois du bureau magistralement sculpté. Pour lui aussi le sujet était un peu difficile à aborder. Mais il pensait bien que c'était encore plus difficile pour la reine d'en parler la première, aussi le jeune homme décida de commencer :

- Shana était très heureuse d'avoir été graciée. Elle ne viendra pas à la capitale, comme vous le souhaitiez, et elle ne l'a pas mal pris.

La reine lui sourit maternellement, tout en allant s'asseoir dans l'un des sofas, en invitant son fils à faire de même, de se mettre à l'aise pour discuter. En même temps, elle le rassura suite à sa légère inquiétude à propos de son absence :

- Tu as des Inquisiteurs très compétents, ils ont su tout bien gérer en ton absence. Et puis, ce n'est pas ici que nous avons le plus de problèmes de justice. Nous ne sommes pas au Royaume de l'Air.

San rire de sa blague, elle écouta ensuite Amon aborder le sujet de Shana. En vérité, Flameria y avait longtemps pensé, mais aujourd'hui elle se disait que si elle voulait être une mère accomplie, il lui fallait laisser partir son enfant avec une autre femme. Un homme ne pouvait aimer que deux femmes : sa mère, puis son épouse. Et souvent, cette dernière ne restait pas éternellement dans son coeur, contrairement à la première. Bien évidemment, Flameria n'avait aucunement l'intention de faire du mal à ce couple, notamment parce qu'elle savait que le bonheur de son fils passait avant tout, même avant son propre bonheur.

- Je suppose qu'elle vit maintenant à Shiron, dans ton manoir. Peut-être devrait-elle un jour venir ici, Shiron est une ville de combattant, pas de jeune femme.

Il est vrai que le Royaume du Feu avait des légions exclusivement féminine, extrêmement réputées à l'international, entrainées à Shiron, comme la plupart des soldats d'élites du Royaume, mais Shana ne faisait pas parti de ces corps, bien qu'elle soit une guerrière indépendante, elle avait le droit à vivre dans l'immense capitale du Royaume du Feu : Faal Viintaas, la cité exclusivement occupée par des nobles. Le Royaume du Feu était en effet construit selon différentes castes : les soldats vivaient à Shiron, les Nobles à Faal Viintaas et les commerçants attisants, à Akhrin. Quant aux pauvres, ils voyageaient, sans cesse, du Nord au Sud, peuple nomade pour lequel on était bien indifférent.

Amon fut rassuré que les inquisiteurs aient avancé le travail pendant son absence. Bien sûr il restait encore beaucoup de choses à faire, il n'y avait qu'à voir la pile de papiers et de parchemins posés sur son bureau. Il ne savait pas trop comment prendre la blague de la reine sur le royaume de l'Air, aussi n’émit-il aucune réaction. Mais il était vrai que ce royaume devait avoir énormément de travail et de choses à régler, notamment avec la dernière attaque lancée sur la capitale. C'est alors que Flameria indiqua que Shana devrait peut-être venir vivre à la capitale. Amon releva la tête, la surprise marquant son visage.

- Mais vous avez pourtant demandé à ce qu'elle n'y vienne pas et je tiens à respecter votre volonté.

Il pensait que c'était peut-être encore trop tôt. Autant pour Shana que pour Flaméria. Bien sûr il savait que Shiron n'était pas très adapté à la guerrière du Feu, mais elle s'y ferait sans doute au moins pour quelques temps. Bien sûr, l'inquisiteur du Feu avait envie d'être avec sa fiancée, de la voir plus souvent et de célébrer leur mariage afin de vivre ensemble. Mais il ne voulait pas non plus brusquer les choses.

- Je pense qu'il faudrait attendre encore un peu. Autant pour vous que pour elle.

La Reine haussa les épaules, surprise que son fils décline sa proposition.

- Soit, tu es suffisamment sage et tu nous connais assez bien pour savoir ce qui est bon ou pas pour chacune de nous. Toutefois, préviens moi si jamais tu ne changes d'avis.

