Le devoir (pv : Mythos alias Glen)

Glen s'était fait très discret depuis l'arrivée de Forciticus. Ce fut à peine si le prince de la Terre l'avait remarqué là bas, assis dans son fauteuil derrière plusieurs dossiers. Par la même occasion, il écouta les deux jeunes adultes discuter. Intérieurement, il s'amusa d'entendre Forciticus parler d'une de ses connaissances qui, tout comme lui, avait quelques difficultés avec son frère. Comme quoi les problèmes fraternels n'étaient pas si rare et touchaient toutes les classes. La discussion tourna très vite sur la situation actuelle, chose qui était depuis plus d'une semaine dans la bouche de tous les Télaniens, quelle que soit leur orientation idéologique. Après tout, les doutes étaient permis et le questionnement légitime. Glen lui, préférait ne pas se poser de question à ce sujet, après tout il n'était pas vraiment de ce monde.
Après avoir fini son troisième dossier, qu'il approuvait en rangeant sur une seconde pille, Glen s'allongea sur le canapé et ferma les yeux. Habituellement il n'avait jamais besoin de dormir. Or, depuis que Mythos l'avait ramené là, l'enfant aveugle ressentait de plus en plus les besoins des humains comme la faim et la fatigue. A peine fut il allongé qu'il s'endormit sans s'en rendre compte. Il n'entendit par Forciticus claquer la porte pour se rendre dans la salle de bain voisine de la chambre. Alia vient ensuite s'asseoir sur un fauteuil, non loin de lui. Réveillé par sa venue, Glen, allongé sur le canapé, l'entendit prendre un dossier mais avant même qu'il ne le réalise, il se rendormit. C'était comme s'il rattrapait ses nuits de sommeil qu'il n'avait jamais prises. Peu de temps après, tous les occupants de la chambre s'étaient endormis. Il ne manquait que Forciticus à la chambrée pour que le groupe soit au complet.

Pendant son sommeil, Glen avait le don de pouvoir voir par les yeux de son maître, le seigneur Mythos. Il se vit ainsi combattre des démons, des créatures des Ténèbres, avec difficultés. Mythos n'était pas au sommet de sa force, mais dans le temple des Ténèbres, il résistait aux attaques de ses ennemis. Le jeune homme en eu le sommeil agité, sa tête tournant de temps à autre d'un côté et de l'autre, comme s'il s'agissait de spasmes. En même temps, il entendait couler l'eau de la salle de bain, dans laquelle Forciticus se lavait silencieusement. Ce dernier n'avait jamais rencontré Glen et n'en avait peut-être jamais entendu parlé. Ou peut-être que si. Lui n'en savait rien, il se voyait combattre à la place de Mythos contre quelques créatures obscures.

Forciticus quitta son amie après qu'elle lui ait dit de faire comme chez lui. Il pénétra dans la salle de bain et referma doucement la porte à clé. Il retira son haut et s'avança jusqu'au lavabo où il fit couler un peu d'eau afin de se rincer le visage. Après quoi, il saisit une serviette et s'essuya, puis il posa ses deux mains sur le lavabo et fixa son reflet dans le miroir avec un air anxieux. Il repensa à ce qu'il avait vu lorsqu'il avait touché la dague de son frère. Bien sûr il ne croyait pas à la culpabilité de celui-ci, mais il se demandait comment on avait pu profaner un objet si sacré à ses yeux. Ses doigts se crispèrent sur le marbre avec colère. Il se détourna du miroir et finit de se déshabiller pour se rendre sous la douche. On prétendait que l'eau chaude détendait et faisait du bien. Il tourna l'eau du robinet et une eau douce et chaude s'écoula sur sa tête et son corps. Il leva son visage, les yeux fermé, l'eau l'éclaboussant. Il profitait de la chaleur de l'eau. Lui qui avait vécu tellement de temps loin des palais, voire même d'une vraie maison, il n'avait plus l'habitude de se laver avec de l'eau chaude. Il trouvait cela très agréable et se laissa aller à la détente. Mais ses pensées revinrent le hanter. Dès qu'il s'éloignait d'Alia ou de Mythos, ses mauvais souvenirs refaisaient surface. Il tenta alors de les chasser en se disant qu'il n'était pas le plus à plaindre et commença à se laver les cheveux. Après s'être entièrement lavé, Forciticus resta encore un petit moment sous l'eau chaude, puis il sortit en attrapant une serviette. L'eau chaude lui avait fait du bien, il se sentait mieux, plus détendu. Il attacha la serviette autour de sa taille et s'avança de nouveau vers le miroir qui, grâce à un sortilège, n'était pas recouvert de buée, puis il commença à ébouriffer ses cheveux. Mais ce fut tout. Malgré sa carrure et son charisme, le jeune homme n'était pas quelqu'un qui prenait soin de lui. Aussi, sans plus de temps, il se rhabilla et sortit de la salle de bain. La nuit était tombée au dehors et la chambre était plongée dans l'obscurité. Au point que le prince de la Terre se demanda comment Alia et Glen pouvait lire. En s'approchant des fauteuils et des deux canapés, il comprit mieux. Les deux étaient en train de dormir. Il fut troublé en voyant Alia et afficha un léger sourire. Elle dormait paisiblement, avec toute sa splendeur et sa grâce. Rien ne semblait pouvoir ébranler son sommeil. Aussi, le jeune homme s'approcha doucement et la prit dans ses bra,s puis il la porta jusqu'à son lit où il l'étendit avec délicatesse, avant de la recouvrir avec ses draps. Après quoi il se tourna vers Glen en se rendit compte que le garçon était en proie à de terribles cauchemars. Forciticus le connaissait peu, il l'avait vu avec Alia lorsque celle-ci était sous l'identité de Narsiel, et de nouveau lorsqu'il était partie avec Mythos, le mage de Lumière avait indiqué à l'enfant de rejoindre la princesse pour l'informer de leur absence.
Forciticus hésita un instant, puis il décida de s'approcher de l'enfant. Il avait toujours eu cet instinct de protection envers eux. C'est ainsi qu'il avait recueillit Luco, et tout tenté pour le sauver de ses blessures. Aussi, voyant Glen agité dans son sommeil, il ne pu s'empêcher de s'accroupir près de lui et de tenter de le rassurer. Sans le toucher, il l'appela doucement.

- Glen, ce ne sont que des cauchemars. Rendors-toi paisiblement.

Tout en fixant le garçon, Forciticus tentait de le rassurer par ses paroles. Il ne pouvait pas deviner que le garçon voyait des choses qui se passaient réellement. Mais peut-être ses aproles allaient-elles réveiller le jeune garçon. Il continuait de lui parler doucement pour essayer de le calmer, ignorant si Glen l'entendait ou non.

On ne sut ce qu'il advint ensuite pour Mythos, Glen qui avait une ouïe très développée, pour compenser sa cécité, fut réveillé par les mots rassurants du prince la Terre. Le petit garçon ouvrit d'un coup ses deux grands yeux, sans que rien ne les cache, son habituel ruban s'étant détaché. Ce fut donc deux billes blanches avec un iris bleu écarlate qui se dévoilèrent sous ses paupières et Forciticus s'y senti comme absorbé. Une voix incompréhensible raisonna dans sa tête mais avant que l'attraction ne soit trop forte, Glen se banda les yeux en se redressant sur le canapé. Assis en tailleur, tête baissé, il avait l'air d'un pauvre petit enfant surpris par l'un de ses parents après avoir fait une bêtise. En fait Glen se sentait extrêmement gêné de s'être endormi et d'avoir laissé voir ses yeux. En même temps que cette gêne lui entravait l'esprit, ses pensées tournaient aussi autour de mythos, seul combattant les plus terribles démons de Télania.

