La décision (pv : Darkhell)

Après que son maître eu frappé la porte s'ouvrit, Alia fit un premier pas puis elle se retourna pour saluer son maître mais il était déjà parti. Elle inspira profondément et passa la porte. C'est pendant ces quelques secondes qu'elle avait choisi quelle carte elle allait jouer face au maître des Ténèbres. Une fois à l’intérieur du bureau elle chercha du regard l'Empereur, elle put donc observer le bureau impérialiste, imposant et écrasant de Darkhell. Cet endroit lui donnait froid dans le dos, mais la jeune fille restait impassible et fière. Lorsqu'elle eu localisé l'Empereur elle s'inclina respectueusement :

- Votre Excellence pardonnez-moi, mais je viens vous parler d'une chose importante.

La jeune fille se redressa. Elle se tenait droite et élégante dans une robe qu'elle avait choisi spécialement pour l'entretien avec l'Empereur. Une robe longue aux couleurs argent et bleu. Son diadème de princesse de l'air scintillait se le sommet de ses cheveux blonds tressés en demi queue. Ses yeux bleus cristallins allaient et venaient à travers le bureau qui malgré son apparence imposante et froide était tout de même un chef d'oeuvre d'architecture. Malgré tout, Alia le trouvait magnifique.

Le bureau imperial n'avait rien de maléfique, bien au contraire, il incarnait comme tout le Palais l'harmonie et le peuple de Télania, uni autour d'un seul être. Le bureau était en bois de dryade, clair et scintillant, sculpté de telle sorte que les quatre pieds formaient des créatures incarnant le pouvoir et la magie. Derrière une baie vitrée encadrée par des rideaux donnait sur un balcon, du côté de la place impériale, là où avait édifié la statue de l'Empereur. Il y avait sur l'un des murs, une cheminée, dans laquelle brulait un feu, autour duquel des canapés était disposés afin de recevoir des invités.
L'Empereur était dos à Alia, derrière son bureau, face à la baie vitrée qui était légèrement courbée, de sorte à former un arc de cercle. Lorsque son ancienne ennemie se présenta, il fit disparaître le livre qu'il tenait dans sa main pour le faire ensuite réapparaitre dans la bibliothèque de son bureau. Ce n'est qu'à ce moment qu'il se retourna et que ses deux yeux rouges perçant virent se poser sur le visage d'Alia.

Je vous attend votre altesse.

Il marcha en sa direction, et de son bras, l'invita à prendre place sur l'un des divans face à la cheminée. Alia se rendit compte qu'il était habillé comme toujours avec élégance, dans une longe robe noire, cintrée, brodé d'or et de velours pourpre, les manches serrée, décorée de boutons d'or et le dos recouvert par une cape noire au revers rouge, tenu par deux épaulettes et une chaine d'or traversant son poitrail. Une fois assis à son tour, dans un fauteuil, l'Empereur commença :

Je pense deviner pourquoi vous êtes là, surement pour me donner des réponses à quelques unes de mes propositions qui sont évidemment là pour construire d'avantage la paix que j'ai commencé à mettre en place. Mais peut-être désirerez-vous quelque chose pour vous rafraîchir avant d'entamer ces discussions.

Et pour apporter faits à ces mots, il fit apparaître sur la petite table un flacon de cristal et deux verres à pieds finement ciselés. Le pied représentait une ondine portant le ballon du verre. Il ouvrit le flacon, et versa l'eau, dans les deux verres et en offrit un à Alia, avant de reprendre.

J'ai appris que votre famille était partie en début d'après midi ; je suis terriblement confus de vous infliger cette séparation, mais rassurez-vous, la salle des portails est dorénavant ouvertes. Il vous sera tellement plus simple de communiquer avec eux.

Il but une gorgée d'eau posa le verre, fixa la cheminée oùle feu crépitait, puis reposa son regard sur Alia, dont il contemplait la robe.

Alors que la jeune fille était absorbée dans la contemplation du bureau, la voix de l'Empereur se fit entendre et elle fixa son regard sur l'homme élégant qui venait enfin de se présenter face à elle. Il l'invita cordialement à s'asseoir et après une révérence de remerciement, la jeune fille vint s'asseoir avec grâce sur le fauteuil que lui indiquait Darkhell. Elle ne put s'empêcher d'admirer la tenue irréprochable de son ancien ennemi, comme toujours. Malgré tous ces défauts, il y avait bien une qualité qu'il fallait lui reconnaître c'était son raffinement et son élégance, car le seigneur Magister était un homme qui avait beaucoup de goût, bien que parfois un peu trop... mégalomane au goût de la princesse qui avait vu l'imposante statue de l'Empereur.
L'entretien commença, comme à l'ordinaire, par la boisson. Alia prit le verre :

- Je vous remercie votre Excellence.

Elle l'accepta avec reconnaissance car elle sentait déjà la sécheresse de sa gorge. Elle but donc quelques gorgées et posa le verre sur une petite table à côté de son fauteuil. L'Empereur avait deviné la raison de sa visite, mais en même temps ce n'était pas très compliqué, il n'y avait aucune raison que la jeune fille vienne voir Darkhell pour lui demander s'il avait passé de bonnes vacances au bord de la mer. Cependant il commença par exprimer sa compassion et dit qu'il était confus de devoir lui imposer une telle séparation. La princesse le regarda et sourit :

- Oh ce n'est rien, vous savez, le devoir est très important, et puis ce n'est pas comme si nous nous quittions pour toujours. Je vous suis reconnaissante d'avoir rouvert les portails, pas pour moi, mais pour tous les télaniens qui pourront rentrer chez eux plus rapidement. Cela leur évitera un épuisement supplémentaire par le voyage.