Elle lui sourit puis hasarda en demandant :

- Maintenant que tout est résolu te concernant, que comptes-tu faire ? Jongler entre le Palais et Shiron ? Le trajet est plutôt long.

Elle passa une main dans sa coiffure sophistiquée, composée de multiples tresses et bijoux, quelque peu pensive. Elle réfléchissait au temps qu'il fallait entre les deux cités. Au moins un jour de cheval. Et il n'y avait pas les téléporteur au Royaume du Feu.

- Sachant qu'avec les événements politiques et manifestations à l'approche, nous allons êtres très pris. Tu n'ignore pas que dans moins d'un mois le tournoi de Numarus va s'ouvrir et que je vais y aller. Ensuite son Excellence souhaite convoquer tous ses fidèles. Je sais bien que tu es un cas un peu particulier du fait que tu n'es pas vraiment un Drakhellion, en sachant que tu aimes une ancienne Rebelle, mais en tant que Grand Inquisiteur tu devras y être. Tu es le premier représentant de l'Empereur dans ce Royaume tout de même.

Flameria avait sourit en parlant d'Amon comme un Grand Inquisiteur qui finalement n'était pas un vrai Darkhellion contrairement à tous les autres. Lui aimait une rebelle, c'était presque un oxymore, comme dire que ténèbres pouvait aimer Roy.

Amon n'avait pas vraiment réfléchis à la façon dont il allait gérer son devoir et son cœur. Son visage prit un air sérieux. Il comprenait bien qu'il y avait beaucoup de travail, beaucoup de choses à faire, et qu'il n'allait pas pouvoir voir Shana pendant un moment. Cela lui rappela qu'il possédait toujours le bracelet de téléportation que lui avait prêté la reine. Il le retira de son poignet et le déposa sur a table devant lui.

- J'ignore encore comment je vais tout gérer, mais je n'ai pas l'intention d'abandonner mes fonctions. Je suis quelqu'un de loyal, et j'ai bien prêté serment afin de vous servir et de vous protéger et je ne me détournerais pas de mon devoir. Notre amour a tenu malgré ce qui s'est passé dans le palais, aussi j'ai confiance. Même si nous sommes séparés longtemps, nous resterons unis quand même. Nous nous en sommes fais la promesse, officiellement.

Par une promesse officielle, Amon voulait bien sûr parler de leur fiançailles. Il espérait que Shana ne se sentirait pas trop seule durant son absence. Il avait rejeté la proposition de la reine mais sans prendre l'avis de sa fiancée auparavant. Cependant, il ne voulait pas créer de tentions, ni faillir à son devoir. Mais Flameria enchaîna sur la prochaine réunion organisée par l'Empereur. Amon baissa le regard.

- Il a donc une idée derrière la tête. Mon père m'a fait part des tensions présentes dans l'atmosphère. J'espérais qu'il se trompait.

Il n'y avait qu'une raison pour laquelle Darkhell pouvait convoquer ses fidèles, et uniquement ses fidèles : parler de ses projets qui allaient à l'encontre des volontés des partisans du Bien. Son père avait raison, un vent de guerre soufflait dans l'air.

En voyant, le bracelet d'Amon, qui fut le sien auparavant, la reine compris que désormais pour Amon, les déplacements entre Shiron et Faal Viintaas, n'étaient plus un problème. Qu'elle avait été sotte ! Comment oublier ce cadeau qu'elle avait fait faire dans sa jeunesse pour pouvoir aller retrouver son amant de l'époque, Eros, père de ses trois enfants, mais que la distance et la politique avait définitivement éloignés. Elle espérait que pour Amon et Shana, une histoire différente de la sienne se produise. Elle prit alors le bracelet, le contempla en se souvenant de ce qu'elle en avait fait, et, en prenant de son autre main celle d'Amon, elle le lui rendit.

- La distance est une barrière difficile à l'amour, il ne faut donc pas que tu renie les pouvoirs de ce magnifique objet. Ne laisse pas non plus la politique entacher ton coeur. Reste comme tu es et tout ira bien pour ton amour.