- Bonjour

Réussit-il a marmonner à l'égard du prince de la terre, sans lever les yeux. Pour tenter de reprendre une attitude normale, il prit le premier dossier qu'il lui vint à l'esprit et le feuilleta, sans même le lire, c'est-à-dire sans passer son index sur les lignes. Comme il sentit toujours sur lui le regard de Forciticus, Glen osa lever la tête, les commissures tournées vers le bas. Ce fut tout comme s'il allait lâcher un "c'est pas moi !" ce qui rendait quelque peu la scène risible. Finalement le frère de Stalven semblait le connaître, ce qui le gêna d'avantage. Glen se surprenait lui-même, il était habituellement quelqu'un de très confiant, sur de lui, difficilement intimidable, mais ce soir là, il se sentait quelque peu dénudé de toute personnalité. En fait cette impression venait non pas de la situation mais de la personne qui l'observait ; c'était comme si Forciticus avait rendu à Glen ce caractère de petit garçon. Etait-ce parce que comme lui il était quelqu'un de très renfermé ? Le garçon n'avait aucune réponse à sa question, il avait gardé sa tête droite, les yeux plantés dans ceux de son interlocuteur.

- Qui êtes-vous?

Glen savait évidemment que celui qui se tenait face à lui était Forciticus, mais la question portait en fait sur la capacité du prince à mettre le petit garçon dans cet état.

Forciticus n'eu pas trop à insister. Le jeune garçon finit par se réveiller. C'est alors que pour la première fois, le jeune homme remarqua que les yeux de Glen n'était pas bandé comme d'ordinaire, et lorsque le garçon ouvrit les yeux, le prince ressentit des sensations étranges qui disparurent lorsque Glen remit son bandeau. Forciticus aurait pu être quelque peu affolé par cette réaction, mais il n'en fit rien. Il savait que le garçon était relié à Mythos et que les deux avaient des dons très étranges. Il se contenta donc de rester près du canapé, sans bouger, s'assurant que Glen allait bien. Il fut surpris de l'entendre le saluer. Surpris car on ne disait pas vraiment ce genre de chose en s'éveillant d'un cauchemar, mais il s'en laissa, comme à son habitude, rien paraître et se contenta de répondre à son tour.

- Bonsoir. Pardonne-moi de t'avoir réveillé, mais j'ai vu que tu faisais un cauchemar alors je n'ai pas pu me résoudre à te laisser ainsi.

Des émotions surprenantes pouvaient se lire sur le visage du petit garçon. Il semblait tout chamboulé et honteux. Le prince ne comprenait pas pourquoi. Il ignorait tout de Glen, et pour lui, bien qu'il soit relié au mage de Lumière, il restait un enfant. Et il affichait un air coupable. Mais coupable de quoi ? Forciticus espérait ne pas avoir eu l'air agressif envers le jeune garçon, ou l'avoir réveillé trop en sursaut. Il ne savait pas vraiment comment gérer cette situation. Finalement, il se leva et décida de servir un verre d'eau à Glen. Il rempli donc un verre propre posé sur la table basse et le tendit au garçon en touchant sa main avec le verre, car il avait bien conscience sue son jeune interlocuteur ne pouvait pas voir. Forciticus, lui aussi, ressentait des sensations étranges depuis qu'il était près de Glen. Ce n'était pas comme lorsqu'il était près d'Alia ou de Mythos, non, il avait l'impression de se retrouver un peu en lui. Et il trouvait cela vraiment étrange. Et la question qu'il lui posa par la suite lui paru encore plus étrange, car le jeune homme était persuadé qu'il le connaissait. Cependant, il répondit tout de même.

- Je m'appelle Forciticus, je suis un ami d'Alia.

Pas de titre, pas de dénomination. Comme toujours, Forciticus se présentait simplement. Il alla s'asseoir dans un fauteuil juste à côté du canapé où Glen dormait quelques instants plus tôt, mais il continuait de le regarder. Le mage de Lumière était décidément entouré de bien de mystères. Est-ce qu'Alia savait plus de choses sur lui que les autres ? Ou était-elle dans l'ignorance comme eux ? En pensant à cela, le jeune homme tourna sa tête vers le lit où la princesse dormait toujours aussi paisiblement, et de nouveau il détourna vivement son regard. Il porta alors de nouveau son regard vers le jeune garçon et osa lui demander :

- Est-ce que ça va ?

Glen resta silencieux, il se contenta d'hocher la tête pour dire que tout allait bien. Il lui fallait se reprendre et pour ça rien de mieux que de poser des questions, dont il connaissait déjà les réponses.

- Alors c'est toi l'Exilé de la Terre.

Glen s'assit convenablement sur le canapé, en tailleur, les mains dans le creux de ses jambes, position quelque peu enfantine qui contrastait avec sa voix beaucoup plus posée et certaine.

- Maître Mythos fera de son mieux pour convaincre votre frère de votre innocence.

Pourquoi était-il parti sur ce sujet ? Surement parce que c'était ce qu'il devait le plus occuper l'esprit du prince des Rebelles et que c'était un moyen d'entrer dans une conversation permettant à Glen de retrouver son vrai caractère.

Le garçon ne répondit pas à la question de Forciticus, mais cela ne le dérangea pas. Il semblait allait un peu mieux. Alors le prince posa son coude sur l'accoudoir et sa main sur sa joue. Bien qu'il n'en montra rien, il était assez préoccupé et Glen toucha le point sensible, commençant pas demander ou affirmer, qu'il était "l'exilé de la Terre". Oui en effet, il l'était. Le prince déchu, le chef des rebelles, le malfrat traqué comme un animal à travers son propre royaume. Il ne répondit pas et resta impassible. Mais si on observait bien son visage, au plus profond de son air, celui qu'il gardait toujours, on air inexpressif, impassible, là, si on observait bien, on pouvait voir une pointe de tristesse qu'il portait toujours. Mais seul ceux qui l'observait vraiment avec profondeur tels que Mythos ou Alia, pouvaient s'en rendre compte. Il jeta un regard rapide vers le garçon qui continua. Il sembla tenter de le rassurer sur la mission du mage de Lumière. Alors, d'un air las, Forciticus leva son regard vers le fenêtre où la pénombre de la nuit empêchait de voir au loin, une ombre passa dans ses yeux et il répondit :

- Hélas je doute fort de sa réussite. J'espère simplement que mon frère ne se montrera pas trop irrespectueux car sa solitude l'a rendu terriblement acariâtre et il manque cruellement de diplomatie...

Il est vrai que si l'on cherchait l'opposé même du prince de l'Air, Roy, il suffisait de prendre Stalven. Car si Roy était un jeune homme agréable, charismatique, diplomate, très entouré et aimé de beaucoup, Stalven était devenu tout son contraire, désagréable, borné, à l'apparence dure et froide, sans circonspection, et craint plus qu'aimé, et il était seul. Bien sûr, sa solitude ne datait pas de son basculement dans les Ténèbres, mais avant il avait au moins sa famille et il était apprécié, respecté et respectueux. Forciticus avait à la fois hâte de revoir le seigneur Mythos, mais en même temps il était plein de crainte et d'appréhension. Il savait que son frère refuserait inévitablement de croire l'histoire du mage, la vérité et de récupérer sa dague. En pensant à cela, le prince porta la main à la sienne. Il espérait que Glen n'aborde plus trop le sujet sur son frère, même s'il n'en dit rien.