Ce n'était qu'une conversation de courtoisie, il fallait en convenir, mais c'était ainsi dans le grand monde, beaucoup d'étiquette, de codes, de politesses, des choses auxquelles Alia n'aurait jamais pensé pouvoir se plier un jour. Pourtant, si Valencia avait été là ce jour là, elle aurait été vraiment fière de voir comment l'Elue du Bien se tenait et se comportait.
Cependant, il était temps pour la jeune fille d'entrer dans le vif du sujet. Elle reprit donc la conversation sur le sujet qui l'avait amené dans le bureau de l'Empereur :

- Votre Excellence, comme vous l'avez deviné je suis venue pour vous faire part de mes décisions concernant vos propositions. Tout d'abord concernant le Triumvirat je vous annonce que c'est avec un grand honneur que j'accepte d'en faire partie. Je n'ai pas l'âge et la sagesse que vous, et le seigneur Mythos avez, mais je pense, justement qu'un regard plus neuf peut vous apporter beaucoup.

La princesse parlait avec toute la diplomatie qu'elle pouvait employer. A force de fréquenter son frère elle avait appris à mieux exprimer ses pensées et ses idées. Elle avait commencé par le sujet le plus simple à aborder puisque la suite serait plus complexe.

Enfin, Alia avait cette capacité à vouloir entrer dans le vif du sujet, et cela plaisait à Darkhell. Sa franchise et son audace lui plaisait. Néanmoins, elle avait appris à devenir plus sage, moins directe et beaucoup plus diplomate. De fait, mais sans surprise, l'entendre donner son accord à propos de son nouveau poste, enchanta l'Empereur qui ne put retenir un sourire, qui comme toujours n'inspirait pas toujours quelque chose de bien. Pourtant, à premiers abords, il n'y avait rien à craindre à prendre la tête de Télania à ses côtés, bien au contraire, dans ce cas là, Alia était certaine d'avoir une place importante et de fait de bénéficier d'une protection contre toute perfide tentative de la part de ses anciens ennemis.

Voilà une nouvelle qui me satisfait fort bien. La sagesse et la discrétion de votre maître, mon charisme et ma logistique et enfin votre sympathie et popularité, qui se réunissent en une seule fonction. Un échec de notre part est absolument improbable.

Il tourna la tête vers son bureau, où trônait une pille de parchemin, en telle quantité que l'on ne pouvait craindre que de devoir les consulter. Il était évident qu'il s'agissait de rapports et de projets pour les différents Royaumes.

Il vous faudra prendre connaissance des ces quelques informations, principalement économiques, pour la reconstruction du Royaume. Chaque Grand Inquisiteur est chargé des réparations et dédommagements pour les Royaumes, notre priorité étant ceux de l'Air et de l'Eau. J'ai investi beaucoup d'argent dans ces derniers, vous y trouverez la somme totale, mais sachez que de fait, la couronne impériale risque d'être déficitaire. Il va nous falloir de fait trouver des moyens pour nous rembourser. Pour l'instant faire payer nos citoyens est impensable, je voudrais que tout rentre dans l'ordre avant. Le commerce reprendra lentement, et la Surface des Commerçants nous ramènera des fonds, cependant, il va nous falloir innover pour récolter cet argent. Le Royaume du Feu est très riche et j'ai pu obtenir de sa majesté Flameria quelques économies de plus. Ce que j'essaye de vous dire est donc qu'il va vous falloir nous trouver des sources d'argent si nous ne voulions pas entrer dans une difficile période économique.

Darkhell s'était entre temps levé pour aller récupérer cette pile de parchemins et le déposer sur la petite table basse devant l'Elue du Bien. Une fois de nouveau assis, l'Empereur continua :

Votre maître m'a fait savoir qu'il aimait la discrétion. C'est un excellent politicien, mais pas un homme de scène ; ce qui est fort dommage. De fait, il m'a fait savoir qu'il serait plus dans l'ombre du pouvoir, trouver des solutions, proposer des alternatives, tout en évitant la monstration. En ce qui vous concerne, je pense que votre présence saura rassurer le peuple.

Alia sourit de nouveau. Oui il formait un assez bon trio, mais il ne fallait pas se croire invincible non plus. Cela dit il était vrai que chacun comblait ce qui manquait aux deux autres.
La jeune fille écouta attentivement et avec beaucoup de sérieux toutes les explications de l'Empereur. Lorsqu'elle remarqua les parchemins et que Darkhell les lui confia en lui expliquant de quoi il s'agissait et qu'elle devrait tous les lire avec attention, la jeune fille fit la moue intérieurement. Il y en avait une quantité incroyable, elle se demandait si six mois entiers lui suffiraient pour lire tout ça. Il s'agissait en plus de chiffres et d'économie, autant dire tous les points faibles de la princesse. Mais elle n'en laissa rien paraître et se résigna à sa tâche, après tout, c'était son devoir et son choix, pas question de se plaindre, même intérieurement. Elle répondit donc à l’Empereur :

- Je lirai tout cela avec attention et réfléchirai à des solutions.