Elle s'était levé, puis avait tourné le dos au jeune homme, en repensant à son passé amoureux qu'elle avait perdu à cause de tous ces événements et de cette guerre. Il ne lui fallait pas comparer sa relation avec celle d'Amon car au fond elle était totalement différente, mais pour la reine c'était difficile. C'est pourquoi, elle se consacra sur la promesse dont il parlait.

- Une promesse ? J'espère qu'elle demeurera.

Puis, en revenant vers le sofa, Amon lui parla de cette prochaine réunion des Darkhellions, bien que lui n'en fisse pas parti. Flameria senti chez lui comme une appréhension chez ce dernier. Alors elle tenta de le rassurer :

- Je ne pense pas que son Excellence ait de mauvaises intentions. Je pense qu'il veut que ses fidèles réfléchissent au candidat pour le poste d'Imperator.

Amon referma la main sur le bracelet et écouta sa mère adoptive avec attention. Elle était vraiment bienveillante. Il lui sourit tendrement, comme un fils à sa mère. Il lui prit la main.

- Merci pour vos conseils. J'en prendrais compte.

Il inspira profondément. Tout ne se passait pas si mal finalement. la reine était une femme très compréhensive au fond. Amon l'aimait beaucoup, et il était très heureux de l'avoir pour mère adoptive. Elle sembla lui demander de quelle promesse il parlait, aussi le jeune homme lui dit clairement ce qu'il voulait dire :

- Oui, une promesse, la promesse que ce font deux amants. J'ai demandé Shana en mariage et elle a dit oui.

Un petit sourire s'afficha sur son visage alors qu'il repensait à cet instant. Puis il tourna de nouveau son regard vers Flaméria. Ce qu'elle lui dit le rassura un peu. Il se détendit, glissant un peu dans le sofa.

- J'espère que vous avez raison et que ce n'est que cela. Est-ce que nous savons déjà qui se présente ?

Lorsqu'Amon dit à sa mère qu'il allait se marier avec Shana, un sourire vint illuminer son visage. La nouvelle ne sembla pas la surprendre, bien au contraire, et elle savait donc cela inévitable. Flameria savait ressentir le vrais amour de ses enfants, comme toute mère. Elle s'y était donc préparé dès lors qu'Amon lui avait parlé de Shana.

- Mes félicitations jeune homme, j'ose espérer que j'y serai conviée.

S'amusa-t-elle en allant l'enlacer pour lui baiser le front, elle debout, lui assis. Alors, elle vint le rejoindre à ses côtés, en s'imaginant la petite fête. Elle connaissait suffisamment Amon pour savoir qu'il voudrait que ce soit quelque un mariage discret et que cela se ferait en privé. La seule contrainte était qu'il fallait la présence d'un magistrat pour recenser le nouveau couple ainsi que celle d'une relique représentant l'Esprit du Feu, afin qu'il puisse y apporter sa bénédiction. En cela, la seule présence de la reine suffisait puisqu'elle était la fille spirituelle d'Efreet et la plus haute dignitaire politique du Royaume.

- J'espère que tu lui as offert une bague à la hauteur de ton rang

Plaisanta Flameria avant de redevenir sérieuse.

- Oh, ce sera comme toujours, les mêmes rapaces, ceux qui étaient les premiers à soutenir son Excellence, avant même qu'il ne revienne, et ceux qui resteront jusqu'au bout ; c'est-à-dire Kensylia, Zangdar Malevius, Naha Quashi et à tous les coups, cette figure montante des Darkhellions, Thanatos Azriel. Toutes ces personnages ne sont que des fous et des êtres perfides qui pensent que leur souverain est un monstre sanguinaire et qui anéantira la Lumière. Aucun d'eux n'a vraiment compris qui était vraiment son excellence. Crois-moi Amon, notre maître n'est pas celui qu'on veut faire croire, si les pions sont cruels, leur roi est un homme qui n'a voulu que remettre Télania sur le droit chemin. Aujourd'hui son excellence ne veut plus de sang, il veut pouvoir recommencer son règne, comme jadis. Je sais que tant qu'il restera au trône, il n'y aura plus de guerre entre les fanatiques. Malheureusement, si les anciens Rebelles cherchent, ou le font tomber, alors la guerre reprendra.