Glen avait beau être aveugle, il sentait que la conversation n'était pas au gout du jeune homme qui tentait de ne pas faire paraître sa gêne. Pourtant, il n'était pas question de quitter ce sujet de conversation, puisqu'au yeux de Glen, il avait énormément à faire à ce niveau. Ce qui le surpris ce fut d'entendre Forciticus, non pas pessimiste mais assez virulent envers son frère.

- L'erreur n'est pas d'échouer, mais de ne pas essayer. Votre frère est seul, et croyez-moi, ce n'est pas de diplomatie qu'il manque, mais d'un frère. L'Empereur des Ténèbres vous a séparé pour vous affaiblir et imposer son dictate sur le Royaume de la Terre. Mais si les deux frères seraient à nouveau réuni, ce serait la fin de son emprise sur leur Royaume. Rien n'est plus fort que les liens du sang et le seigneur du Mal le sait. Or il y a une faille dans son stratagème.

Glen se tut subitement, un bruit l'interpella. Il se tourna donc vers la source et vit Alia se retourner, pourtant discrètement, durant son sommeil, dans son lit. Le silence revenu, il prit la main du prince des Rebelles tourna la paume vers le ciel et posa son index en son milieu. De gauche à droite, de bas en haut, il parcourut de son doigt chacune de ses lignes, tel un voyant ou marabout, en prononçant doucement :

- Exilé de la Terre mais pas du coeur, ils se recherchent mais aucun ne vois en l'autre ce qu'il est vraiment, l'un veut venger la mort de son frère, l'autre veut trouver le coeur de son frère. Ils sont dos à dos mais ne se voient pas. Forciticus, vous reprochez à votre frère de ne pas voir la vérité mais lorsque les preuves sont là, il est difficile de ne pas la croire. Si je vous dit que maître Mythos a tué des milliers de personnes, qu'il a asservi tout Télania et qu'il a créer le plus gros mensonge que l'histoire n'ait jamais connu, vous refuserez de me croire, préférant un autre vérité. Il en est de même pour votre frère. Il refuse la vérité, mais pas celle que vous croyez.

Il s'arrêta là, ferma les yeux sous son bandeau, et un frisson le parcouru. Une fenêtre était ouverte et un petit vent s'était levé. Il regarda Forciticus, plus changement vêtu que lui, et une envie lui traversa l'esprit. Son petit corps n'était pas un avantage, mais il pouvait se permettre certaine chose qu'on n'offrait plus à l'adolescence. Il descendit de son canapé et grimpa sur les genoux du jeune homme, sans même demander son accord, pour s'y asseoir et profiter de la chaleur corporelle.

Malgré le peu d'envie de Forciticus de faire face à cette conversation, le garçon continua sur le sujet. Il n'avait pas voulu être virulent envers son frère, en réalité, il n’éprouvait aucune colère envers lui, mais simplement de la déception, un enchaînement de déceptions. Mais il ne dit rien et laissa Glen continuer. Le prince avait bien conscience que son frère était seul, mais c'était lui qui refusait de renouer avec le jeune homme, au point de dire qu'il était mort... Cependant à travers les paroles de l'enfant qui se tenait devant lui, Forciticus comprenait qu'il lui disait qu'il devait persévérer. Lorsque Glen indiqua qu'il y avait une faille dans le stratagème, le prince de la Terre voulu lui demander laquelle, mais le garçon se retourna vivement vers l'endroit où Alia dormait, ce qui fit que Forciticus fit de même. Mais lorsque Glen se retourna vers lui, il lui saisit la main doucement et commença à toucher la main du bout de son doigt. Cela faisait une drôle d'impression au jeune homme qui avait l'impression de se retrouver fasse aux femmes du peuple nomade, qui lisaient la bonne aventure dans son royaume. Et c'est dans des paroles dignes d'une prophétie que Glen indiqua le problème des deux frères. Mais quand il prit pour exemple Mythos, Forciticus se demanda si c'était vrai. Bien sûr son premier mouvement fut un léger geste de recul, comme s'il avait peur d'un coup, mais ensuite il se demanda si ce n'était qu'un exemple ou bien si Glen se basait sur la réalité. Il choisit la première option, et se rendit ainsi compte que son jeune interlocuteur avait tout à fait raison. Il comprenait mieux pourquoi son frère réagissait ainsi. Pourtant, il serait difficile de croire ce que Glen disait sur Mythos car on l’appréciait, mais dans le cas de Stalven, il aurait du se passer l'inverse. Puisqu'il aimait plus que tout son petit frère, même s'il avait été coupable, c'est le fait de croire à sa culpabilité qui aurait du être impossible pour lui. Mais apparemment, ce n'était pas en l’innocence de son frère qu'il ne croyait pas, d'après les dire du garçon.

- Quelle vérité refuse-t-il dans ce cas ? Et quelle est la faille du stratagème de Darkhell ?

Finalement, les propos du jeune compagnon de Mythos avait attisé l'espoir de Forciticus. Il voulait donc en apprendre plus, afin d'employer de nouveaux arguments face à son frère, et de mieux le comprendre. Car il pensait qu'il n'y avait qu'un seul moyen de parvenir à parler à son frère et d’avoir une chance de renouer avec lui, c'était de le comprendre. Le jeune homme s'aperçu alors que Glen frissonnait. Habitué au froid par sa vie assez misérable dans les Monts Akelas, le jeune homme n'avait qu'à peine remarqué le vent frais qui avait traversé la pièce. Glen, tel un véritable petit enfant, vint alors se mettre sur les genoux de Forciticus. Parfois, on oubliait que le garçon n'était qu'un enfant tant son savoir était grand et également en raison de sa façon de parler. Comprenant qu'il avait froid, le prince de la Terre attrapa sa cape qu'il avait laissé sur le dossier du fauteuil et enveloppa le garçon dedans. Il eut l'impression un court instant d'être face à Luco, ce jeune garçon qu'il avait recueillit deux ans auparavant. Il veillait sur lui comme un grand frère bienveillant désormais.

C'est avec beaucoup de plaisir que Glen se laissa envelopper dans la cape de Forciticus, bien chaude et épaisse. Il s'y pelotonna et se mis en boule non plus à la manière d'un être humain, mais d'un petit animal de compagnie sur les genoux de son maître. Il avait fermé les yeux, mais sa respiration était suffisamment rythmée pour laisser deviner qu'il ne dormait absolument pas. De là où il était, il pouvait sentir les battements de coeur du jeune homme et ainsi sentir son impatience. Que voulait-il . Des réponses ? Mais Glen n'avait pas réponse à tout ! Ainsi, le petit garçon, en chuchotant, répondit :

- Je sais des choses, mais je n'ai pas réponse à tout.

Puis il tourna son visage vers le prince de la Terre en ajoutant :

- Et je pense que votre frère refuse votre culpabilité.

Et comme il savait que cette réponse allait en demander d'autres, il anticipa sur la réaction de Forciticus en continuant toujours à faible voix :

- Stalven est certain de vous avoir vu tuer vos parents, mais il se refuse à cette idée. Alors inconsciemment il a divisé votre personnalité, l'une qu'il déteste, Forciticus prince des Rebelles et assassins, l'autre, Ticus, le petit frère. Mais comme deux antagonistes ne peuvent exister en un seul, il s'est persuadé que le Forciticus qu'il aime a lui aussi été tué par le Forciticus qu'il haït.