Pour ce qui était de faire rentrer un peu d'argent, Alia avait déjà quelques idées mais pour l'instant elle devait encore y réfléchir.
Après cela, le maître des Ténèbres indiqua les intentions de son maître à la princesse. Cela ne la surpris guère, c'était bien dans le caractère de son maître. Elle non plus n'aimait pas vraiment être au devant de la scène, mais avec tous ses statuts elle n'avait guère le choix. Aussi fut-elle d'accord avec Darkhell :

- Je n'en attendais pas moins de la part de mon maître. Mais vous avez raison, vous et moi devrons nous montrer. Ma présence rassurera peut-être le peuple mais ce qui devrait surtout lui permettre de s'unir et d'avancer main dans la main c'est de nous voir ensemble, vous et moi.

En effet, étant chef des deux anciens "partis", le fait qu'ils se montrent ensemble et qu'ils travaillent ensemble ne pouvait que pousser les peuples à mettre de côté leurs anciennes querelles. Du moins Alia l'espérait-elle, même si elle savait que la paix entre les deux camps n'était qu'une façade.

L'Empereur était en train de la fixer des yeux. Il tentait de voir ce à quoi elle pensait en ce moment même, chercher une trace de peur, d'admiration, d'indifférence, juste un sentiment afin de savoir quel effet, et donc quel effet il produisait à son ennemi, afin de savoir s'il avait toujours une position de force sur ceux qui représentaient le Bien. Cependant, ce n'était pas évident car la jeune fille faisait en sorte de détourner le regard. La seule chose qu'il put décerner ce fut cette volonté de paix, qui résultait évidemment de son discours.

Ah la paix... Voilà un bel idéal que vous tentez de viser. Votre utopie est belle mais vous l'empêchez de s'accomplir pleinement.

Un temps de pause vint marquer un silence dans sa déclaration, afin d'y discerner une réaction chez son homologue, mais en vain. Alors, Darkhell reprit :

J'ai récupéré mon bien, le trône Imperial a toujours appartenu aux Magister et j'en suis l'unique héritier. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi vous vous êtes lancé contre moi pendant cette année. Je pense que vous connaissez suffisamment mon histoire pour que je puisse vous en éviter les détails. Voilà 16 ans, que je réclame mon dû et votre famille, comme tous les autres souverains, ont succombé aux discours venimeux de cet Imperator, qui ne voulait redonner à Télania son souverain. Je vous estime énormément Alia Daimon, alors ne soyez pas comme vos semblables et ne me jugez pas un innocent qu'on a transformé en monstre pour qu'un horrible personnage puisse conserver sa place d'Imperator et de dirigeant de Télania.

Les propos du mage noir ne revêtaient d'aucune tonalité, qu'elle soit méprisante ou emphatique, afin de laisser Alia se faire son avis. Mais ce qui était le plus impressionnant ce fut son impassibilité, son immobilité et le silence qui l'entourait.

Vous avez la chance d'être apprécié de tous. Vos amis vous m'ont présenté comme un usurpateur, mais je m'en défend, j'ai simplement cherché à rétablir l'ordre des choses. Mais soyez rassuré, je n'en veux aucunement à vos amis qui se sont laissés influencer par les propos de ce vieil Imperator à la recherche d'un éternel pouvoir politique. Je ne crois pas que cette guerre fut celle du Bien contre le Mal, mais plutôt celle d'un partis loyaliste, me soutenant, contre celui pro Imperator. N'êtes vous pas de mon avis ?

Alia sentait que l'Empereur cherchait en vain son regard. Elle suivait à la lettre les conseils laissés par son maître avant cet entretien. Elle le remerciait pleinement au fond d'elle même de l'avoir prévenu. Et rangement elle sentait que Darkhell ne croyait guère en la paix. Étrange pour un homme qui parlait en son nom depuis le commencement de son nouveau règne en tant qu'Empereur de Télania. Pourtant cela ne surpris as la jeune fille qui continuait à rester impassible. Elle ne laissait rien deviner à l'homme puissant qui entama son histoire sur ses droits, sur la guerre et sur tout ce qui entourait le sujet. Mais Alia ne dit rien, jusqu'à ce que son interlocuteur lui demanda son avis. La jeune fille tourna son regard vers la fenêtre et eu un petit rire. Puis, après sa première phrase, elle tourna son visage de nouveau vers l'Empereur tout en évitant le plus possible son regard.

- Si je suis de votre avis ? Je crois bien que je ne suis de l'avis de personne. Je ne cherche pas à savoir qui a tort et qui raison, qui a commencé la guerre, qui l'a poussé à continuer. Je sais simplement qu'un jour je suis arrivée ici, sur cette planète qui m'était inconnu, et qu'alors que j'étais une fille parfaitement banale et ordinaire j'étais devenue l'une des personnes les plus importantes de ce monde et qu'il fallait que je tue un être aussi important que moi, mais qui était maléfique. Mon destin était tout tracé, je n'avais même pas à réfléchir, juste à faire ce que l'on avait décidé pour moi. Et puis je suis morte et lorsque je suis revenue, j'ai décidé qu'il en serait autrement, que ça n'avait aucune importance pour moi qui était coupable et qui ne l'était pas, je voulais la paix et tout faire pour y parvenir. Ainsi, pardonnez-moi votre Excellence, mais je ne suis pas d'accord avec vous, je ne le suis avec personne, je veille à ne pas mettre la faute sur l'un ou sur l'autre. C'est seulement en restant objective que je pourrai faire de cette paix une réalité. Lors du mon dernier combat, je ne me battais plus pour vous vaincre, mais pour défendre ceux que j'aimais.