Il y avait dans le discours de la reine, quelque chose de passionné, comme si tout ce qu'elle disait était quelque chose d'universel. A chaque fois qu'elle prononçait le surnom de Darkhell Magister, on aurait dit qu'une vague d'admiration à son égard l'envahissait. En fait, Flameria avait bien plus que de l'admiration pour celui qui était devenu son mentor.

- Tu sais Amon, Darkhell n'est pas l'antagoniste d'Alia, au contraire, ils sont les mêmes. A l'origine, Lumière et Ténèbres symbolisent l'unicité de tout ce qui peut s'opposer. Pour faire un monde, on a besoin d'avoir toutes les différences. Un monde sans différence serait bien trop mauvais. Alors quand les deux Elus sont appelés, leur rôle n'est pas de se battre, mais de se réunir. ils doivent incarner l'équilibre entre toutes les différences pour les faire coexister. Malheureusement, aucun de leur camp ne l'a compris. Les Darkhellions veulent le triomphe des Ténèbres, pendant que les Rebelles veulent celui de la Lumière.

Amon fut surpris et rassuré par la réaction de la reine. Elle le surprenait de plus en plus avec cette histoire. Il sourit, heureux qu'elle le prenne ainsi.

- Bien sûr que vous serez invitée, vous êtes même la première de la liste. Et pour la bague je pense qu'elle est parfaite, après tout, elle a également une grande valeur sentimentale.

Après cette discussion sur sa relation et ses fiançailles, l'heure des discussions hautement sérieuses était arrivée. Aussi la reine se lança dans un discours passionné sur l'Empereur. Amon n'avait pas d'avis particulier sur le maître des Ténèbres. Cependant, il ne comprenait pas très bien quels étaient les sentiments de sa mère adoptive pour le grand homme, mais ce qui était sûr c'est qu'elle voulait changer l'image qu'on avait de lui. Aussi le jeune homme l'écoutait-il avec attention. Il la croyait sur parole, après tout elle faisait partie des gens les mieux placé pour juger de la vraie nature de l'Empereur.

- C'est une bonne chose qu’il veuille la paix. A vrai dire je n'avais jamais vraiment réfléchis à ce qu'il était. Mais j'ai toujours supposé qu'il avait ses raisons, de vraies raisons. Mais c'est dommage que les partisans des deux camps veuillent voir leur côté dominer Télania. La répartition du pouvoir entre les deux me paraît pourtant la solution la plus raisonnable. Quant à ceux qui se présentent pour le rôle d'Impérator, je ne suis sûr que l'un d'entre eux me convienne. Le choix va être difficile.

D'un geste de la tête, Flameria remercia Amon de toute l'attention qu'il avait pour elle. Puis, la politique s'étant invité dans la discussion, elle resta assise, fière d'avoir défendu son souverain contre les mauvaises pensées que certaines personnes avaient pour lui.

- Tu dois bien connaître sa fille, en tant que Grand Inquisiteur. Elle doit surement empruntés dans les mêmes chemins idéologiques et politiques que son excellence. Je n'ai jamais trop eu l'occasion de discuter avec elle, mais je suis presque certaine qu'ils ont le même caractère.

Elle soupira, non pas par nostalgie, plutôt parce qu'elle pensait au futur, puis, son fils (spirituel), lui fit part de son indécision à propos des élections. Alors elle tenta de le rassurer.

- Il s'agit d'une élection, tu auras le droit de voter pour qui tu veux. Et puis, il semblerait que son excellence choisisse lui-même le candidat qui représentera les Ténèbres pour le poste d'Imperator.

- Oui, je la connais. Mais pas tant que ça. J'ai juste eu l'occasion de recevoir des instructions mais sans plus. Mais de ce que j'ai vu, je trouve que ses idéaux ont l'air biens. Je pense que c'est une personne avec qui je pourrai m'entendre. Mais ce n'est pas quelqu'un de très loquace.