Forciticus laissa Glen se mettre à son aise sans broncher, bien qu'il n'ait pas l'habitude qu'on soit si proche de lui. Le garçon lui indiqua alors qu'il n'avait pas réponse à tout, et le jeune homme du reconnaître qu'il s'était un peu emporté. Mais ce qu'avait dit l'enfant avait ravivé un peu d'espoir en lui, et il avait l'impression d'avoir à nouveau une chance de retrouver son frère comme autrefois.

- Pardonne-moi, il est vrai que je me suis laissé emporté.

Cependant, les battements du cœur du prince ne s’étaient pas calmé pour autant. Désormais, il y avait plein de questions qui se bousculaient dans sa tête. Mais il avait bien conscience que ce n'était ni à Glen, ni à Mythos qu'il devait les poser. Il allait devoir trouver les réponses seules. Ce qui ne le dérangeait absolument pas. Pour retrouver son frère, il était prêt à tout. En revanche, le jeune garçon lui indiqua ce que pensait réellement Stalven, et de la raison de sa haine envers son frère cadet. Il allait donc falloir à Forciticus, prouver sa véritable et unique identité à son frère. Aussi, posa un doigt sur sa tempe, toujours le coude appuyé sur l'accoudoir, il se mit à réfléchir. Cela n'allait pas être évident. D'autant que son frère avait toujours été incroyablement borné. Puis posant son regard sur Glen, il lui dit gentiment :

- Merci pour les réponses que tu m'as apporté. Elles me sont très précieuses.

Il décida ensuite de le laisser tranquille. Ainsi installé, le garçon avait l'air si fragile et si enfantin que le prince de la Terre avait du mal à réaliser qu'il pouvait tenir des propos pareil et avoir une discussion aussi importante. Le vent souffla l'unique bougie allumée, celle que Forciticus avait éclairé lorsqu'il était entré dans la chambre et que Glen semblait en proie à de terrible cauchemars, et sans qu'il ne 'en aperçoive, il finit par s'endormir à son tour, la tête pleine des pensées de son frère.

Alia ne s'était pas non plus aperçu qu'elle avait sombré dans un profond sommeil. Elle qui avait un sommeil léger habituellement, elle ne s'aperçut pas que Forciticus était sorti de la salle de bain et qu'il l'avait porté jusqu'à son lit, ni même des cauchemars de Glen et de la conversation des deux garçons. Alors qu'elle n'avait pas fait de rêve jusqu'à présent, l'un commença. Elle marchait dans un espace étrange, entièrement blanc et lumineux. On ne pouvait distinguer le sol des murs et des plafond. Y en avait-il seulement ? Elle même était recouverte d'ne robe simple, blanche et lumineuse, ses cheveux était défait et elle ne portait rien de plus, pas de diadème, pas de bijoux, pas même la bague si précieuse à son cœur que son tendre aimé lui avait offerte. Et malgré l'étrangeté de tout ce qui l'entourait, il parut à la princesse que tout ceci était incroyablement réelle. C'est alors que dans une lumière plus éclatante encore apparu une femme d'environs trente-cinq ans. Elle était grande, le visage magnifique et fin, mais dans lequel on pouvait lire une certaine fermeté et sévérité. Ses yeux était d'un bleu clair et ses cheveux d'un blond plus clair encore que ceux d'Alia, au point d'en être presque blanc. Elle était vêtu d'un haut léger blanc et d'une longue jupe taillée jusqu'à sa cuisse droite. Le haut de sa jupe, les épaulettes et ailes dans ses cheveux semblait des morceaux d'armure en or. Cette femme était si imposante qu'Alia eu du mal à la regarder. Elle volait sans ailes à environs un mètre aussi de ce qu'on pouvait appeler le sol et fixait la jeune fille avec un sérieux incomparable.

- Bonjour Alia.

Surprise d'entendre son nom de cette femme qui semblait importante mais qu'elle n'avait pourtant jamais vu, l’Élue du Bien resta silencieuse un moment. Elle observa plus attentivement celle qui se tenait devant elle en essayant de déterminer qui elle pouvait être. Elle le savait, cette femme ne lui était pas totalement inconnu, elle lui rappelait vaguement quelqu'un, mais elle ne parvenait pas à dire qui. Aussi se contenta-t-elle de répondre par une question.

- Qui êtes vous ?

- Tu me déçois Alia, tu ne reconnais pas même ce qui a fait de toi ce que tu es.

A ces mots, la princesse ouvrit de grands yeux effarés. Elle fixa avec plus d'intensité celle qui se trouvait devant elle, comprenant enfin de qui, de quoi, il s'agissait. Elle avait du mal à réaliser que c'était réel, et il y avait quelque chose qu'elle ne comprenait pas.

- J'ai toujours pensé que vous ressembliez à un homme.

- Ce que tu es sotte, ignores-tu que je peux changer de forme ? Moi qui pensais que Mythos t'apprendrait tout ce qu'il y a à savoir sur moi. Mais peu importe, je ne suis pas ici pour bavarder et je n'ai pas de temps à perdre. Soupira la femme.

Ici, une explication s'impose. La femme qui se tenait devant Alia était en réalité l'esprit du Bien. Le disant lui-même, il peut changer de forme à volonté, il apparaît ainsi de manière différente à chacune des rares personnes qui le rencontre.
Alia se trouvait donc face à l'esprit qui lui avait donné son pouvoir. On pouvait considéré qu'elle était à son service, telle une guerrière défendant les couleur de son souverain. Aussi la princesse se demanda comment elle devait prendre cette visite et ce qui pouvait bien amener l'esprit jusqu'ici. Il devait être sur le point de perdre quelque chose d'important pour venir jusqu'à la princesse pour lui parler, lui qui semblait si occupé. On aurait pu croire que l'esprit du Bien était doux, gentil, agréable, mais en réalité il avait son importance, et tout comme l'esprit du Mal, il possédait une certaine arrogance.

- Si je suis venue jusqu'ici, c'est pour t'avertir. Continua la femme. Un grand danger plane sur ta famille et dans moins de temps que tu ne penses il te faudra faire un choix crucial pour le monde.

- Comment ? Attendez, quel danger ? Quel choix ?

Ce que venait de dire l'esprit inquiétait profondément Alia. D'autant que s'il avait fait le déplacement jusqu'à elle, qu'il était venu lui parler en personne, c'était que son côté était grandement menacé et que le Mal risquait d'aller trop loin. Car bien que les esprits n'interviennent qu'en de très rares occasions, ils avaient à cœur leur peuple, et lorsqu'ils intervenaient, c'était que la situation était à la limite du génocide ou de l'apocalypse. Si la princesse de l'Air comprenait bien ce que l'Esprit était en train de lui dire, le destin du monde allait reposer sur un futur choix qu'elle allait faire. Mais l'esprit resta impassible :

- Je ne peux pas t'en dire plus. Reste sur tes gardes, prends le temps de réfléchir, et n'oublis pas que le monde va dépendre de ton choix, et ton cœur également. Adieu Alia, réfléchis bien.

- Non attendez !

Dans une lumière aveuglante, même pour l’Élue du Bien, la femme disparue. Alia se réveilla en sursaut, en s'agitant et en criant.