La jeune fille marqua une pause et sourit. Elle était maintenant parfaitement détendu. Cependant, il y avait une phrase qu'avait mentionné Darkhell qu'elle ne saisissait pas très bien, bien qu'elle se douta quelque part de quoi il voulait parler, mais elle posa tout de même la question :

- Vous dites que j'empêche la paix, peut-être avez-vous raison, mais en quoi je vous prie ?

Il était certain qu'Alia n'était plus la petite fille naïve qu'elle fut autrefois. Elle rêvait toujours d'une utopie, mais il était difficile de lui imposer, et ce par même par malice, des points de vue. Evidemment, Darkhell ne comptait pas à la faire se rallier à lui aussi rapidement. Néanmoins il savait que si le peuple était avec lui, alors elle et ses amis, n'auraient pas d'autres choix que de se plier à lui et à reconnaitre son ultime victoire.

Vous devriez plus vous interesser à notre Histoire votre altesse, vous verrez qu'il y a aujourd'hui de nombreuses erreurs de jugement parmi les mortels.

Il se leva et marcha vers la grande fenêtre, pour observer l'immensité du paysage que lui offrait cette vue unique, mais certes pas la plus exquise. Puis Alia lui demanda une précision à propos de ce qu'il avait dit tantôt, à savoir qu'elle représentait un obstacle à la paix. Cependant, l'Empereur voulait revenir sur l'un des mot qu'elle avait utilisé : celui de la mort, qui l'avait profondément déplu.

Avant de vous répondre, laissez moi revenir sur ce que vous appelez "mort". Je ne crois pas que vous puissiez savoir ce qu'est la mort. Je ne nie pas que vous l'avez vu, mais vous ne l'avez pas vécu. Un Elu est immortel et ne peut-être tué que si son pouvoir lui a été retiré, cela n'étant possible que par l'intervention de l'Elu antagoniste. Lorsque je vous ai vaincu, dans ma citadelle, je n'avais pas le pouvoir de l'Elu du Ténèbres, c'était Welvir, paix à son âme,

Cette dernière phrase hypocrite, avait été prononcé avec un mauvais sourire mesquin qu'Alia ne put apercevoir car l'Empereur lui tournait le dos. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il se retourna vers elle, le visage inexpressif.

Seul lui pouvez vous tuer ; alors ce qu'il s'est passé c'est que j'ai détruit votre enveloppe corporelle et votre âme, protégée par le pouvoir de l'Esprit de Lumière, s'est réfugié dans le monde des morts, le temps de pouvoir se réincarner. Evidemment, votre maître est allé vous chercher et vous a redonné votre corps. Ce n'est en rien la mort, plus une perte de son enveloppe corporelle.

Il revint s'asseoir sur son fauteuil, près de la cheminée pour cette fois-ci revenir à la question d'Alia :

Vnons-en à votre question. Si je pense que vous faites obstruction à la paix c'est seulement parce que vous refusez d'établir un rapport de confiance entre nous. Comment puis-je le savoir me direz-vous ? Tout simplement parce que je vous vois détourner votre regard du miens par exemple.

Darkhell appréciait anticiper les questions des gens. Evidemment il ne voulait pas aboutir directement sur la question du reniement des pouvoirs d'Elu, ou la réunion des Diamants, il savait qu'Alia serait encore opposée, voire frileuse, à ces sujets.

Alia écouta l'Empereur sans sembler émettre la moindre opinion. Cependant la jeune fille sourit avec douceur à la première remarque de l'Empereur.

- Je m'intéresse beaucoup à l'histoire de notre monde. Mais je tente de rester objective, comme les historiens voyez-vous.

Mais à la suite de la discussion ne fut pas aussi agréable. Apparemment, la princesse avait employé un terme qui avait assez déplu à Darkhell. Ce dernier ne manqua pas de lui faire remarquer, et ce qu'il dit surpris Alia, mais elle garda une expression neutre. Cela dit, elle savait au fond d'elle-même qu'il avait raison. Il n'avait pas pu la tuer lorsque Welvir était encore de ce monde, pourtant c'était ce qu'on lui avait dit, qu'elle était morte, qu'elle ne pourrait jamais revenir dans le monde des mortels. Peut-être simplement qu'on n'avait pas su trouver d'autres mots pour lui expliquer ce qui lui arrivait, ou peut-être que certains ne savaient pas qu’elle n'était pas réellement morte. L’Élue du Bien choisit de chasser tout cela de son esprit, elle ne devait pas s'embrouiller, tout cela n'avait aucune importance. Elle sentie la profonde hypocrisie dans l'expression "paix à son âme" qu'avait employé le seigneur des Ténèbres pour parler de Welvir.
Alia eu donc l'impression qu'il lui fallait s'excuser auprès de son interlocuteur :

- Je vous prie de m'excuser Excellence, il est vrai que j'ai employé le mauvais terme, cependant c'est bel et bien l'impression que j'ai eu, et cela m'a tout de même fait réfléchir.