Il entendit le soupir de la reine, il sentait qu'elle n'était pas très assurée pour l'avenir, mais il ne comprenait pas très bien pourquoi. Mais pourtant, elle tenta de le rassurer de nouveau.

- J'espère qu'il choisira lui-même. Ce serait plus simple. Je me demande qui sera le candidat pour le parti du Bien.

Le fait que les deux chefs Inquisiteurs ne se soient vu que rarement surpris Flameria. A vrai dire, il y avait là dans cette relation quelque chose de logique ; c'était Flameria qui avait demandé à ce que ce soit Amon qui dirige l'Inquisition dans son Royaume, et non un Darkhellion nommé par la fille de l'Empereur.

- Je ne pense pas que Darkhell puisse trancher, il a beau être maître des Darkhellions, il ne peut se permettre de les décevoir, au risque de rompre l'unité dans son camp. Entre ceux qui soutiennent Zangdar pour sa cruauté et ses compétences d'économistes, ceux qui soutiennent Kensylia pour être la plus proche de notre seigneur, sans compter les plus petits candidats.

Elle regarda la tableau de l'Empereur, au fond de la pièce, symbolisant sa présence spirituel au Royaume du Feu, en essayant de se concentrer.

- Non, son Excellence est suffisamment malin pour ne pas créer la cession au sein de son camp ; il ne prendra aucune position, laissant son camp se fédérer par lui même. Tout cela n'est que supposition, tu en sauras mieux dans quelques semaines, après le tournoi de Numarus, lors de cette réunion entre hauts dignitaires. Il faudra que tu m'en tiennes au courant.

La reine sourit à cette idée d'avoir Amon comme émissaire espion entre le pouvoir impérial, et elle. Evidemment, elle savait que le maître du Mal la tiendrait au courant des évolutions politiques en vue des élections, mais le fait d'avoir Amon en plus semblait la rassurer. Toutefois, Flameria pensait que la question à propos des élections devaient être tournée du côté des ex Rebelles et des potentiels candidats neutres.

AMon soupira. Il était un peu déçu que l'Empereur ne choisisse sans doute pas lui même. Mais en même temps, le jeune homme comprenait parfaitement les raisons qui le poussaient à laisser faire les Darkhellions. Il devait le reconnaître, cet homme était très intelligent. Ce n'était pas étonnant qu'il ait autant de partisans, et qu'il ait su s'accorder la confiance de presque tout le peuple de Télania lorsqu'il était devenu Empereur. Même ses ennemis semblaient éprouver un certain respect à son égard.

- Dans ce cas il va falloir que je commence à réfléchir dès maintenant, car je n'ai absolument aucune idée de la personne sur qui se portera mon choix. En revanche je sais qu'il ne se portera pas sur Zangdar, il est grand économiste mais comme vous l'avez dis vous même c'est un homme cruel et sanguinaire, un peu trop à mon goût.

La reine aborda ensuite le sujet de la prochaine réunion pour l'Empereur. L'Inquisiteur du royaume du Feu n'était pas prêt de se reposer. Bientôt il devrait repartir avec la reine et quelques courtisans du royaume au royaume de la Foudre pour le tournoi de Numarus, ensuite il lui faudrait de nouveau repartir afin de se rendre au palais de Cristal pour le conseil donné par l'Empereur. La reine semblait avoir besoin de connaître les sujets de la réunion par son fils adoptif qui tourna son visage vers elle en lui souriant.

- Ne vous inquiétez pas, je vous ferez un rapport complet de ce qui sera dit et décidé. Je pense que l'Empereur vous en fera part lui aussi, mais si vous y tenez je vous en informerai personnellement. A propos de tous ces proches départs, quand partons-nous pour le tournoi ?

Amon voulait savoir s'il allait pouvoir se poser un peu au palais ou non. ET s'il était la peine qu'il défasse ses bagages.

Flameria ne savait pas encore si Amon comptait venir au tournoi de Numarus. Par sa question et la mention du "nous", il fut certain que celui-ci y serait présent.

- Il nous faudra partir dans une semaine.