Forciticus s'était endormi depuis peu lorsqu'il fut réveillé en sursaut par les cris d'Alia. Décidément, c'était la nuit des cauchemars. Mais croyant tout d'abord que son amie était en danger, le jeune homme, prenant soin de déposer Glen sur le canapé, tira sa dague et se précipita vers le lit. C'est alors qu'il comprit que la princesse avait juste fait un cauchemars. Mais elle ne semblait pas vraiment réveillée et semblait en proie à la panique. Forciticus la saisit par les épaules et la secoua doucement.

- Alia ! Hé !

Son amie ouvrit enfin les yeux et se calma rapidement en se rendant compte qu'elle était dans sa chambre et que tout allait bien. Le jeune homme la regarda avec insistance et inquiétude. Même si son amie s'était calmée elle avait toujours l'air un peu agitée. Elle haletait et ses mains tremblaient, aussi le jeune homme maintint fermement les épaules de la princesse.

- Qu'est-ce qui t'es arrivée ?

Finit-il par demander. Cela l'inquiétait de voir Alia ainsi, elle qui avait toujours l'air si sûre d'elle et déterminée. Il se doutait bien que, comme tout le monde, l'Eue du Bien faisait elle aussi des cauchemars. Mais cela semblait un peu plus important car elle était entrée dans une réflexion peu assurée.

Alia n'était qu'à moitié réveillée et ce fut la voix de Forciticus qui lui fit ouvrir les yeux. Se rendant compte qu'elle était dans sa chambre, elle fut un peu confuse de sa réaction. Elle ignorait pourquoi elle avait réagit aussi violemment. Ses mains tremblaient toujours et sa respiration ne s'était pas atténuée. Elle sentie la pression de main de Forciticus sur ses épaules et tourna son regard vers lui, et, afin de le rassurer, elle lui sourit :

- Ce n'est rien, j'ai simplement fait un cauchemar.

Mais à peine eut-elle dit ça qu'elle perdit son sourire et regarda droit devant elle. Était-ce réellement un cauchemar ? Ou bien avait-elle réellement vu l'esprit du Bien ? L'avait-il réellement averti d'un danger ? La princesse y croyait. Car tout avait été réel. Et si ça avait été un simple cauchemar, elle n'aurait pas vu les choses de cette façon. Ses mains se contractèrent sur les draps de son lit et elle fixe sa couette, le regard dans le vide. Son ami insista pour savoir ce qu'elle avait et il ne la lâchait pas.

- Je te l'ai dit, un simple cauchemar. Mais souvent les cauchemars font réfléchir. Tout va bien. A part que je me suis endormie et que j'ai beaucoup de travail.

Le destin du monde ? Tout à coup la princesse se sentait vraiment frêle et fragile, tel une brindille devant porter un rocher. Elle décida de se lever, laissant Forciticus perplexe. Elle prétexta qu'elle devait se remettre au travail et qu'elle allait donc prendre une bonne douche pour se réveiller. Cela lui permis de s'enfermer tranquillement dans la salle de bain. Une fois devant son lavabo, elle soupira, tentant de réfléchir calmement. Elle se passa de l'eau fraîche sur son visage et retira sa robe pour aller sous la douche. Après s'être lavée, elle en ressortie et enfila une tenue plus confortable : une tunique courte sans manche, blanche, aux motifs elfique. Des manches partant juste au dessus de coude rejoignaient sa main en s'attachant en pointe au majeur de chaque main, et un pantalon serré, blanc au reflets d'argent. Elle ajusta une ceinture assez épaisse à sa taille, à laquelle pendait une dague royale, dont la garde était faite d'argent et de diamants d'un blanc éclatant. Elle s'assit sur une chaise d'argent aux ornements elfiques, elle aussi, et se mit à réfléchir. Que savait-elle par rapport à ce que lui avait dit l'esprit du Bien ? Darkhell voulait absolument le diamant de l'Air, le dernier qu'il lui manquait afin d'avoir la puissance absolue. Comme la diplomatie n'avait pas marché, il allait devoir employer d'autres méthodes. Mais lesquelles ? Il était évident que la paix tenait grandement à cœur au maître des Ténèbres, aussi allait-il devoir faire preuve de finesse. Il ne pouvait pas s'en prendre directement à la famille de l’Élue du Bien car les soupçons se tourneraient immédiatement ver lui. Il allait donc forcément employer le pouvoir, le pouvoir de la famille Daimon. Mais Alia avait beau se creuser la tête, elle ne parvenait pas à visualiser comment. Sans doute n'avait-elle pas l'esprit assez tordue pour cela. Il lui faudrait en parler à son maître lorsque celui-ci reviendrait de son voyage. Elle espéra seulement que ce voyage ne s'éterniserait pas. Elle prendrait des nouvelles de sa famille dès le matin, car elle n'était pas rassurée par la situation. Pour l'instant elle ne pouvait rien faire, alors elle se leva, reprit son air habituel et après avoir mit ses bottes, sortie de la salle de bain.

- Voilà, je n'ai plus qu'à me remettre au travail.

Elle s'aperçu que Glen était roulé en boule sur le canapé et que Forciticus s'était assis près de lui, comme pour le veiller et Alia regretta de ne pas avoir chuchoté, croyant que l'enfant dormait. Elle s'avança vers le fauteuil, et reprit un dossier en tentant de se concentrer dessus malgré les pensées parasites qui venaient la troubler. Elle se dit que ces documents pourraient lui en apprendre plus.

Finalement tout le monde s'était endormi. ce n'est que lorsqu'Alia se réveilla en sursaut que Glen fut réveillé, sans compter le mouvement brusque de Forciticus sur lequel il dormait. Avec délicatesse, mais pas assez pour qu'il ne puisse pas être totalement réveillé, le prince des rebelles le posa sur un canapé. Il y resta silencieux, même discret, afin de bien saisir tout ce qu'il se passait. Après une brève discussion et explication sans grand intérêt, Alia s'en alla dans la salle de bain. Pour Glen elle cachait quelque chose ; on ne pouvait que trop voir qu'il y avait dans son expression, une impression d'inquiétude, et son "cauchemar", comme elle disait, n'en était surement pas un. Après quelques minutes, la princesse revint dans la chambre et s'assit devant les dossiers, dos au canapé ou Glen était censé dormir. Silencieusement il se redressa, pour pouvoir lire au dessus de ses épaules avant de se manifester :

- Toi quelque chose te tracasse.

Le petit garçon avait perdu toute son innocence, il la fixait de ses yeux bandés, visage fermé, en tailleur, mais sur ses genoux, attendant une réponse véridique. Il différait bien en ça de Mythos. En effet, ce dernier n'aurait en effet posé aucune question, préférant chercher par lui-même les causes de son inquiétude.

Forciticus s'était rassit dans un fauteuil. Il n'était pas très convaincu, lui non plus, du fait qu'Alia avait simplement fait un cauchemar. Mais lorsque son amie sortie de la salle de bain, il n'osa pas lui poser d'avantage de questions. Il se contenta de la regarder regretter d'avoir parlé à voix haute alors que Glen semblait dormir, puis aller s'installer pour reprendre ses dossiers. Assis sur le bord du fauteuil, les coudes posés sur ses genoux et les mains posés sur ses mains croisés, Forciticus continuait de regarder son amie. Puis Glen se releva et, dans le dos d'Alia, il lui dit qu'il avait bien remarqué qu'elle n'allait pas bien. Le prince de la Terre décida de se lever et d'aller un peu à l'écart. Il avait bien compris que la princesse n'avait pas envie de lui parler de ce qu'elle avait vu. Quelque part, il pouvait comprendre, mais d'un autre côté, il aurait aimé savoir. Elle était toujours là pour lui et pour le soutenir, mais lui ne pouvait jamais rien faire pour elle. Le jeune homme se doutait que son amie agissait sans doute ainsi car elle ne voulait pas inquiéter ceux qu'elle aimait. Mais elle avait beau être forte, elle ne pouvait pas tout encaisser toute seule. Ses amis n'étaient pas des enfants, ils pouvaient assumer des choses importantes, eux aussi.