C'est après cet instant, que la conversation s'enfonça encore plus. Lorsque l'Empereur daigna enfin répondre à la question d'Alia. On pouvait dire qu'il avait visé juste. Son maître ne l'avait pas préparé à ce que Darkhell lui fasse ouvertement remarquée qu'elle ne le regardait jamais dans les yeux plus de quelques secondes. Ni qu'il s'en servirait comme argument pour le fait qu'elle ne lui fasse pas confiance et que c'était un obstacle pour la paix. Elle devait trouver une réponse, et la première chose qui lui vint fut :

- Vous vous fourvoyez votre Excellence, cela n'a aucun rapport avec la confiance. Vous l'ignorez peut-être mais je suis une personne assez rêveuse, et votre bureau est d'une architecture magnifique, mon regard ne cesse d'observer avec délice chaque détail qui le compose.

Cette excuse lui vint naturellement, tellement naturellement que cela pouvait passer pour de la vérité. Cela dit, il n'était pas sûr que l'Empereur y croit, ce serait même très étonnant.

Il était évident qu'à ses yeux, Darkhell était en train de déstabiliser Alia ; et dans ce combat psychologique de titans, il fallait faire savoir faire fléchir son adversaire pour s'imposer. Ainsi, alors qu'elle tenta de se rattraper et de s'excuser auprès du seigneur de Télania. Néanmoins, tous deux avaient engagé un nouveau sujet, celui de la confiance. L'Elue du Bien joua la carte du mensonge, en prétextant être attirée par le mobilier, la décoration et chacun de ses petits détails sémantiques qui compose le bureau.
L'Empereur ne put y déceler une forme de mensonge attentif, mais selon lui, son interlocutrice connaissait suffisamment les beautés des hauts dignitaires pour en être encore subjuguée.

Si je puis me permettre, n'êtes-vous donc pas habituée à ce genre de pièces, voilà plusieurs mois maintenant que vous avez habité des palais ou autres édifices raffinés de ce genre.

Il lui sourit, amicalement et chaleureusement, pour une fois, avant de reprendre, ses yeux se posant sur les siens :

Et si maintenant vous vous concentrez sur moi votre Altesse ? Non pas que je veuille être le centre de votre intérêt, mais plutôt pour que nous puissions nous concentrer d'avantage sur nos lendemains.

C'est ainsi que, en sachant son regard fixé dans celui de la jeune femme, le maître du Mal, libéra son sinistre pouvoir manipulateur, qui lui permettait de pénétrer dans l'esprit des gens. Il savait toutefois qu'Alia, même inconsciemment tenterait de s'opposer à lui dans ce combat spirituel. La seule chose dont il était certain c'est qu'elle ne percevrait pas son incantation, seulement l'impression de revoir en elle ce qu'elle avait déjà vu.

Alia ignorait si son ancien ennemi avait cru à sa phrase ou non, mais il sembla s'y accorder, cependant sa phrase semblait ne pas trop y croire. la jeune fille, continua tout de même sur sa lancée, de toute manière, au point où elle en était...

- Eh bien, c'est vrai que j'ai l'habitude des palais, et des architectures raffinées, cependant je dois vous avouer que votre bureau est exceptionnel.

Sur cette phrase, la princesse n'avait pas menti. Cependant, le seigneur des Ténèbres avait commencé à avoir l'avantage, et il avançait ses pièces avec confiance. Alia était piégée, elle n'avait plus d'autre choix que de regarder Darkhell. Quelque part, elle pouvait être un peu rassurée, car si l'Empereur savait employer des enchantement sur l'esprit, l’Élue du Bien, quant à elle, avait également un puissant pouvoir en ce qui concernait l'esprit, à un point tel qu'elle avait réussis à briser le sortilège qui lui avait effacer ses souvenirs d'enfance. De plus, elle n'avait rien à cacher, pour le moment. Les partisans du Bien n'avaient parlé ni de plan, ni d'attaque, seulement de méfiance, ce qui, à son avis, était déjà trop. Et il ne fallait pas non plus que Darkhell découvre la passion qu'elle menait avec son fils. Non. Tout compte fait, il y avait quand même quelques éléments qu'elle n'avait pas envie que son ex-ennemi découvre. Il lui fallait maîtriser son esprit, ses souvenirs, ses craintes, ses joies. Rester neutre autant dans son esprit que dans l'expression de son visage. Mais quand même, son maître en avait de bonnes ! "Ne fixes jamais Darkhell dans les yeux", facile à dire dans un moment de diplomatie ou chacun s'accordait à faire croire à la paix ! Mais ce n'était pas le moment d'y penser. Alia inspira discrètement et vida son esprit, n'y laissant que son admiration pour le bureau, celle qu'elle avait pour l'Empereur, et la conversation du moment.

- Veuillez me pardonner. Il est vrai que ce n'est guère poli.

Sur ces mots, l’Élue du Bien plongea ses yeux cristallins dans le regard ténébreux de Darkhell. Un combat spirituel allait se mener, et Alia était bien déterminée à ne laisser voir à l'Empereur que ce qu'elle voulait. Sans doute ignorait-il cet important pouvoir qu'elle possédait.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'Empereur parut flatté du compliment que venait de lui faire la douce Alia à propos de son bureau. Il la remercia donc avec courtoisie, en inclinant légèrement la tête, respectueusement, avant d'ajouter.

Je suis ravi qu'il vous convienne, il vous sera plus agréable d'y venir travailler avec moi, notamment lorsqu'il s'agit de rencontres quotidiennes. J'ose espérer que vous saurez me supporter.