Déclara fièrement la reine du Feu, qui comme la plupart des nobles du Royaume, étaient impatient de participer à ce tournoi mondial où allait se côtoyer toutes sortes de personnalité. Habituellement il y avait des milliers de concourants et quelques millions de spectateurs. Rarement un événement ne faisaient se retrouver autant de Télanien, sans compter les couronnements impériaux. Toutefois, pour cette année là, il fallait s'attendre à une foule encore plus nombreuse, du fait que le tournoi n'avait plus eu lieu depuis seize années. La reine y assisterait et comme précédemment, les couleurs du Royaume (qui sont par ailleurs les siennes), seront défendues par un preux chevalier. Amon aurait pu être son champion, mais la tradition et les coutumes du Royaume de la Foudre voulait que le chevalier d'une dame ne soit son époux, ou un proche célibataire. Amon avait désormais une fiancée et Flameria se devait de penser à un nouveau champion. Néanmoins, elle se demanda si sa nouvelle fiancée y serait, et si de fait, il allait participer aux joutes. C'est pourquoi, elle osa demander :

- A ce propos, vas-tu y participer ? Pour porter les couleurs de mademoiselle Falmera par exemple ?

A vrai dire, la question de la reine était vaine, car ce qu'elle aurait voulu c'est qu'Amon porte ses couleurs, or, comme elle le savait, c'était impossible. Malheureusement, la reine ne savait qui choisir, bien entendu, elle n'y était pas obligée, mais se faire représenter au sein de ce prestigieux tournoi aurait été une sublime façon d'imposer son Royaume comme puissance internationale, et rappeler au monde entier que la femme y était reine.

Une semaine. Le temps pouvait paraître court pour certains, mais cela suffisait à Amon qui n'espérait pas en avoir autant.

- C'est parfait. Je serai prêt.

L'idée de ne pas venir n'avait pas frôlé le jeune homme. Pour lui il était évident d’accompagner la reine dans ce voyage. Il était peut-être devenu Grand Inquisiteur du royaume du Feu, il n'avait jamais abandonné le devoir de protéger Flaméria. Aussi il se faisait un devoir de l'accompagner. C'est alors que la reine lui demanda s'il allait participer aux jeux.

- Eh bien, pour tout vous avouer je n'y avais pas réfléchis. J'ignore si elle y sera.

Amon n'avait pas compris que la reine espérait qu'il porterait les siennes. Aussi demanda-t-il avec innocence et en souriant :

- Quelqu'un s'est-il porté volontaire pour porter les votre ?

La reine le regarda avant de lui répondre :

- Non officiellement il n'y a personne pour défendre notre Royaume. Enfin, le général a organisé un concours, le vainqueur sera celui qui portera mes couleurs.

Elle espérait que le candidat retenu serait digne de cette distinction, car elle y plaçait un grand espoir pour la réputation de son pays. Malheureusement, en sachant Amon dans l'impossibilité de la représenter, il lui fallait placer sa confiance sur quelqu'un d'autre.

Flameria fut surpris que ce dernier n'ait pas proposé à sa fiancé de participer au tournoi pour elle, après tout peut-être qu'il ne voulait pas. Quoiqu'il en soit, ça ne pouvait rien changer pour elle.

Amon leva un sourcil interrogateur. Il n’appréciait pas vraiment cette façon de faire.

- Majesté, ne croyez-vous pas que les candidats devraient se présenter à vous et que vous seriez la seule à décider qui portera vos couleurs ? Dans ces conditions le choix peut se porter sur n'importe qui, et vous être tout de même la reine, et pas n'importe laquelle, vous méritez que quelqu'un d'important porte vos couleurs.

Le jeune tenait absolument au fait que quelqu'un d'important porte les couleurs de la reine. La reine était l'une des femmes les plus importantes de Télania, il fallait donc qu'un homme tout aussi important porte ses couleurs, c'était le point de vu du jeune homme. Il se leva, un peu énervé que les choses se passent comme ça.

- N'y a-t-il personne de vraiment honorable pour porter vos couleurs ?