" J'espère au moins que tu diras à Glen ce qui ne va pas..." Pensa Forciticus.

Il s'adossa au mur le plus éloigné de l'endroit où se trouvaient Alia et Glen et croisa les bras, le menton baissé sur la poitrine et les yeux fermés en signe de réflexion. Il resta ainsi, tranquille et silencieux, espérant que la princesse daigne informer le jeune garçon de ce qui n'allait pas, de ce qui s'était réellement passé. Avec un peu de chance, si elle commençait à s'ouvrir à Glen, elle parviendrait également à s'ouvrir à son ami.

Alia s'était installé du mieux qu'elle avait pu avec ses dossiers. Mais elle n'eu pas le temps de se concentrer de nouveau dessus que Glen se releva derrière elle. Elle le sentit, avant même qu'il ne parle, et, malgré ses yeux bandés, elle pouvait ressentir son regard posé sur elle. C'est alors qu'il lui indiqua qu'il avait remarqué que quelque chose la perturbait. Reposa le dossier sur ses genoux, elle soupira. Impossible de cacher son mal être devant son maître où ceux qui l'entouraient de près, tel que Glen ou Alicia. La princesse se tourna lentement vers le garçon, et resta silencieuse un petit moment en le fixant. Elle n'avait guère envie d'en parler, même si, peut-être, le jeune garçon pourrait l'aider à y voir plus clair. C'est le fait que Forciticus se lève et aille se mettre un peu à l'écart qui finit par délier la langue de l’Élue du Bien.

- J'ai fait un rêve, mais je suis sûre que c'était réel.

Commença-t-elle. Elle parlait d'un ton assuré, mais tout son corps trahissait une certaine agitation. Ses sourcils étaient légèrement froncés, sa jambe droite et et ses doigts bougeaient et se crispaient nerveusement. Elle repensait à l'apparition qui lui avait fait face et à tout ce qu'elle lui avait dit, ou du moins au peu qu'elle lui avait dit. Elle repensa à l'importance de celui qui était venu lui parler, et de sa mise en garde. Son regard s'était détourné de Glen pour aller se poser au delà du sol, dans le vide.

- J'ai vu l'esprit du Bien. Je crois... que la sécurité de ma famille va dépendre de moi, très bientôt, ou plutôt d'un choix que je vais devoir faire.

Elle jeta doucement le dossier sur la petite table qui se trouvait juste à côté du canapé sur lequel elle se trouvait et se prit la tête entre les mains. Elle se passa celles-ci sur le visage, comme pour effacer ses soucis et croisa ses mains devant elle, les coudes posés sur ses genoux.

- Je crois bien également que je vais devoir choisir entre mon devoir et mon cœur, entre le monde et ma famille...

Pendant qu'Alia tentait de remettre ses idées en ordre suite à son cauchemar, son frère souhaitait bonne nuit à Dalion après lui avoir indiqué sa tente. Discrètement, le prince quitta le camp et resta un moment devant la rivière à contempler l'eau scintillante, baignée dans la lumière de la lune et des étoiles. Le silence planait sur l'eau calme. Il n'était briser que par le léger bruit du courant. De petites lucioles groupées volaient lentement au bord de l'eau. Le temps était frais, mais non glacial et le prince se sentait assez bien malgré ce qu'il avait à faire. Au bout d'une heure, il finit par se décider et sortie un petit miroir de la poche brodée accrochée à sa ceinture. Il caressa le reflet en faisant des cercles et l'image se brouilla pour laisser apparaître une chambre mal éclairée mais étonnamment luxueuse.

- Alia ? C'est Roy, je dois te parler.

Le jeune homme avait enfin prit la décision de tenir sa sœur informé des derniers événements. De plus, même si cela faisait peu de temps qu'ils s'étaient séparés, elle lui manquait beaucoup et il voulait avoir des nouvelles de la jeune fille, du mage de Lumière et de Forciticus.

- Alia je suis désolée de te déranger à une heure aussi tardive, mais je dois te parler maintenant, c'est assez urgent, et je sens que le temps nous est compté, j'ignore pourquoi.

Roy attendit de voir le visage de sa sœur s'afficher dans son petit miroir. Il ne voulait pas l'affoler, mais il devait l'informer et lui demander son aide. La situation était assez compliquée. Il se demanda si la princesse avait une opinion sur le fait de refuser ou d'accepter l'argent, mais ce n'était pas le sujet qui importait au prince à l'instant même.

Alors qu'Alia venait de se décider de raconter ce qui la tourmentait à Glen, un appel de son frère émana de son miroir. Cette voix, qui aurait du la mettre en joie à l'idée de pouvoir parler à son frère, lui glaça le sang. Elle avait l'impression que la catastrophe était déjà arrivée. Sans que Glen n'ait pu prononcer le moindre mot, la jeune fille s'avança lentement vers le miroir, inquiète de ce qu'elle allait y découvrir et de ce qu'elle allait y apprendre. Elle s'assit devant le miroir de sa coiffeuse et regarda inquiète le visage de son frère apparaître. Le voyant dans l'obscurité, elle se rappela que sa propre chambre n'était pas très éclairée, et faisant appel à son pouvoir de la lumière, d'un claquement de doigt, elle illumina la pièce. Cela éclaira également le prince à cause de la lumière que renvoyait le miroir sur son visage. Ainsi, la princesse pu voir que son frère était préoccupé mais pas assez pour que quelque chose d'extrêmement grave ne se soit passé. Mais la voix de la jeune fille trahie son inquiétude :

- Roy, mon frère, qu'y a-t-il ?

Elle avait beau voir que son frère n'était pas affolé ou extrêmement nerveux, elle ne pouvait empêcher son corps de réagir avec anxiété à ce qu'allait lui annoncer Roy. Ses mains tremblaient légèrement, et elle se mordait la lèvre inférieure.

- Dis-moi, est-ce qu'il s'est passé quelque chose de grave ? Est-ce que tout le monde va bien ?

Elle se demandait également pourquoi son frère était tout seul. Puisqu'il la contactait, il y aurait au moins du avoir Anna avec lui. Alors pourquoi la contacterait-il à une heure pareille, seul et dans un endroit mal éclairé ?

Le prince de l'Air ne put s'empêcher de remarquer la nervosité de sa sœur cadette. Il se demanda si c'était réellement son appel tardif qui la mettait dans un tel état ou si autre chose l'inquiétait. Il voyait bien qu'elle attendait impatiemment une réponse de sa part.

- Ne t'inquiètes pas, rien de très grave. Dalion a eu une altercation avec Delmar, et honnêtement je crois que notre ancien professeur n'attendait que ça... Il l'a fait arrêter et l'a conduit jusqu'à la forteresse de l'Inquisition où il a été jugé. Il ne s'en est pas trop mal sortit, si on peut dire.