Un sourire, amical et chaleureux, peut-être le peu de bonté qu'il lui restait, vient un nouvelle fois adoucir son pâle visage. Malheureusement, le temps de la sympathie s'enterra au moment même où le maître du Mal plongea ses yeux dans ceux d'Alia. Sans crier garde, et afin de ne laisser aucune chance de riposte de la part de son adversaire spirituelle, Darkhell fit jaillir son esprit hors de son corps. Il était maintenant trop tard pour faire marcher arrière. L'esprit du seigneur noir rencontra le corps de son antagoniste et y pénétra. Alia n'avait pas eu le temps de le fermer, mais elle avait préparé son esprit. Ainsi, l'Empereur ne vit dans ses yeux que l'admiration qu'elle avait mentionnée à propos du bureau, ou celui d'une jeune femme prête à tout donner pour aider les plus démunis. Il était évident que Darkhell n'appréciait guère cette accueil. Il lui fallut donc ruser et pour cela, il comptait bien utiliser les connaissances qu'il avait à propos d'Alia. C'est ainsi qu'il força l'esprit de l'Elue du Bien à se remémorer ses premiers moments sur Télania, sa soeur mise à mal par Delmar, elle en proie au cynisme de Valmer. Il n'hésita pas non plus à lui rappeler les moments où lui, Empereur des Ténèbres, l'avait provoqué en duel, capturé, puis envoyé au Pays des Morts.

Alia sourit sur la dernière phrase de l'Emepreur et lui répondit :

- Oh cela ne devrait pas être difficile votre Excellence, j'en suis convaincue.

Mais ce furent les derniers mots courtois qu'ils s'échangèrent. La guerre silencieuse continuait, et c'est donc un combat silencieux que commencèrent à mener les deux maîtres du pouvoir de l'esprit. La jeune fille avait une si grande sensibilité de ce côté là qu'elle perçut l'attaque de Darkhell. Elle n'eut pas le temps de fermer son esprit avant qu'il n'arrive, mais simplement à ne lui laisser voir que ce qu'elle souhaitait. Cependant, le maître des Ténèbres n'avait pas l'intention d'en rester là, et Alia le sentit très bien. Elle sentit ses souvenirs remonter lentement mais sûrement, elle employa sa maîtrise et les fit redescendre calmement. C'était de mauvais souvenirs, mais à présent la jeune fille savait aussi bien contrôler son esprit que ses sentiments, et elle repoussa d'un souffle les émotions négatives qui auraient pu l’envahir six mois auparavant dans cette situation. Cependant la jeune fille ne voulait pas contre-attaquer, elle restait sur la défensive et tenta la diplomatie pour chasser son adversaire, elle s'adressa donc à lui à travers son esprit :

"Je sais que vous êtes là. Ce n'est pas très courtois d'entrer ainsi chez les gens sans leur demander leur accord au préalable votre Excellence."

Cette voix était tendre et gentille, elle n'avait rien d'agressif, peut-être un fond d'humour, et si l'esprit pouvait sourire alors Darkhell l'aurait vu lui sourire. Alia n'avait pas peur mais elle ne s'amusait pas non plus. Elle restait neutre, calme et impassible, mais elle gardait toujours sa gentillesse et sa générosité dans ses mots et son esprit.

De surprise en surprise, Darkhell ne cessait de découvrir de nouveaux talents en Alia. Celle-ci avait réussit en plus de chasser toutes mauvaises pensées, à repousser ses attaques. De plus, elle put même détecter sa présence dans son esprit. Finalement, l'Empereur ne pouvait plus reculer et prétexter son entière sincérité. Pourtant, alors qu'Alia l'avait piégé avec humour il sut esquiver une petite pirouette de rattrapage, en s'adressant à elle depuis son corps :

Vous connaissez les Vampires, on les invite une première fois, et ensuite ils rentrent chez vous sans même vous le demander. Néanmoins cette petite excursion m'aura permis de me rendre compte non seulement de vos progrès en spiritualisme, mais aussi du fait que vous n'êtes pas prête à renoncer à votre pouvoir. Je ne vous pensez pas aussi belliqueuse

L'Empereur ne quitta pas l'esprit de son adversaire, préférant y rester pour la forcer à se concentrer sur ses sentiments qu'elle ne pouvait libérer dans son propre esprit. En entamant le sujet du pouvoir d'Elu, Darkhell se devait de jouer la carte du bluffe, il lui fallait donc faire preuve de persuasion pour convaincre Alia qu'il savait déjà tout de ses intentions. Ce n'était pas une mince affaire, mais il avait ses idées :

Je sais que votre maître vous a dit ce qu'il était bon de faire. Je ne comprends pourtant pas en quoi cela représente un danger. Bien au contraire, le pouvoir des Elus en est un. Et vous savez très bien que tous deux coexistent. Il suffit que j'abandonne le mien pour que vous perdiez le votre. Alors soyons d'accord pour que cela se fasse selon votre plein gré et non de force.

La princesse pouvait sentir toute la malice de l'Empereur qui tentait de la déstabiliser, mais il jouait la mauvaise carte, pour elle, cela restait évident qu'elle n'abandonnerait pas ses pouvoirs, cependant elle n’appréciait guère la présence du maître des Ténèbres dans son esprit. Elle passa outre le compliment de Darkhell.