Flameria fut surprise de l'impétuosité de son fils. Il avait certes raison, mais jamais elle n'aurait cru que ce concours lui paraisse aussi dévalorisant. Elle se mit donc à réfléchir, afin de savoir comment elle devrait choisir son champion. Evidemment, Amon lui semblait être celui qui remplissait tous les critères, mais malheureusement, son statut civique et matrimonial lui empêchait de défendre une autre femme que celle avec qui il étai fiancé.

- A part toi je ne vois personne mon pauvre Amon. Et malheureusement tu ne peux défendre mon blason pour ce tournoi. Les textes sont clairs : "le Chevalier sera une personne de sexe masculin. Il défendra les couleurs de sa dame de sa soeur, de sa fille, de sa mère ou de sa suzeraine s'il n'est pas fiancé".

En soupirant, Flameria prit sa tête entre ses mains, les coudes sur ses genoux, afin de réfléchir. Au Royaume du Feu, la plupart des personnes honorables et puissantes étaient des femmes ; elles ne pouvaient donc y participer. Elle appréciait énormément le général, mais ne le voyait pas combattre pour elle. Il y avait bien quelques militaires, mais ces hommes là n'étaient pas toujours d'une sincérité parfaite avec la reine, préférant le Royaume et ce qu'il incarnait à elle. En fait, Flameria était très dure et critique envers le sexe masculin. par conséquent, choisir l'un de ses représentant pour la défendre dans un tournoi international était difficile. Il n'y avait que si peu d'homme qu'elle aimait de son coeur... Quelque peu déçue, elle redressa la tête, puis se leva, s'en vraiment marcher dans un but précis, plutôt à la recherche d'une idée.

- Je n'en sais rien. N'as-tu pas d'idée ?

Amon voyait bien la complexité de la situation, et que la reine était un peu perdue. Le jeune homme était en colère, il voulait absolument qu'elle doit dignement représenté mais il y avait peu d'hommes digne d'elle dans le royaume. De plus, Flameria était assez dure avec les hommes. Ce qui se comprenait, après tout, c'était dans son sang, dans le sang de son peuple. Amon se serait bien proposé mais la reine lui dit que c'était impossible. Elle lui demanda alors s'il avait une idée. Le jeune loup-garou avait bien une idée mais il avait très peur qu'elle soit mal accueillie. Il tenta tout de même :

- Eh bien, vous avez bien dit "il défendra les couleurs de sa dame, de sa sœur, de sa fille ou de sa mère" n'est-ce pas ? Peut-être le prince Roy pourrait-il porter vos couleurs. C'est un homme de haute valeur, vous ne pouvez pas le contester.

Il savait qu'en donnant cette solution il risquait de subir le courroux de sa reine bien aimée, mais il pensait sincèrement à ce qu'il proposait. Et puis il n'avait pas proposé le roi Eros. De plus, il avait une autre raison en considérant ce choix :

- En plus, ce serait stratégique, cela donnerait une belle image de la paix.

Voilà une proposition à laquelle Flameria n'avait jamais songé ! Sa surprise se lut sur son visage. Toutefois, Roy était au fond d'elle toujours resté son enfant. Même s'il lui rappelait son ancien époux, elle l'avait élevé pendant quatre ans avec amour jusqu'à ce que la guerre les sépare. Pour cette raison, la reine appréciait plus ou moins son fils. Toutefois, accepterait-il, en tant qu'héritier au trône de l'Air, d'être le chevalier de la reine du Feu. La chose était trop incongrue pour pouvoir se faire. Pourtant Flameria pensa qu'il fallait essayer.

- Ton idée est surement l'une des plus folles que tu n'aies jamais eu. Mais je pense qu'il faut la mettre en oeuvre.

Etant debout, la reine marcha vers son bureau, sorti un papier à lettre et de la plume d'un phoenix, elle écrit. Le plus difficile fut de la commencer. Comment renouer le dialogue après temps d'années de séparation. Comme cela lui fut difficile, elle choisit de se présenter comme la reine du Royaume du Feu, venant demander à l'un des plus nobles et valeureux combattant du Monde, de se battre pour elle lors du tournoi de Numarus. Amon était là pour la conseiller, debout, derrière le fauteuil de sa monarque qui cherchait les bons mots et la diplomatie nécessaire à ce que le prince de l'Air ne puisse refuser.