La prince de l'Air marqua une pause. Il n'était pas réellement convaincu que Dalion s'en soit bien sortit étant donné la somme qu'ils devaient amasser, et le fait qu'il ne puisse plus vraiment se trouver dans la capitale du royaume de l'Air. En effet, Valmer allait sans doute passer énormément de temps à la capitale. De plus allait-il y rester avec pus d'insistance en prenant un malin plaisir à tenir éloignée du palais le jeune jaguaran. En réalité, Roy espérait pouvoir négocier une date de fin à cette punition lorsque les choses iraient un peu mieux et qu'i aurait un peu plus de temps, mais pour l'heure, son soucis était ailleurs. Il expliqua donc à sa sœur en quoi consistait la sentence de son meilleur ami :

- Dalion ne peut plus prétendre au titre de prince sur le royaume des Jaguarans dont il est banni, il ne doit plus pénétrer dans la capitale de notre royaume chaque fois que ce serpent de Valmer s'y trouve, mais ce n'est pas le pire... Il doit une somme astronomique à l'Empire. Et à vrai dire, j'espérai pouvoir compter sur ton aide financière. Comme tu le sais, ici au royaume de l'Air chaque centime est important et nous ne pouvons pas nous permettre de l'aider, et Dalion n'a rien en réalité, tout son argent provient des caisses princières de notre royaume.

Le jeune homme se sentait un peu coupable de demander de l'argent à sa sœur, mais elle était la seule à qui il pouvait s'adresser. En effet, si l'argent de la jeune fille dépendait en partie de la casse princière du royaume de l'Air, en vertu de son statut de princesse, elle avait également de l'argent en tant qu’Élue du Bien et membre du Triumvirat. Pour le premier cela était du aux dons, mais la jeune fille s'en servait toujours pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin, et pour le second c'était une sorte de salaire. Il fixa avec intensité l'image de sa sœur dans le miroir.

La jeune fille écouta les propos de son frère. Elle se détendit un peu, pour l'instant, aucun catastrophe n'était arrivée. Cependant, elle avait l'impression que le danger planant sur sa famille avait commencé. Elle se rassura en se disant que pour l'instant Dalion était libre, sain et sauf. Elle se laissa tomber contre le dossier de sa chaise en soupirant. Elle continuait de fixer son frère avec sérieux.

- Je pense en effet que Valmer n’attendait que ça. Il doit être bien satisfait maintenant. Enfin, l'heure n'est pas à la colère mais à la réflexion.

Alia passa une main sur son visage inquiet et fatigué. Elle pouvait aider son frère, mais son problème ne s'arrêtait pas ici. Ils allaient sans doute se retrouver confronté à d'autres ennuis dans les mois à venir. La princesse de l'Air ignorait comment protéger ceux qu'elle aimait. Elle contempla avec tristesse le visage de son frère. Ce dernier semblait mal à l'aise suite à sa demande.

- Ne t'en fais pas, je pense être en mesure de vous fournir l'argent nécessaire à l'amende de Dalion. Mais veille à ce qu'il ne s'attire pas d'autres ennuis. Je ne dis pas ça pour nous, mais pour lui. Je suis inquiète.

Elle ne voulait pas s'étaler d'avantage sur le sujet de son inquiétude. En réalité, elle se dit qu'elle n'avait pas besoin de le préciser, elle avait compris au regard de Roy que cela se lisait très nettement sur son visage. Elle sursauta de surprise en sentant la tête de Thor se poser sur ses genoux et se détendit en croisant le regard affectueux de l'animal. Elle caressa tendrement la tête du loup et reporta son attention sur son frère.

- Combien notre cher jaguaran doit-il à l'Empire ?

Elle évita ainsi la question que son frère allait sans doute lui poser au sujet de son inquiétude. Elle ne voulait pas l'accabler de ses pensées, il avait déjà tant à faire et tant de choses à penser.

Alia confirma les pensées de Roy. Le jeune homme sentit qu'elle se détendit un peu lorsqu'il lui expliqua ce qui s'était passé exactement, et comment Dalion s'en était sortit. Cependant, il voyait bien que quelque chose tourmentait sa jeune sœur. Était-ce le fait qu'elle se trouva loin d'eux ? Il l'ignorait, et la princesse ne semblait pas vraiment disposer à en parler. Mais lorsqu'elle indiqua qu'ils devaient rester méfiants et qu'elle était inquiète, le jeune homme sauta sur l'occasion pour lui en demander la raison :

- Alia, pourquoi es-tu inquiète ? Est-ce que tu serais au courant de quelque chose qui nous menacerait ?

Roy tentait vainement de découvrir ce qui se cachait réellement derrière l"inquiétude de sa sœur. Elle ne semblait cependant pas inquiète de l'argent qu'ils allaient devoir verser. C'était pourtant une somme importante. La prince de l'Air la regarda un instant pour essayer de comprendre pourquoi elle semblait prendre aussi bien le fait de devoir une somme étonnante à l'Empire. Il se dit qu'elle n'avait pas réagit car elle n'imaginait pas que la somme puisse être aussi importante. Aussi indiqua-t-il la somme avec crainte.

- Dalion doit... cent mille pièces d'or à l'Empire...

Roy détacha bien chaque syllabe de la somme. Il baissa même le regard un court instant. Il avait l'habitude de négocier, d'y aller parfois au culot pour obtenir certaines choses d'autres politicien, mais ici il se trouvait face à sa sœur, et c'était totalement différent.

- Je sais, c'est vraiment beaucoup...

Ajouta-t-il même, admettant ainsi qu'il en demandait énormément à la jeune fille. Mais il lui avait également fait comprendre qu'elle était leur dernier espoir. Il ne voulait cependant pas jouer là dessus, mais il la connaissait, si Alia acceptait, c'était un choix entièrement personnel.

Comme elle s'y attendait, son frère demanda ce qui l'inquiétait. Elle se maudit intérieurement d'avoir prononcé cette phrase mais n'en laissa rien paraître. Elle se contenta de répondre :

- Je m'inquiète comme tout le monde, nous en avons déjà parlé. Restez sur vos gardes et veillez bien les uns sur les autres, c'est tout ce que je vous demande. Je ne sais rien de plus que toi, si je savais quelque chose je t'en aurais fait part.

Ce n'était pas tout à fait faux. Dans son rêve, l'esprit du Bien ne lui avait pas dit ce qui se tramait, simplement que sa famille était en danger, mais cela, elle s'en doutait depuis longtemps. L'esprit n'avait fait que confirmer ses craintes, si tant est que ce qu'elle avait vu dans son rêve était réel. La jeune fille ne pouvait que dire à son frère de rester méfiant et de faire extrêmement attention. Elle n'avait aucun indice à lui apporter sur les potentiels dangers qui pouvaient les menacer.
Après ces mots, son frère se décida à lui indiquer la somme d'argent que Dalion devait à l'Empire. Alia du reconnaître que cette somme était conséquente, mais pas au dessus de ses moyens.

- Très bien, je lui ferai parvenir l'argent dès demain. J'enverrai quelqu'un de confiance. Cesse de te tourmenter, tu as bien le droit de faire appel à moi. Et puis je crois que de là où je suis , c'est bien l'un des rares aides que je peux vous fournir.

Elle esquissa un sourire pour rassurer son frère. Ce dernier finit par lui rendre. La jeune fille aurait aimé discuter plus longtemps avec son frère mais elle avait beaucoup de travail, si elle parvenait à rester éveillée, et son frère devait se reposer car il avait un travail éprouvant qui l'attendait lui aussi.