" Votre Excellence, je doute fort que le fait de ne pas renoncer à mes pouvoirs soit une cause de guerre, puisque je ne les utiliserais en aucune façon en temps de paix."

Le seigneur noir continua son discours. Alia ne savait pas s'il faisait exprès ou bien s'il choisissait les mauvais mots, cependant elle devait se défendre et employer tous les faux pas que faisaient Darkhell contre lui-même.

" Vous me dites belliqueuse, mais c'est vous qui parlez de me faire retirer mes pouvoirs par la force. Cela non plus n'est pas très courtois et très pacifiste."

La jeune fille avait perdu son ton d'humour, mais sa voix restait douce et agréable. Elle continuait à repousser avec une grande concentration son assaillant. Sa concentration était très forte dans son esprit, d'où le fat qu'elle se concentra à parler uniquement à Darkhell à travers son esprit, et elle ne lui permit pas de voir grand chose dans son esprit. Elle commença à s'employer à le pousser hors de son esprit.

" Je vous prierai de sortir immédiatement. "

Darkhell avait atteint le point de non retour ; désormais la diplomatie et la courtoisie n'existaient plus dans la conversation. Il le regrettait mais n'en avait aucun état d'âme, il en était pour ainsi dire, indifférent. Néanmoins, il savait qu'il lui fallait cesser son mauvais manège, alors il posa sa vieille main squelettique, sur le bras d'Alia. A sa grande surprise, elle n'était pas aussi froide qu'elle pouvait l'imaginer. Avant qu'elle ne puisse le repousser, le seigneur de Télania libéra une vague de magie dans son corps et dans son esprit. Désormais, tous deux n'appartenait plus à la réalité ; la salle fut remplacée par une vaste étendue d'herbes vertes, de fleurs, autour d'une rivière ; au loin, on distinguait le Palais de Cristal enveloppé par de sombre nuage, hormis en un seul point. Darkhell marchait le long de la rivière, en s'approchant d'Alia, les mains dans le dos, sa cape trainant au sol.

Veuillez me pardonner pour cette intrusion. Pour me faire pardonner, je vous ai proposé de venir dans mon esprit. J'ose espérer que vous n'y voyez aucun inconvénient.

Comme Alia observait au loin le Palais de Cristal et ses environs plongés dans cette nappe de Ténèbres, à l'exception d'un petit point, où semblait se concentrer l'obscurité.

Ah, ce que vous voyez là bas c'est le Palais de Cristal quelques jours après ma mort. Triste spectacle. Vous ne le saviez peut-être pas mais les temps après mon décès furent bien malheureux pour Télania, encore plus pour le Palais de Cristal.

L'eau du fleuve était visiblement polluée par cette magie noire qui tournoyait là bas, et Darkhell la regarda avec dédain et déception.

Je ne demande rien de mal, et être désagréable avec vous m'insupporte. Je déteste votre père, et la plupart de vos proches, néanmoins, vous me rappelez quelqu'un et je vous apprécie pour cela. Croyez en ma sincérité, je ne vous veux aucun mal, je désire simplement régner dans la tranquillité, et ne pas être hanté par notre pouvoir qui pourrait nous causer de grands torts. Il nous donne l'immortalité, vous le savez bien. Supporterez-vous de voir vos proches vieillir et vous rester la même pendant qu'eux mourront ? Abandonnons ce pouvoir et traitons enfin à égalité.

Darkhell n'avait pas une seul fois daigné poser un seul de ses yeux sur Alia, il était resté tourné vers le Palais de Cristal, sans se montrer malveillant ou mesquin. Toutefois afin d'éviter qu'Alia tente de parcourir un autre de ses souvenirs, il ramena les deux esprits au présent, dans leur corps respectif, à l'époque présent.

Alors qu'Alia pensait qu'elle allait encore devoir repousser l'Empereur, celui-ci se retira de lui-même de son esprit et en quelques instants elle passa de son esprit à la réalité et de la réalité à l'esprit de Darkhell. Elle trouva étrange le souvenir qu'il lui présentait et ce lieu pourtant familier lui faisait, ici, froid dans le dos. La jeune fille ne comprenait pas comment cela pouvait se trouver dans l'esprit du aître des Ténèbres, s'il était mort, comment pouvait-il s'en souvenir ? Cependant elle garda sa question pour elle. Ce paysage était vraiment désolant et oppressant, cela manquait beaucoup de lumière et de pureté aux yeux de la princesse. Elle fut surprise que son interlocuteur lui apprenne qu'elle ressemblait à quelqu'un, et s'il ne la détestait pas, c'est qu'elle lui rappelait quelqu'un qu'il appréciait.

- Je vous rappelle quelqu'un ? Ah oui ? Qui donc ?

Cependant l'Empereur continuait de lui parler de l'abandon de ses pouvoirs. Il n'en démordait pas décidément. La jeune fille ne savait pas trop comment expliquer à Darkhell qu'il pouvait dire tout ce qu'il voulait, employer toutes les formes de demandes qu'il connaîtrait, elle ne changerait pas d'avis, mais que ce n'était pas pour cela qu'elle les utiliserait pour la guerre.

- Il est vrai que c'est un lourd fardeau à porter que ce pouvoir que nous avons. Mais c'est notre destin, notre devoir, nous ne pouvons pas nous y dérober. Et je pense que si ce pouvoir peut causer de grands désastres, il peut également apporter beaucoup d'aide, et je crois que c'est ce que les royaumes ont besoin aujourd'hui, d'une grande aide, rapide et puissante et nous pouvons leur apporter, à condition de nous unir.