- Il faut éviter tout sentimentalisme, qu'en penses-tu Amon ?

Amon pu lire la surprise sur le visage de la reine, mais à son grand soulagement, pas de colère. Cela rassura le jeune homme? Cependant, ce fut à lui d'être surpris lorsque Flaméria accepta sa proposition. Cela le fit sourire. Il était content qu'elle accepte son idée car au moins, ce serait une personne vraiment digne qui porterait ses couleurs, et cela marquerait un point important dans la paix.

- Je sais que c'est une idée assez folle, mais pas irréalisable.

La reine alla donc s'installer à son bureau. Amon vint se placer derrière son fauteuil, de façon à voir la feuille. Il voyait bien que sa mère adoptive avait du mal à commencer la lettre. Après plusieurs minutes sans avoir tracé le moindre mot sur le papier blanc, elle se retourna vers le loup-garou lui demandant conseil. Amon fixa un instant la feuille pour réfléchir avant de répondre :

- Non en effet, mais ne soyez pas trop officielle non plus dans vos propos. Vous parlez tout de même à votre fils. Je pense qu'il faut que cette lettre reste neutre mais sans pour autant être dans la froideur stricte de l'officialisation.

Flameria n'était pas aussi bon oratrice que l'Empereur, mais elle faisait parti de ces rares personnes qui n'avaient pas besoin de brouillon pour rédiger quoique ce soit. Elle avait d'ailleurs transmis ce don à ces enfants, notamment à Roy qui savait faire preuve de beaucoup de charisme. Tout en suivant les conseils du Grand Inquisiteur, elle rédigea avec attention la lettre qui sera envoyé par son phoenix personnel, afin d'être certain de son arrivée à son destinataire. C'est alors qu'une pensée lui traversa l'esprit !

- Et que dira l'Empereur de cela ! Ne serait-ce pas pour lui un affront que sa plus grande alliée offre son blason à l'un de ses plus grands ennemis !

Dans la précipitation et l'inquiétude, elle fit tomber l'encrier qui s'étala sur la table. Flameria eut juste le temps de se lever, en retirant la lettre, avant que chacune d'elles ne soient colorées. La reine digne, ne poussa aucun juron et sa réaction fut toute spontanée : appeler un serviteur pour nettoyer ce raz de marée noir. Lorsque les débats furent réparées et la propretés ramenée, Flameria reprit sa place et regarda Amon pour lui dire :

- Après tout, son Excellence désire la paix, pourquoi désapprouverait-il cette initiative ?

Et elle se remit à écrire.

Finalement, au bout de quelques minutes, la reine avait écrit quelques lignes. Mais elle s'arrêta soudain, renversant l'encrier sur son bureau. Elle expliqua ce qui la tourmentait à Amon. Le jeune homme la regarda en souriant.

- Majesté, si cela vous inquiète, demandez directement à l'Empereur, il vous dira ce qu'il en pense.

Une fois que la reine se rassit et reposa le papier sur la table. Elle sembla déterminer à continuer la lettre. Le jeune homme posa sa main sur le bureau et se pencha un vers le papier puis il tourna sa tête vers Flameria, toujours en souriant :

- Mais je ne pense pas qu'il le prendrait mal, au contraire, je crois qu'il veut que nous montrions que nous croyions vraiment en la paix et que nous voulons la soutenir, et soutenir une nouvelle alliance entre les anciens paris : le Mal et le Bien.

Il se redressa, jetant un coup d’œil sur le portrait de l'Empereur. Amon faisait partie de ceux qui voulaient croire en la paix et tout faire pour la préserver. Et il se disait que même si elle était fictive, il fallait tout de même faire croire qu'elle était bien là et que les partisans du Mal se battaient pour la faire durer.

» Flameria, Reine du Feu
» De retour du conseil (pv :Flameria)
» Au sujet d'Alia (pv Eros et Flameria)