- Je crois qu'il est temps de nous dire au revoir. Fais bien attention à toi. Bonne nuit mon cher frère.

Elle lui envoya un baiser de sa main à travers le miroir en souriant. Son frère la salua à son tour et son image se dissipa pour laisser place au reflet de l’Élue du Bien. Celle-ci pris presque peur en se voyant et préféra se lever pour ne plus avoir à se regarder.

Glen comptait avoir d'avantage d'informations concernant le rêve d'Alain, mais Roy par biais de la magie, vint s'inviter dans la chambre pour venir demander de l'aide à sa soeur. Par ses propos, il était évident que la sanction infligé par l'Inquisition ne l'angoissait pas plus, si ce n'est beaucoup moins, que de savoir sa famille en danger loin d'elle. Pourtant, il fallait qu'elle comprenne qu'elle ne pouvait pas protéger tout le monde, et que parfois, il fallait laisser ses proches se battre seul et montrer de quoi ils étaient capables. Glen resta alors silencieux le temps que la conversation entre le frère et la soeur se termine, se contenant d'écouter simplement tout en se faisant quelques réflexions à lui-même.
Lorsque Roy mit fin à la conversation, Alia semblait d'avantage angoissée, si ce n'est pas même apeurée. Glen n'était pas là pour la rassurer car bien évidemment la situation, était dangereuse. Ainsi, il choisit de se manifester non pas pour la conseiller mais pour l'interroger :

- Je ne te savais pas si riche.

De son petit visage, il semblait fixer Alia. Et malgré le fait qu'on ne puisse discerner ses yeux derrière son ruban, il semblait presque que son regard la dévisage.

- Où vas tu trouver une telle somme ?

Hj : Je m'appelle toujours Alia, je ne suis pas encore partie en Amérique du Sud pour devenir Alain x)

Alia, qui était perdue dans ses pensées, sursauta presque lorsque Glen prit la parole. Visiblement, le garçon doutait des capacités de la princesse a payer cette dette. Il était vrai que la somme demandée était énorme, et que le calme de la jeune fille était surprenant, mais elle avait sa petite idée. Mais elle n'avait pas réellement envie d'en faire part.

- Je sais.

Répondit-elle simplement à la première phrase de son interlocuteur. La jeune fille porta son regard vers Forciticus qui se tenait dans l'ombre à l'autre bout de la pièce, attendant de pouvoir revenir. Le regard de son amie incitait à s'approcher. Alia se sentait fatiguée et angoissée, mais elle n'avait pas vraiment envie de parler. Et si elle fit comprendre au jeune homme qu'il pouvait revenir auprès d'eux, c'était simplement car elle ne voulait pas qu'il reste seul dans son coin. Elle avait des affaires à régler et pour cela elle avait besoin d'être seule. La princesse se leva donc de son siège, se saisit d'un papier et d'un stylo et se dirigea vers le vestibule de ses appartements qui, avec la salle de bain, constituait une des rares pièces où elle pouvait s'isoler puisqu'il y avait des portes.

- J'en fais mon affaire, fais-moi confiance. Finit-elle par répondre à l'interrogation de son jeune compagnon. Excusez-moi un instant.

Sur cette dernière phrase, elle sortie dans le vestibule et referma la porte à double battant derrière elle, après quoi elle jeta un sort d'isolation sur la petite pièce. Elle s'appuya sur le buffet pour rédiger des symboles étranges sur le papier puis elle le plia soigneusement.

- Kara.

Dit-elle sans même hausser la voix. À peine prononça-t-elle ce nom qu'une femme entièrement vêtue de noir apparu telle une ombre derrière elle. Son visage était recouvert d'un tissu aussi sombre sur ses vêtement, et un bandeau plaquait ses cheveux sur sa tête. Elle s'inclina rapidement et posa ses yeux d'un vert perçant sur la princesse. Elle resta silencieuse et immobile. Alia s'avança vers elle et lui tendit le papier.

- Tout est noté ici. Règle ça rapidement et informe-moi de la situation demain matin.

La dénommée Kara prit le papier que lui tendait la jeune fille et hocha la tête en signe d'approbation. Puis elle disparue de la même manière qu'elle était apparue. Alia resta un instant immobile puis elle leva le sort et rouvrit les portes du vestibule. Elle retourna s'asseoir dans le salon mais n'était pas d'humeur à travailler. Cependant, elle se dit que se morfondre ne lui servirait à rien, et qu'elle avait besoin d'avancer. Si elle voulait commencer à bien préparer son éventuelle défense contre Darkhell, elle devait connaître tous ses projets officiels sur le bout des doigts. Cette perspective motiva la jeune fille qui jaugea la pile de dossiers qu'elle n'avait pas encore lu. En se concentrant bien, elle devrait avoir terminé en milieu d'après-midi. Elle se saisit donc du plus gros dossier et se plongea à nouveau dedans.

Forciticus s'était tenu à l'écart durant toute la conversation qu'avait eu Alia avec Roy. Mais le frère et la sœur n'avait pas parlé avec discrétion aussi avait-il entendu ce qu'ils se disaient. Il trouva peu rassurant le fait que Dalion ait été arrêté et condamné. Même s'il n'en laissa rien paraître, la somme demandée lui paru énorme, et il fut tout autant surpris que le prince de l'Air du peu de réaction de la jeune fille. Le jeune homme voyait son angoisse de l'autre côté de la pièce. Il ignorait ce qu'elle avait vu dans son sommeil, mais elle était très troublée depuis son réveil. Elle semblait s'inquiéter pour sa famille. C'était étrange de la voir perdre ainsi son calme, depuis un certain temps déjà la princesse avait pris une certaine assurance face à tout ce qui l'entourait, et aux dangers qui la menaçaient et qui menaçaient le monde. Lorsqu'elle se retourna vers lui, elle lui fit comprendre qu'il pouvait revenir auprès de Glen et elle. Le prince de la Terre s'avança donc jusqu'à eux. Mais la jeune fille se leva et se dirigea d'un pas décidé vers le vestibule.

- Alia, où...

Forciticus n'eut pas le temps de terminer sa phrase. La jeune fille ferma les portes sans leur adresser le oindre regard. Mais le jeune homme comprit que si elle fermait les portes c'est qu'elle n'irait pas plus loin que le vestibule. Il resta immobile à fixer la porte à double battant par laquelle la princesse venait de sortir. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien fabriquer et pourquoi elle faisait tous ces mystères autour de la provenance de l'argent qu'elle allait céder à Dalion pour qu'il paie son amende envers l'Empire, au point qu'elle n'avait pas répondu à Glen. Le jeune homme espéra qu'elle ne fasse pas de bêtises.

- Je trouve étrange qu'elle ne veuille pas dire d'où provient l'argent.

Le jeune homme avait parlé sans même s'en rendre compte. Ce n'était pas dans ses habitudes de dire ce qu'il pensait à haute voix. Il décida de s'asseoir et reprit sa place sur le fauteuil. Il sentait la fatigue l'envahir lui aussi. Il commençait à trouver la nuit longue. Il sentit sa vue se voiler et sa tête vaciller lorsque son amie entra ouvrit les porte du vestibule, le faisant sursauter. Elle ne dit pas un mot de plus et s'enferma dans le silence et l'étude poussée d'un épais dossier. Forciticus la regarda un instant et comprit qu'elle n'avait pas envie de parler, alors le jeune homme porta un regard interrogateur sur Glen.

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