Elle était finalement parvenu à formuler une réponse qui lui convenait et qui résumait assez bien ce qu'elle pensait. Elle fixait le seigneur des Ténèbres de ses grands yeux clairs avec tout le sérieux du monde.

Darkhelle avait bien évidemment entendu la question d'Alia à propos de cette personne, mais il ne souhaitait en parler. C'est pour cela qu'il n'y répondit, préférant tout simplement ignorer la demande. Ce qui l'intéressait vraiment c'était de convaincre Alia à renoncer à ses pouvoirs mais visiblement c'était peine perdue et ce malgré la menace de les lui retirer de force en renonçant lui-même à ses propres pouvoirs d'Elus du Mal. Malheureusement, il ne pouvait le faire. C'est pourquoi, il proposa à la jeune femme en sortant de sa poche en étrange coquillage hélicoïdal :

Visiblement vous êtes bien têtue. Acceptez au moins ceci.

Et sans lui laisser le temps de répondre, il glissa l'étrange objet dans l'une des poches de la belle robe d'Alia.

Si jamais l'immortalité et les mauvais effets de votre pouvoir vous lasse, il vous suffira de toucher ce sublime coquillage en disant "je t'offre mes pouvoirs", pour vous en séparer. Mon pouvoir subira le même sort et sera enfermé dans son double que je porte.

Il sortit de sa manche un coquillage semblable au premier.

Nous pourrons ensuite nous retrouver pour nous en séparer définitivement. Rassurez-vous, même après avoir concédé votre magie à ce petit objet, vous pourrez le récupérer.

Alia remarqua que l’Empereur ne répondait pas à sa question, mais elle n'insista pas. Elle pouvait comprendre que ce soir quelque chose dont il ne voulait pas parler. Cependant s'il disait qu'elle était têtue, elle pouvait constater qu'il l'était tout autant qu'elle lorsqu'il lui proposa le coquillage qu'il la força à prendre. Sans doute son maître lui dirait de ne pas utiliser cet objet, jamais. Mais ce serait sans doute inutile puisqu'elle ne s'en servirait sans doute jamais.

- Je vois. C'est un objet bien étrange.

Elle ne le ressorti pas de sa poche, un peu comme si elle ne portait pas d'intérêt au coquillage que venait de lui remettre Darkhell. Elle jugea qu'il était temps de sortir de l'esprit du seigneur des Ténèbres et de mettre fin à leur entretien. Du moins elle espérait qu'elle pourrait enfin s'en aller, bien qu'elle n'en montra absolument rien.

- Je pense vous avoir informé sur tout ce que je devais. Il est temps pour moi de vous quitter je crois, votre Excellence.

L'Empereur se leva, il savait que cette bataille venait d'être perdue, mais il avait gagné la guerre, et ça il en était sorti suffisamment puissant pour pouvoir imposer, par la voix du peuple, ses ambitions à ses anciens ennemis.

Bien entendu ; hâtez-vous donc princesse Alia, votre maître doit vous attendre à l'heure qu'il est.

Il l'accompagna à grandes enjambées mais cordialement, sans précipitation, jusqu'à la porte du bureau, l'ouvrit, et avec un radieux sourire, salua sa chère ennemie, qu'il, finalement, appréciait d'un certain point de vue.

Je vous laisse une semaine pour réfléchir à tous ces dossiers et projets que je vous ai donné, votre avis nous sera extrêmement important.

Et après lui avoir rendu son salut, Darkhell au pas de la porte, regarda Alia partir, les sourcils froncés, frustrés ne de pas avoir eu ce qu'il cherchait. La partie d'échec était loin de se terminer, c'est pourquoi l'Empereur se devait de réunir ses fidèles, et l'Inquisition, dans sa forteresse, le plus rapidement possible. Là, il avait convoqué le chef de ses espions et il espérait avoir d'intéressantes nouvelles.

Sur les paroles de Darkhell, Alia poussa un cri de joie intérieur. Elle allait enfin pouvoir partir. Cet entretien avait été fatiguant. La jeune fille récupéra la pile de documents qu'elle fit voler à côté d'elle par un claquement de doigts. Une princesse ne marchait pas les bras encombrés de parchemins, comme aurait dit Valencia. Après quoi, elle suivit l’Empereur jusqu'à la porte et s'inclina.

- Vous pouvez être tranquille votre Excellence, ce sera fait, et dans les temps.

Après quoi, l'Elue du Bien sorti du bureau. Elle marchait droite mais sentait le regard pesant du seigneur des Ténèbres sur elle. Elle sentait qu'il n'était pas content de cet échec qu'il devait essuyer, et la suite risquait d'être mouvementé. Enfin, pour l'instant, la jeune fille devait rejoindre son maître et lui faire part de ce qui s'était passé. Elle n'aimait guère se sentir observé mais elle savait que désormais, plus que jamais, elle était la proie d'une surveillance intensive, autant du côté des partisans du Mal que de ceux du Bien.

FIN DU TOPIC

» Qui es-tu ? (pv : Darkhell)
» Assaut de Darkhell
» Grandil et Darkhell
» Darkhell vs Grandil
» Darkhell au chevet de son fils